Les investisseurs sanctionnent les mauvais chiffres de Renault et Peugeot
LE MONDE | 17.11.04 | 15h59
Le marché européen de l'automobile fait grise mine. En octobre, les immatriculations dans les dix-huit pays d'Europe occidentale (les quinze plus anciens membres de l'Union européenne, la Norvège, la Suisse et l'Islande) ont baissé de 3,5 %, à 1 136 930 unités. Ces chiffres, qui sont comparés à ceux d'octobre 2003, ont été publiés, mardi 16 novembre, par l'Association des constructeurs européens d'automobiles (ACEA). Les constructeurs français PSA et Renault ont enregistré de fortes baisses dans leur pays d'origine. Une situation inquiétante alors que c'est dans ce pays qu'ils dégagent les plus fortes marges.
UNE BAISSE CONTINUE EN EUROPE
En Europe occidentale, il s'agit du quatrième mois de chute : les immatriculations ont baissé de 5 % en juillet, de 0,8 % en août et de 0,6 % en septembre. Depuis le début de l'année (soit dix mois), les immatriculations de voitures neuves n'ont ainsi augmenté que de 1,1 % dans les dix-huit pays européens. Pour les quinze plus anciens pays de l'Union, les immatriculations ont connu une chute de 3,5 %, à 1 105 114 unités en octobre, et de 0,9 % depuis janvier.
Sur le mois d'octobre, c'est l'Italie qui arrive en tête des plus fortes baisses, avec un recul de 8,5 %. Le marché français n'est pas mieux loti, avec une chute de 8,1 %. Vient ensuite le Royaume-Uni, avec - 5,9 %. En revanche, en Allemagne le marché de l'automobile semble mieux résister à la morosité. Alors que ses immatriculations avaient chuté de 3,7 % en septembre, elles ont augmenté de 4,5 % en octobre. Enfin, dans huit des dix nouveaux pays membres de l'Union européenne, 62 176 voitures ont été immatriculées en octobre, affichant un plongeon de 19,2 % après une baisse de 18,8 % en septembre. Le marché polonais a particulièrement souffert : - 37,6 %, après - 32,1 % en septembre.
FORT RECUL DE PSA
Alors que les constructeurs allemands ont bien résisté - BMW a une nouvelle fois enregistré un bond (+ 24,5 %) de ses immatriculations en octobre, ainsi que Volkswagen (+ 2,9 %) -, les constructeurs français ont affiché des chiffres médiocres. "La dynamique favorable du premier semestre n'est plus qu'un souvenir", a déclaré à l'AFP la banque Dexia Securities. PSA, le deuxième constructeur européen, a en effet affiché un recul de ses immatriculations de 11,5 % en octobre, à 155 935 véhicules neufs : - 11,3 %, à 87 612 véhicules, pour la marque Peugeot, et - 11,8 %, à 68 323 véhicules, pour Citroën. Avec Fiat, c'est le plus fort recul des constructeurs européens. Sur les dix premiers mois de l'année, la chute de PSA atteint 4,7 %.
La Bourse n'a pas manqué de sanctionner ce chiffre. Le titre PSA a perdu 3,24 %, à 46,95 euros, mardi. En octobre, la part de marché du groupe PSA a chuté de 1,3 % (13,7 % contre 15 % en octobre 2003), alors que celle de Volkswagen, le numéro un européen, a gagné 1,2 %, à 19,1 %. Malgré son modèle "familiale", la petite 407, Peugeot n'a pas réussi à tirer son épingle du jeu. Le groupe explique qu'il n'a pas voulu rentrer dans une guerre des prix comme certains de ses concurrents. Reste que la conjoncture est difficile pour le constructeur. Le 4 novembre, le groupe a annoncé qu'il avait l'intention de se retirer du championnat du monde des rallyes, expliquant qu'il voulait réduire les budgets investis en compétition.
MAUVAISE PASSE POUR RENAULT
En octobre, le constructeur français a enregistré une baisse de ses immatriculations de 8,2 % (123 490 unités) par rapport au mois d'octobre 2003, selon l'ACEA. Comme PSA, le titre a été sanctionné en Bourse, perdant 2,08 %, à 63,55 euros, sur la séance de mardi. En France, les immatriculations de Renault ont chuté de 12,6 %. Malgré des résultats toujours encourageants pour ses monospaces Scénic, avec sa gamme Mégane (12,7 %), Renault souffre sur d'autres modèles. Ainsi, la sortie de son mini-monospace Modus a entraîné une forte baisse sur les ventes de la Clio (- 40,5 %). Par ailleurs, la Laguna et la Twingo ne font plus partie des trente meilleures ventes de véhicules en Europe, alors qu'en 2002 elles occupaient respectivement les 18e et 29e rangs.
De mauvaises performances des constructeurs qui ont entraîné dans leur chute boursière, mardi, les équipementiers français : Valeo a perdu 1,39 %, à 29,90 euros, Faurecia 1,82 %, à 57,60 euros, et le titre du fabricant de pneumatiques Michelin a chuté de 2,24 %, à 43,72 euros.
Nathalie Brafman (avec AFP)
• ARTICLE PARU DANS L'EDITION DU 18.11.04