Trouvé sur Worldscoop, une retranscription de l'interview de Bernard Ollivier (patron d'Alpine) publiée dans le magazine Sport Auto de Juillet :
Citation:L'annonce de la séparation de Renault et Caterham a fait craindre le pire pour la relance de la marque, projet sur lequel les deux constructeurs s'étaient associés. Une deuxième mauvaise nouvelle, après celle du départ de Carlos Tavares ?
Bernard Ollivier directeur d'Alpine, n'y voit rien de tel. Il en profite pour faire le point sur l'avancement du projet, dont le lancement reste prévu en 2016.
Hormis les questions financières, quelles sont les conséquences opérationnelles directes du divorce avec Caterham ?
Nous avions constitué des équipes qui n'étaient pas tout à fait à 50-50. Mais nous avions choisi en fonction des meilleurs compétences, chez l'un ou l'autre. Cela a donc fait partir grossièrement une moitié de l'effectif qui venait d'Angleterre. Nous allons aussi certainement prendre des prestataires extérieurs, qui nous aiderons sur certaines technologies que le groupe Renault ne connait pas ou peu, et qui étaient maîtrisées par les gens de Caterham.
Comme le carbone, par exemple ?
Je ne répondrai pas précisément à cette question, car je ne veux pas donner le moindre indice sur ce que va être cette voiture !
Notre souhait, c'est que le jour où on la présente, ce soit l'effet whaou. on ne veut surtout pas faire du teasing petit à petit.
La première raison de la co-entreprise avec Caterham était la rentabilité financière, Renault disant ne pas pouvoir porter ce projet seul. C'est pourtant le cas aujourd'hui. Alpine va continuer ?
Si on peut être seuls aujourd'hui, c'est parce qu'il y a eu l'épisode avec Caterham. Sinon, il n'y aurait pas eu de projet. Mais depuis son lancement, en novembre 2012, il s'est passé beaucoup de choses. L'engouement, la force de la marque, sont bien plus forts que que ce que l'on avait prévu. C'est grâce à cela qu'aujourd'hui, on se sait capables de porter ce projet seuls. Cela ne sera pas aussi rentable qu'avec Caterham, mais rien ne justifie de l'arrêter. En plus de ça, notre voiture est magnifique ! Nous avons déjà reçu un certain nombre de commandes, des chèques même, alors qu'il y a rien de visible ! Pour Renault, c'était impossible d'imaginer cela. Cet engouement est plus clair en France, naturellement. Mais les enquêtes que nous avons menées à l'étranger démontrent également une grande attente sur Alpine.
Pour autant, avez-vous revu à la hausse vos objectifs de production ?
Non. on reste à 2500-3000 voitures par an. C'est un marché de niche. Selon moi, le premier critère de réussite va être le design de la voiture. Est-ce une ligne coup de coeur ? On le crois. mais tant que la voiture n'est pas dans la rue, c'est un aléa énorme. Cela peut faire varier les volumes du simple au double. Deuxième point, les Alpine vont être des voitures qui s'achètent, pas des voitures qui se vendent. C'est une grande différence face à la culture de grand généraliste du groupe Renault. On n'a pas envie de pousser . on veut garder la valeur de notre voiture.
Par rapport au marché existant, où pourrait se situer la future Alpine ?
Une Alpine, c'est un concentré de plaisir. Mais c'est aussi une voiture qui doit être utilisable au quotidien. Ce qui n'était évidemment pas le cas dans le temps. Nous sommes allés regarder nos clients. L'A110, c'était un échec commercialement, 7700 voitures en tout. Notre challenge est d'être bien meilleurs commercialement, avec une voiture qui va s'adresser à beaucoup plus de clients. Pour cela, il nous faut cibler une clientèle plus large que les simples puristes. Notre cœur de cible, ce ne sont pas les puristes, mais les passionnés. Ce n'est pas la même chose. Ensuite, vous avec d'autres clientèles, comme les "statutaires" qui suivent l'exemple donné par les "passionnés", qui donnent leur caution à la voiture. L'Alfa 4C fait parie du paysage, comme les Porsche Boxster ou Cayman. Par contre, on n'a pas prévu d'être directement concurrents. L'Alpine se situerait quelque part entre les deux.
Où en est-on aujourd'hui du développement ?
La voiture a bien avancé. Tout ce qui est structure et architecture est figé. Le design extérieur est fait à 95%. L'intérieur devrait être terminé avant fin juin. Après, il restera à réaliser le développement pièce à pièce. On ne s'est pas tourné les pouces pendant un an et demi ! Le montage et l'assemblage de la voiture seront faits dans l'usine de Dieppe.
Parmi les aléas récents de la vie d'Alpine, il y a eu le départ de Carlos Tavares de chez Renault. Le divorce est un deuxième élément de doute dans la vie du projet. Qu'est-ce qui est encore moteur chez Renault pour ce projet ?
Beaucoup de gens se sont inquiétés pour Alpine. Ils se sont trompés, car ils ont oublié qu'Aline est un projet d'entreprise. Ce n'était pas le projet d'un homme. Lors de la conférence de presse de lancement, qui à parlé ? Carlos Ghosn. Le talent de Carlos Tavares a été de construire les éléments d'un partenariat. Mais cale était une stratégie d'entreprise. On a montré la voiture au président Ghosn il y a peu de temps. Elle lui plait. Une voiture si forte, avec cette marque, cela excite beaucoup de gens chez Renault. Des soutiens en interne, on en a ! Notre défi, maintenant, c'est de réussir la voiture.
Quel est l'objectif de la présence d'Alpine au Mans ?
Cela souffle sur les braises. Alpine fait partie des très rares marques mondiales qui ont été créées par la compétition et pour la compétition. C'est très fort dans l'ADN. Quand les clients envisagent l'achat d'une Alpine, il y a ce côté accession, imaginaire évidemment, au monde de la course. C'est le cœur de la marque, cela continuera.
Pour le coup, n'est pas manquer d'ambition que de se contenter de sponsoriser l'écurie Signatech ?
Les premières Alpine au Mans, qu'est-ce que c'était ? Un châssis Lotus, un boite VW, et personne n'allait dire que ce n'était pas une Alpine ! Alpine a toujours été une marque qui a tiré le diable par la queue, alors qu'ils étaient investis dans toutes les disciplines en même temps. C'est donc un principe de pragmatisme, s'associer à des gens motivés et ultra-compétents. Signatech a couru pour Nissan et d'autres marques. Mais Philippe Sinault (le team manager de Signatec-Alpine) continue d'être surpris par l'engouement que suscite la marque. il n'a jamais vu ça, et les pilotes non plus. Nous avons aussi une politique de recrutement de pilotes jeunes, chaleureux, qui portent bien cet esprit d'une marque simple mais ambitieuse. Mais notre ambition est au niveau de nos moyens. On vient pour gagner à notre niveau.