Dennis a choisi Hamilton
Lundi 08 octobre 2007 - 16h04
Cette fois, il n'y a plus de faux semblant ni de langue de bois possible! Ron Dennis a en effet lâché une petite phrase directement venue de son subconscient à l'issue du Grand Prix de Chine. Devant les médias de plusieurs pays, le patron de McLaren Mercedes a exprimé tout haut ce qu'il pense depuis toujours:
"Nous ne nous battions pas contre Kimi mais contre Fernando. Kimi premier, Lewis deuxième, pour nous c'était bon"! Trop tard, c'est dit... La déception de ne pas fêter un titre attendu était trop forte. Et il a craqué.
Hamilton écoute attentivement les conseils de Dennis. (Reuters)
Fernando Alonso est tout seul. Absolument tout seul. Lâché par son équipe qui lui assure le strict minimum. Tous les pontes de McLaren Mercedes avaient fait le déplacement à Shanghaï afin de célébrer le sacre attendu de Lewis Hamilton. Un prodige anglais qui explose tous les compteurs dès sa première année en F1, c'est absolument superbe pour l'image. La presse britannique n'a pas attendu bien longtemps pour prendre fait et cause pour lui, Bernie Ecclestone, ravi de l'image donnée a emboîté le pas.
Le jeune homme, aussi bon en piste que pour communiquer s'est ainsi régalé tout au long de la saison. Une attitude de premier de la classe qui a d'abord impressionné avant de franchement irriter au fil des semaines. Ses collègues pilotes, loin d'être dupes, n'ont pas toujours compris la mansuétude des commissaires de piste à son égard. A ce titre, la parade qui a eu lieu en amont du Grand Prix de Chine était révélatrice puisque pendant que Alonso, Räikkönen et consorts devisaient tranquillement dans un coin, Hamilton se retrouvait dans un coin avec pour seuls acolytes Nico Rosberg et Adrian Sutil qu'il a connus en GP2.
Dès Monaco, Hamilton entre en scène
De son attitude à Monaco quand il déclara à la presse anglaise être un simple numéro 2 (avec à la clé une levée de bouclier des Anglais qui conduira à une enquête officielle de la FIA) à son refus de céder sa place en qualification en Hongrie qui conduira à une sanction contre Alonso (pour une affaire interne à McLaren !), jusqu'à son pilotage sous safety car au Japon avec à la clé un accrochage entre Webber et Vettel (sans aucune sanction malgré la fureur de Webber et l'incompréhension de tout le paddock), on comprend mieux que certains soient agacés.
Qu'importe qu'il soit aimé ou non par ses pairs. Au sein de son écurie, Ron Dennis chouchoute son prodige depuis le premier jour. C'est lui qui l'a découvert et qui lui a fait gravir les échelons un à un si bien que c'est un sentiment paternaliste qui l'anime envers son pilote. Il ne faut donc pas s'étonner que son choix ait été vite fait. Et cette fois, impossible de nier l'évidence, Dennis (qui ne parle plus avec Alonso) ne souhaite qu'une chose: que Lewis Hamilton soit titré.
Gagner à tout prix
Ce ne sera donc pas en Chine puisqu'il a commis un péché d'orgueil en attaquant comme un damné quand il lui aurait suffi de contrôler la concurrence. Un double péché puisqu'après avoir cédé en piste face à Räikkönen, Hamilton est sorti dans la ligne d'entrée des stands, jugeant mal une portion de piste encore humide pour finir sa course dans les graviers. Une simple erreur de jeunesse qui lui coûte très cher. Plutôt que d'un sacre attendu, il va devoir batailler ferme au Brésil contre Alonso mais également contre un Räikkönen revenu dans le coup après sa victoire.
Cela aurait toutefois pu être pire encore si le double champion du monde avait remporté la course. Dans ce cas, l'Espagnol serait revenu à deux points et une « simple » victoire lui aurait suffi. Ainsi, une deuxième place au Brésil suffira à Hamilton pour être sacré à coup sûr. Charge à Dennis ou encore à son père Anthony Hamilton, de lui faire comprendre qu'une deuxième place peut aussi, pour une fois, être belle.