Perquisition chez Carlos Ghosn
Le juge d’instruction de l’affaire des faux espions a fait perquisitionner le bureau du PDG de Renault.
C’était la panique chez les assistantes de direction, mercredi matin. Carlos Ghosn, le grand patron de Renault, n’était pas là quand le juge d’instruction Hervé Robert et des enquêteurs de la PJ et de la Direction centrale du renseignement intérieur (DCRI) se sont présentés pour fouiller son bureau. Comme Francesoir.fr le révélait, hier matin, une série de perquisitions a eu lieu dans le cadre de la fausse affaire d’espionnage, au siège social de la marque au losange, à Boulogne-Billancourt (Hauts-de-Seine). Hervé Robert s’était déjà rendu début juillet dans des locaux du constructeur au Plessis-Robinson (Hauts-de-Seine) pour y consulter des documents.
Contactée, une porte-parole de Renault assure que « dans le cadre de l’instruction ouverte mi-mars portant sur la tentative d’escroquerie au renseignement dont Renault a été victime, il y a bien eu une perquisition au siège social de l’entreprise mercredi 16 novembre ». « Cela fait parti du cours normal de l’instruction. Une série de bureaux ont été perquisitionnés », reconnaît la porte-parole qui confirme que Carlos Ghosn était absent du siège social mercredi. Dans un premier temps, France-Soir avait annoncé, par erreur, que la perquisition avait eu lieu hier matin.
« Rien trouvé »
En janvier dernier, trois cadres de Renault avaient été licenciés pour avoir vendu des informations à la concurrence. Ils avaient été dénoncés par un corbeau qui, à ce jour, n’a pas été identifié.
Le numéro deux de Renault, Patrick Pélata, puis Carlos Ghosn lui-même étaient montés au créneau pour dénoncer une vaste affaire d’espionnage industriel, et déclaraient qu’ils disposaient de preuves.
L’enquête avait ensuite permis de blanchir les trois cadres, se réorientant vers la thèse d’une escroquerie mettant cette fois en cause le service de sécurité du constructeur automobile.
Un de ses membres, Dominique Gevrey, un enquêteur du service de sécurité de Renault a été écroué pendant huit mois. Il est mis en examen pour « escroquerie en bande organisée ». Cet ancien militaire, qui a été licencié début mai pour « faute grave », a assuré pour sa part avoir agi de bonne foi par l’intermédiaire d’une mystérieuse source, qu’il n’a pas voulu révéler, supposée avoir été à l’origine des informations sur les trois cadres. Lui nie toute arnaque et a toujours assuré avoir agi sur ordre de sa hiérarchie.
Contacté hier midi, son avocat, Me Jean-Paul Baduel, se félicite de la perquisition menée par le juge : « Ça démontre que l’instruction suit son cours et s’intéresse aux explications de mon client ! »
Mais d’après une source proche du dossier, si le bureau de Carlos Ghosn a bien été perquisitionné, « rien n’a été trouvé… ».
Toujours est-il que les magistrats s’interrogent en effet sur le rôle qu’a joué la direction de Renault dans toute cette rocambolesque affaire. En juillet dernier, la chambre de l’instruction de la cour d’appel de Paris avait rejeté une demande de remise en liberté de Gevrey. Entre autres, pour éviter « une concertation frauduleuse » entre personnes mises en examen et complices, « voire avec la partie civile Renault » et « de prévenir toute stratégie d’obstacle à la manifestation de la vérité, de la part de quiconque, le rôle de nombreux protagonistes dans cette procédure nécessitant encore bien des éclaircissements »…
Par Matthieu Suc
www.francesoir.fr/actualite/justice/perquisition-c..os-ghosn-158203.html