Quatre roues directrices mieux que motrices ?
Redoutable quand la route est sèche ou mouillée, le système 4Control à quatre roues directrices de la Laguna apporte aussi un gain de sécurité spectaculaire sur la neige. Au point de venir bousculer les idées reçues sur l'intérêt des quatre roues motrices. La 320d xDrive peut en témoigner...
Bluffés par la Laguna GT et son système à quatre roues directrices qui lui avait permis de "moucher" une Subaru Impreza STI et même une Porsche Boxster S sur piste sèche ou mouillée (voir “L'A.M.” n° 744), il ne nous restait plus qu'à vérifier si l'apport des "roues arrière qui braquent" pouvait s'avérer décisif quand l'adhérence devient précaire. D'où l'idée de lui mettre dans les pattes une berline à quatre roues motrices (une 320d xDrive pour l'exemple), la majorité des conducteurs étant persuadé qu'une transmission intégrale est l'arme absolue pour rejoindre une station de ski en hiver. Un postulat que la Laguna 2.0 dCi GT 4Control malmène amplement.
MOTRICITE
La transmission intégrale intouchable
Avec sa transmission à quatre roues motrices dernier cri, la 320d xDrive est capable de répartir, en fonction de l'adhérence disponible, jusqu'à 70 % de la puissance à l'avant, et 80 % à l'arrière. Equipée des pneus hiver homologués, cette BMW s'extirpe de cette pente à 13 % en toute décontraction, malgré la route recouverte de neige non damée. Il ne lui faut que 9 s pour passer de 0 à 60 km/h, en laissant aux aides électroniques le soin de gérer l'éventuel patinage. En face, la Laguna GT fait grise mine, car ses roues arrière directrices ne sont ici d'aucune utilité. Simple traction, elle demande deux fois plus de temps (18,1 s) pour atteindre la même vitesse. La Laguna se révèle toutefois aussi facile à mener, l'électronique gérant finement la motricité. Pour l'anecdote, la Série 3 et la Laguna “décollent” mieux en côte, mais c'est au prix d'un généreux patinage. Sur le plat, lors d'une deuxième épreuve d'accélération réalisée à présent sur de la neige tassée, presque verglacée, les écarts restent marqués : la BMW demande 4,9 s pour atteindre 60 km/h, quand la Renault exige 6,7 s, soit 36 % de temps supplémentaire. Bref, dans cet exercice de motricité, la transmission intégrale reste la panacée.
TENUE DE ROUTE
La Laguna GT loin devant
Avec sa transmission xDrive, les pneus adéquats et toute la batterie d'aides à la conduite "maison" (antipatinage DTC + antidérapage DSC), la BMW dispose, a priori, de la panoplie parfaite quand l'adhérence devient précaire. Pourtant, la Laguna GT s'avère un ton au-dessus : à la fois plus efficace et plus rassurante au volant, elle profite à plein de ses quatre roues directrices. Dans le virage qui se referme, l'écart de vitesse d'entrée semble minime (2 km/h), mais à la sortie, si la Laguna n'a rien perdu de sa célérité, la 320d xDrive a concédé 7 km/h. Sur cette surface très glissante de neige damée et verglacée, le train avant de la BMW s'avère peu incisif et glisse tôt, tandis que l'antidérapage tarde vraiment à intervenir. Il faut impérativement soulager l'accélérateur et accentuer l'angle au volant sous peine de tirer tout droit. En comparaison, la Laguna s'inscrit en virage avec une étonnante facilité, grâce à ses roues arrière directrices. Discrète, l'électronique se charge de gérer finement la moindre amorce de sous-virage (tendance de l'avant à glisser) afin de conserver la trajectoire idéale. Le second test, dans le virage à rayon constant, ne fait que confirmer ces deux tempéraments opposés. Dès 34 km/h, la BMW peine à prendre le virage, et à 35 km/h, elle "tire" irrémédiablement tout droit. La sensation de rouler "sur des œufs" s'avère, en outre, peu rassurante. La Laguna GT, elle, réussit l'épreuve sans sourciller jusqu'à 39 km/h. Il n'empêche, 5 km/h de mieux, cela fait un écart conséquent de 14,7 % avec la BMW, incapable d'offrir la même assurance. Tout le mérite en revient à la technologie des quatre roues directrices.
FREINAGE
Laguna et Série 3 jouent des coudes
Dans ces conditions d'adhérence précaires, l'apport de quatre roues motrices ou directrices s'avère, au freinage, bien moins spectaculaire que lors des autres épreuves. Ici, c'est d'abord, et surtout, le grip fourni par les pneumatiques qui assure une décélération efficace. Equipée de leurs pneumatiques hiver homologués - Michelin Pilot Alpin sur la Laguna 2.0 dCi GT, GoodYear Ultra Grip M+S sur la 320d xDrive -, nos deux rivales ont démontré la même efficacité lors de l'épreuve consistant à s'arrêter depuis 60 km/h sur une route damée recouverte d'une neige tassée. Dans le freinage en ligne droite, la BMW et la Renault demandent 30 m pour s'arrêter, les deux assurant une stabilité irréprochable. Les écarts auraient été plus marqués en cas de freinage asymétrique. En effet, le système 4Control de la Laguna GT sait contrecarrer l'instabilité créée sans que le conducteur n'intervienne. Cela permet également d'appliquer une force de freinage supérieure. Mais, dans le cas présent, l'égalité est parfaite.
A QUAND UNE VOITURE QUATRE ROUES MOTRICES ET DIRECTRICES ?
Quatre roues motrices - et les pneus hiver qui vont avec -, c'est l'assurance de grimper facilement à votre station de ski. Mais si la motricité fournie est remarquable, méfiance : malgré une idée largement répandue, une transmission intégrale n'améliore pas la vitesse de passage en virage, notamment sur la neige. A l'inverse, le système 4Control à quatre roues directrices de la Laguna GT s'avère redoutable d'efficacité et de sérénité. L'idéal serait, bien entendu, d'associer les deux technologies pour obtenir la berline "tous-temps" parfaite.
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