L’échéance approche pour Renault
Le 10 décembre, devant le conseil d’administration de Renault, Carlos Ghosn devra proposer aux actionnaires une issue viable pour l’écurie de F 1.
C’EST UNE TRADITION bien ancrée au sein du Renault F 1 Team : aussi souvent qu’une situation délicate se présente, l’écurie se retranche derrière un silence obstiné, laissant donc la porte ouverte à toutes les rumeurs. En cette période de flou persistant quant à l’avenir de l’équipe, le terrain se révèle plutôt fertile à la prolifération de « bruits », supputations et pronostics en tout genre.
Dans l’imbroglio qui s’éternise et induit chaque jour un peu plus de confusion, on tentera de tirer quelques fils, qui, a priori, pourraient nous conduire pas très loin d’une réalité plausible. Sachant qu’en F 1, la vérité du jour n’est pas forcément celle du lendemain, on s’efforcera de fixer les grandes lignes du dossier... ou du moins les frontières où se trouvent aujourd’hui rendus ceux qui l’étudient.
RENAULT DEVRAIT MAINTENIR SON NOM EN F 1
Telle est la conclusion à laquelle semble parvenue la direction générale du groupe, au terme des multiples entretiens, rencontres et séances de réflexion conduits ces derniers mois. Ne pas dilapider le capital image acquis par la marque en plus de trente ans de F 1. Ne pas hypothéquer l’outil de travail, ni un savoir-faire technologique unanimement reconnu au plus haut niveau de la compétition automobile.
Dans l’hypothèse – défendue par l’actuelle direction générale du team – d’un « sauvetage » assuré par l’affairiste David Richards, le nom de Renault aurait pu se voir éventuellement maintenu mais à court terme seulement, et non pas dans la durée.
Quoi qu’il en soit, en dépit d’improbables capitaux arabes qu’il se targue d’avoir – presque – décrochés, Richards n’a pas la capacité de se lancer seul dans le projet Renault. Il lui faudrait impérativement le soutien d’un investisseur solide. On imagina donc un temps un montage avec Mangrove Capital Partners... Mais la société luxembourgeoise a aussitôt écarté ce scénario.
LA PISTE GÉRARD LOPEZ
Mangrove, basée au Luxembourg, est une société d’investissement cofondée en 1999 par un « serial entrepreneur », comme il se définit lui-même avec humour : Gérard Lopez. Polyglotte – il parle huit langues –, l’homme surfe avec succès, depuis le début des années 1990, sur la vague du Net et des technologies informatiques. Dans sa volonté de doper – par l’investissement et le conseil – la croissance de sociétés visionnaires, il a ainsi conduit Skype vers la réussite planétaire que l’on sait. Skype et des dizaines d’autres encore. Ce n’est pas tout : Gérard Lopez – qui, accessoirement, connaît bien Bernie Ecclestone dont il a la confiance – a également fondé Genii Capital avec deux partenaires, Éric Lux et Romain Bontemps. Genii accompagne « les idées, les marques et les projets innovants » en s’efforçant de précéder, voire prescrire, les tendances des marchés plutôt que de les suivre.
Son champ d’action est vaste : télécommunications, santé, sécurité, énergies alternatives, électronique, etc. Genii se fait aussi un devoir de « partager son temps et ses profits » en parrainant des projets culturels, sportifs ou éducatifs. Gérard Lopez dirige enfin Gravity, structure de management de jeunes pilotes parmi lesquels figurent Adrien Tambay et le Chinois Ho-Pin Tung.
LES CONDITIONS DU « DEAL »
Si David Richards s’inscrit plus ou moins, côté gestion d’écurie, dans la lignée d’un Briatore, Gérard Lopez présente l’avantage d’en être l’antithèse. Est-ce l’une des raisons qui l’ont amené à refuser l’idée – suggérée par Renault – d’un montage structurel incluant Richards ?
En fait, par le biais de sa société Genii, Gérard Lopez serait prêt à prendre la majorité des parts dans le capital d’Enstone (l’entité châssis). Il investirait à hauteur de ce que la banque ING versait à l’écurie lorsqu’elle en était le sponsor. Mais il se proposerait également d’apporter des parrainages. Et, surtout, selon la stratégie développée dans toutes ses interventions, Lopez servirait l’image et les intérêts de Renault. En clair, en acquérant une partie du capital d’Enstone, il deviendrait copropriétaire de l’écurie, avec Renault.
L’INFLUENCE DE BERNIE
À ce stade du dossier, plusieurs questions demeurent en suspens. Carlos Ghosn jugera-t-il suffisant l’investissement de Gérard Lopez dans l’écurie ? Lopez l’a-t-il convaincu de ses capacités à réussir ? Car l’enjeu est de taille. Dans un contexte industriel et commercial difficile pour Renault, Carlos Ghosn ne peut pas se permettre d’essuyer un nouvel échec en F 1. Trois saisons de déboires encaissés depuis 2007 – malgré les promesses de Briatore – lui ont certainement suffi.
Le patron pourrait donc être tenté de recourir aux conseils de Bernie Ecclestone. Que peut-il en attendre d’autre encore ? Une caution morale, voire financière ? Sur ce point, rien ne filtre de la grande maison. Et si Bernie acceptait, d’une manière ou d’une autre, d’aider Renault, irait-il jusqu’à suggérer un nom pour succéder à Briatore et clore ce chapitre une bonne fois pour toutes ? On sait l’estime que porte Bernie Ecclestone à Craig Pollock, fondateur de l’écurie BAR, Écossais francophone et francophile, familier des arcanes de la F 1...
Mais là, sans doute allons-nous déjà trop loin. Avant d’extrapoler sur la structure directoriale, attendons de savoir ce que Renault retiendra comme schéma de relance pour son écurie. Cela ne devrait plus tarder.
L'Equipe du samedi 5 décembre 2009
j'ai piqué ce post sur le forum RF1
http://www.rf1-forum.com/phpBB3/intersaison-2010-t924-120.html
Quoi qu'il en soit cela me laisse le gout amère d'un énorme gâchis, mais vue l'image déplorable pour le grand publique que c'est donné la F1 je demande si c'est pas mieux ainsi, rien n'est fait mais bon j'ai peu d'espoirs.