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Salon de Détroit :
priorité à l'électrique
Philippe Doucet
09/01/2009 | Mise à jour : 11:20 |
Bouée de sauvetage pour les constructeurs en difficulté ou hochet pour les riches, la voiture électrique peine à exister. Pendant que le prix de l'essence continue de diminuer.
L'édition 2009 du Salon de Detroit (17-25 janvier) se placera sous le signe de l'étincelle. Outre son ambiance, qui sera probablement électrique car les constructeurs américains jouent en ce moment leur survie, cette manifestation, ouverte dès dimanche aux professionnels, proposera nombre de véhicules dont les réservoirs seront remplacés par des batteries. Mais, à bien y regarder, les habits de la fée électricité sont très différents. Honda mettra une dernière fois sous les sunlights de Detroit son Insight avant de l'envoyer en concession. Ce véhicule se positionne en concurrente plus accessible de la Prius. La Toyota était en situation de quasi-monopole depuis dix ans sur la motorisation hybride.
Mais la plus forte actualité viendra peut-être de Chrysler, le constructeur américain le plus fragile. Il semble s'accrocher à l'électricité comme à une bouée de sauvetage. Le plus petit des Big Three annonce qu'il présentera pas moins de cinq modèles électriques, dont un concept car, reposant sur trois plates-formes différentes combinant la traction, la propulsion et, à terme, la transmission intégrale.
Hybrides ou pas ?
Ces différentes versions, à l'exception de l'une d'elles, le Dodge EV, fonctionnant uniquement sur batteries, seront animées par un moteur électrique dont la réserve d'énergie sera normalement assurée par une connexion sur le réseau domestique (système plug in). Si nécessaire, les accumulateurs pourront être rechargés par un moteur thermique embarqué faisant office de groupe électrogène. Cette technologie est promue depuis deux ans par GM, qui a présenté son prototype Volt à Detroit en 2007.
Le coût, le poids et les capacités de recharge des batteries orientent les constructeurs pressés d'offrir une solution électrique vers le moteur à essence d'appoint. Au passage, elle a fait naître une controverse d'école. Ces véhicules sont-ils à classer dans la catégorie des hybrides ou non ? Si on considère qu'il n'y a qu'un seul mode de propulsion (l'électricité), la réponse est non. Mais si on estime que ces voitures embarquent deux types différents d'énergie, alors c'est oui.
C'est cette deuxième option que retient le constructeur californien Fisker qui présentera à Detroit sa quatre-portes Karma comme une plug in hybrid. Cette magnifique voiture dessinée par le Danois Henri Fisker, ancien designer d'Aston Martin et de BMW, possède des performances surprenantes : sa puissance de 408 ch (300 kW) lui permet d'assurer un 0 à 100 km/h en moins de six secondes mais, tant pis pour nos amis allemands qui peuvent encore rouler librement sur leurs autobahn, sa vitesse est limitée à 200 km/h pour ne pas fatiguer les moteurs électriques. Elle n'est pas bon marché : son prix de base est de 89 700 dollars.
Même chiffre pour la Tesla, mais en euros. Son châssis aluminium reprend celui de la très étroite Lotus Elise. À la différence de la Karma, c'est un pur véhicule électrique, disposant d'une autonomie déclarée de 350 km. Ses performances sont également étonnantes. Moins puissante que la Fisker (248 ch, soit 185 kW), sa légèreté la rend encore plus nerveuse : elle abat les 100 km/h en moins de 4 secondes, mais sa vitesse reste toujours limitée à 200 km/h. Nos confrères britanniques de Top Gear l'ont cruellement tournée en dérision dans un petit film d'essai qui s'est terminé par une panne de courant, concluant que « pour être sûr de pouvoir rouler en Tesla, il faut en posséder deux ».
Ces beaux joujoux sont tous deux d'origine californienne. Ils sont clairement destinés aux fortunés bobos-écolos qui veulent donner l'impression de respecter la planète, même quand ils montent dans leur voiture de sport. Rien à voir avec les autos sur lesquelles comptent GM et Chrysler, même si elles possèdent aussi une indéniable dimension marketing.
« Malus électrique »
Ces dernières, comme la Karma, ont encore recours au bon vieux moteur à explosion pour conserver une autonomie décente : les conducteurs de voiture électrique avouent toujours redouter, en 2009, la panne d'énergie qui les empêchera de revenir à la maison. Et si les batteries étaient réellement capables d'acquitter leur mission, il se poserait alors une autre question : comment approvisionner un parc de véhicules électriques à l'échelle d'une nation ? Par la construction de nouvelles tranches nucléaires ? Les mêmes qui se croient vertueux en optant pour l'auto électrique sont souvent de farouches antinucléaire. Vont-ils manger leurs chapeaux au nom des nouvelles règles qu'ils veulent imposer à la voiture ? Ou alors, amusante situation à imaginer, faudra-t-il créer un « malus électrique » pour financer la construction et la dépollution des nouvelles centrales atomiques ?
Pendant ce temps-là, le prix de l'essence continue de baisser tandis que le rendement du moteur thermique ne cesse de progresser. Plus sobre, et produisant donc mécaniquement moins de CO2, il n'est pas pour autant exclusif, acceptant de s'hybrider si la cause en vaut la peine. Ainsi, le couple immédiatement disponible d'une motorisation électrique est sans rival au démarrage. En ville, l'usage alternatif de l'électrique et du thermique divise quasiment par deux la consommation de carburant. Le prochain Cadillac SRX, lancé au cours de l'année, devrait en apporter la démonstration.
On remarque les perfos "réformatrices" de la Kharma: 408 ch mais 200 km/h de VMAX