Citation:Les moteurs Renault enchaînent les succès chez Mercedes et Smart
Le groupe français place désormais ses blocs dans 9 modèles allemands.
Cachez ces moteurs français que les ingénieurs allemands ne sauraient voir… Ces dernières semaines, Renault a discrètement commencé à livrer deux nouveaux moteurs destinés à quatre nouveaux modèles de Daimler (Classe C et utilitaire Vito chez Mercedes, nouvelles Smart en version deux et quatre places). L'usine de Cléon (Seine-Maritime) a augmenté durant l'été les capacités de production de son moteur Diesel R9, quatre cylindres de 1,6 litre, en passant de 200.000 à 300.000 unités, avec un pic de 450.000 envisagé à terme, indiquent deux sources syndicales. Environ 100.000 unités devraient être dédiées à Daimler dans un premier temps, le solde allant à Nissan (Qashqai, X-Trail) et Renault (Megane, Scenic…). En Roumanie, l'usine Dacia de Pitesti vient également de débuter la production des moteurs essence H4 (90 et 70 chevaux), qui équiperont les nouvelles Smart, conçues sur la même base que la nouvelle Twingo.
Annonces de coopération
Ces deux moteurs viennent rejoindre un premier bloc, le K9, un moteur Diesel de 1,5 litre, produit à Valladolid (Espagne), d'abord monté sur la Classe A (en 2012), et étendu discrètement sur les Classe B, CLA, utilitaire Citan, et qui équipera aussi le crossover GLA. Au premier semestre, 70.000 blocs ont été livrés, soit autant que pour l'ensemble de l'année 2013, indique-t-on du côté du groupe français. Ces commandes ne représentent certes que 4 % des moteurs produits par Renault (contre 2,6 % en 2013) et se concentrent sur une offre d'entrée de gamme, forcément limitée. Reste que le volume va sensiblement augmenter, vu que Renault va désormais livrer 9 modèles de Daimler. « On pourrait être bientôt sur un volume de plus de 300.000 moteurs annuels », indique une source de la marque au losange. Sans compter que d'autres annonces de coopération pourraient être faites au Mondial de Paris, début octobre.
Alors même que ces commandes représentent une belle reconnaissance pour son ingénierie, Renault se refuse toujours à communiquer sur le sujet. Pas question de froisser Mercedes, ses ingénieurs et ses clients, qui ne sont pas toujours ravis d'intégrer des petits blocs français sur de belles voitures allemandes. Le groupe de Stuttgart, qui précise que les blocs de Renault sont retravaillés (suralimentation…) avant d'être intégrés sous le capot, est pourtant de plus en plus intéressé par cette coopération : il s'évite de coûteux investissements d'ingénierie et réduit sa moyenne d'émission grâce à la faible consommation des blocs Renault. Côté français, ces commandes permettent de charger les usines mécaniques, et d'amortir des coûts d'ingénierie, de plus en plus élevés avec le durcissement des normes environnementales.
Renault accélère dans cette logique : en 2013, 17,4 % de ses moteurs étaient produits pour ses partenaires (Nissan, Daimler, General Motors dans les utilitaires…). Il devrait aussi commencer à livrer Fiat, dont l'utilitaire Scudo devrait intégrer le moteur R9 de Cléon.
Maxime Amiot, Les Echos