Flavio Briatore : "Il faut changer le DJ"
(19/07/2007)
L'Italien trouve que les GP de F1 sont ennuyeux
NÜRBURGRING Aussi coloré que la gamme Benetton, doté d'un franc-parler ravageur et d'un sacré sens de l'humour, Flavio Briatore est un personnage hors du commun qu'il est toujours agréable d'interviewer. Avec lui, au moins, on a souvent le choix pour le titre...
Flavio, on sait aujourd'hui que Renault ne conservera pas ses couronnes mondiales. Pourquoi la R27 est-elle si peu compétitive ?
"Écoutez, après que la FIA eut enrayé notre domination l'an dernier avec l'affaire des mass dampers sur laquelle je préfère ne plus polémiquer, il a fallu réagir. On a redémarré le développement de la R26, et cela nous a coûté du temps dans la préparation de la voiture 2007. La lutte avec Ferrari a été terrible et nous avons laissé des forces dans la bataille. Mais nous avons remporté les deux championnats. La transition de Michelin dont nous étions un partenaire privilégié à Bridgestone nous a ensuite pénalisés davantage que les autres. Et puis, on a perdu Fernando..."
Vous êtes déçu par son remplaçant, Heikki Kovalainen ?
"Quand on donne à un pilote une voiture à plus d'une seconde des meil- leurs, on n'a pas le droit de le critiquer. A fortiori un débutant. Au contraire, il faut le soutenir, rester confiant. Au fur et à mesure que la machine s'améliore, Heikki en fait de même. Les gens commencent seulement à comprendre pourquoi on croit en lui."
Cela vous fait quoi de voir vos monoplaces lutter pour la 6e ou 7e place ?
"On ne peut pas gagner tous les ans. Si c'était les mêmes qui gagnaient tout le temps, tout le monde se lasserait vite et on se retrouverait tout seul. C'est cyclique. McLaren n'a pas gagné en 2006, nous vivons une année de transition en 2007. Mais on reviendra au sommet. On reste un top team."
Après votre problème de santé l'an dernier, vous aviez dit vouloir vivre un peu plus calmement, moins courir. Ce n'est pas vraiment le cas ?
"Mais si, la voiture est moins vite ! Il est vrai que j'ai du mal à déléguer et que la F1 continue à occuper 80 à 90 % de mon temps. C'est ma passion, cela reste ma priorité. J'ai l'image d'un play-boy qui doit son succès à son côté lifestyle. Mais c'est n'importe quoi. Le seul secret de la réussite, c'est le travail. La seule différence aujourd'hui est que je ne me fâche plus. Le stress tue votre corps. J'essaye donc de l'ignorer. C'est un effort mental de rester zen."
Quelle est votre vision de la F1 actuelle ?
"Je trouve que les GP sont généralement très ennuyeux. Trop longs, trop cliniques. Les spectateurs veulent voir de la bagarre, pas de la stratégie. A chaque fois qu'un GP est intéressant c'est parce qu'il y a quelque chose de spécial : un crash, la pluie, un favori qui doit partir derrière. Aujourd'hui, les courses de GP2 sont plus amusantes à suivre. Il faudrait instaurer un système de GP en deux manches, avec les dix premiers inversés sur la grille et imposer des changements de pneus sans ravitaillements. Changer les 4 roues en deux secondes, cela c'est du spectacle ! Quand la musique n'est pas bonne dans une discothèque, on change le DJ. La F1 doit être un show pas un banc d'essai. Plus on dépense d'argent en F1, moins le pilote est important, et moins il y a de spectacle. Il faut revenir en arrière. 1.000 personnes pour faire rouler deux monoplaces une heure et demie le dimanche, c'est de la folie."
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David