En Israël, Phinergy imagine des voitures qui feraient le plein... d'eau
Imaginez faire le plein de votre voiture non pas avec de l'essence mais... avec de l'eau ! Cette idée fantaisiste pourrait un jour devenir réalité grâce à la jeune société israélienne Phinergy. Basée dans la ville de Lod, à mi-chemin entre Tel-Aviv et Jérusalem, cette start-up travaille à la mise au point d'une technologie peut-être à même de changer la donne dans le secteur des véhicules propres.
L'entreprise espère avoir trouvé la martingale grâce à la conception d'une batterie "métal-air".
Le concept : faire cohabiter la traditionnelle batterie au lithium – celle dont sont dotés la plupart des véhicules électriques – avec une batterie composée de plaques d'aluminium. La première doit servir pour les trajets courts du quotidien. La seconde pour les distances plus longues. Pour la faire fonctionner, il suffit juste de charger le système en eau.
"Nous ne disons pas que nous allons changer le monde, mais on propose une technologie complémentaire pour améliorer ce qui existe déjà", explique sobrement le patron, Aviv Tzidon. L'enjeu : pallier la faiblesse numéro un des voitures propres, à savoir leur manque d'autonomie. Les modèles aujourd'hui sur le marché permettent rarement de rouler plus de 200 kilomètres d'une traite.
Au-delà, il faut procéder à une longue recharge de la batterie. Or, estime M. Tzidon, tant que le conducteur aura peur de tomber en panne en rase campagne à chaque fois qu'il décide de partir en week-end, l'usage de ces automobiles restera limité. "Le véhicule électrique se trouve aujourd'hui à une étape critique de son développement", décrit-il.
Ce "serial entrepreneur" au look décontracté a déjà créé une dizaine de sociétés, dont trois ont été cotées sur le Nasdaq, la Bourse américaine des valeurs technologiques. En 2008, il a fondé Phinergy pour donner sa chance à une innovation développée par des chercheurs de l'université Bar Ilan, près de Tel-Aviv.
PLUS GRANDE AUTONOMIE
Au début, l'idée semblait presque trop belle pour être vraie. Mais, aujourd'hui, il croit dur comme fer au potentiel de son "bébé". "Nous avons créé une start-up en imaginant que ça pourrait ne pas marcher, se souvient-il. Finalement, nous sommes parvenus à résoudre chaque difficulté rencontrée."
De fait, la technologie métal-air n'est pas nouvelle. Mais elle avait rencontré jusqu'ici des obstacles rédhibitoires à sa commercialisation, principalement en termes de durée de vie. Les ingénieurs de Phinergy sont parvenus à les corriger en mettant au point un nouveau type d'électrode à air.
Résultat, le système qui fait entrer en contact l'aluminium avec de l'oxygène et de l'eau permet de dégager trois fois plus d'énergie qu'une batterie au lithium. Avec 50 plaques d'aluminium pour un poids total de 25 kilos, l'entreprise a démontré qu'elle pouvait offrir un millier de kilomètres d'autonomie.
Détail singulier : ici, la direction et les équipes ne viennent pas du monde automobile. Leur "terreau" est davantage celui de la high-tech et de l'informatique.
Sur la trentaine de salariés, 23 oeuvrent à la recherche et au développement. Equipés de lunettes de protection, ils vont et viennent dans les allées du laboratoire où, dans un bourdonnement métallique, s'élabore et se perfectionne la précieuse électrode.
La simplicité des locaux rappelle que la société en est encore à ses balbutiements. Mais la jeune pousse israélienne est en train de passer de l'ombre à la lumière. Ainsi, elle figurait parmi les sept entreprises porte-étendard de la "nation start-up" présentées au président américain, Barack Obama, lors de sa visite en Israël en mars 2013.
Un grand constructeur automobile européen testerait cette technologie. En août, le quotidien israélien Haaretz évoquait
Renault, mais ni Phinergy ni le groupe français ne confirment.
Aujourd'hui, résume Emmanuel Levy, responsable du développement commercial, "le vrai défi est de passer de l'innovation scientifique à la production d'un système à l'échelle industrielle".
www.lemonde.fr/economie/article/2013/09/19/en-isra..au_3480381_3234.html
Ca serait bon ca!