Un article très intéressant.
Pourquoi PSA a davantage souffert que Renault
Guillaume Evin - 13/01/2009 - L'Expansion.com
Pourquoi PSA a davantage plongé que Renault? L'environnement est le même, l'un et l'autre réalisent à peu près entre 25% et 30% de leurs ventes sur leur marché domestique et tous deux sont embarqués dans un plan de relance, et pourtant le premier a dérapé de 8,7% (à moins de 3 millions d'unités) quand le second a chuté de 4,2% (2,4 millions).
Autrement dit, Peugeot Citroën a fait deux fois moins bien que son éternel concurrent. Au premier trimestre, pourtant, il escomptait encore 5% de croissance. A l'automne, il ne visait plus qu'au mieux un repli de 3,5%. Tentatives d'explications de la contre-performance du groupe sochalien, qui a vendu finalement environ 280.000 voitures de moins d'une année sur l'autre. A Paris, l'action Peugeot glissait de 2,6% mardi.
* Le facteur espagnol
« PSA est très présent en Espagne, notamment via Citroën. Le groupe y possède deux usines, l'une à Vigo et l'autre à proximité de Madrid. Or, l'Espagne est l'un des grands marchés européens qui a le plus trinqué en 2008 » souligne pour L'Expansion.com, Guillaume Mouren, analyste chez Xerfi. Là-bas, les immatriculations se sont effondrées de près de 30%, retombant à leur plus bas niveau depuis une décennie. Sur le seul mois de décembre, elles ont même dévissé de 50%. Au final, Citroën s'est fait détronner par Ford.
* La déception chinoise
Alors que la plupart de ses concurrents européens et américains trouvent des relais de croissance appréciables en Chine (+4,9% en moyenne), le groupe dirigé par Christian Streiff n'y a trouvé aucun second souffle cette année. Pire. Peugeot Citroën a reculé de près de 13%. « On nous dit que c'est un problème de réseau commercial peu efficace, confie à L'Expansion.com un fin connaisseur de l'entreprise sochalienne. Mais, au-delà de cet épiphénomène, sa gamme est surtout inadaptée à la demande locale ». Même son de cloche chez Guillaume Mouren (Xerfi) : « Là-bas, l'entrée de gamme et le luxe ont été préservés alors que le segment intermédiaire a été particulièrement touché. Et c'est précisément le point fort de PSA ».
* Une offre produit limitée
« Hormis la Peugeot 308 et la Citroën C5, 2008 a été un peu une année à vide pour le groupe » se désole notre spécialiste de la valeur. « Il est vrai que le plan de redressement de Peugeot Citroën a été lancé un an plus tard que celui de Renault, complète Guillaume Mouren. Ce qui explique pourquoi la gamme du premier est encore insuffisamment renouvelée ». Pour 2009, il pourra miser sur son Citroën C3 Picasso, un mini-monospace directement inspiré de son grand-frère, le C4, voué à supplanter le Renault Modus. Le C4, lui, s'est très bien écoulé - on parle de 80.000 unités - mais ce n'est pas le coeur de cible de l'acheteur PSA. Ce qui explique donc que l'on reste dans des volumes relativement limités. Autres produits très attendus : le Citroën Nemo et le Peugeot Bipper, les premiers « ludospaces » citadins du marché hexagonal.
* Pas d'effet Logan
Renault sauve les apparences grâce à son duo Logan-Sandero. Ses deux véhicules low-cost lui permettent de dégager une marge substantielle. Le groupe dirigé par Carlos Ghosn affiche ainsi une marge opérationnelle - l'indicateur clé de la filière auto - plus présentable, oscillant entre 2,5% et 3%. Celle de PSA, par contre, devrait tombée à 1,3%. Soit très loin du niveau escompté initialement de 3,5%. Elle sera dévoilée officiellement le 11 février lors de la présentation des résultats annuels.
Généralement, le n°2 européen compense avec la rentabilité de ses utilitaires, un segment qu'il domine sur le Vieux Continent. « Mais, à la fin de l'exercice, le groupe a été obligé de consentir d'importantes ristournes pour soutenir la demande. Il est vrai que près du tiers de sa flotte d'utilitaires est lié au BTP, l'un des secteurs les plus fragilisés par le retournement de la conjoncture ».