Citation:Renault met le cap sur les voitures hybrides
Par Maxime Amiot | 02/10 | 16:42
EXCLUSIF Le groupe travaille sur le lancement de motorisations hybrides d’ici 2020. Il misait jusqu’ici sur le 100% électrique pour baisser ses émissions de CO2.
Après avoir longtemps misé sur le 100 % électrique, Renault explore des voies alternatives. Le constructeur automobile travaille sur le lancement de ses premiers modèles hybrides, couplant un moteur thermique classique à un moteur électrique. « Nous étudions l’introduction progressive de l’hybride dans nos gammes d’ici 2020. Et nous travaillons sur l’ensemble des technologies disponibles », indique Marc Bodin, directeur de la stratégie mécanique chez Renault.
Changement de ton
Si le constructeur précise qu’aucune décision n’est actée, les projets confirment le changement de ton. Pendant des années, Renault s’est refusé à explorer officiellement cette technologie, axant sa stratégie de baisse des émissions de CO2 sur les voitures électriques et l’optimisation des moteurs thermiques. Déjà, en octobre 2012, Carlos Tavares, alors directeur général de Renault, avait commencé à lever le tabou en indiquant que le groupe travaillait sur des projets d’hybride « low-cost ». Un virage lié au développement plus lent que prévu de l’électrique et au durcissement des normes d’émission (lire ci-dessous).
Deux solutions sont notamment étudiées. En premier lieu le « mild-hybrid », qui se veut une hybridation légère de la voiture. Il intègre un moteur électrique d’au moins 10kW pour accompagner le moteur thermique, mais dont la puissance est insuffisante pour animer seul la voiture, hormis pour des petites manœuvres (parking, créneau...). L’intérêt est d’optimiser le rendement du moteur thermique, et de réduire la consommation globale de 10 à 20%.
Le « plug-in hybrid »
Autre technologie travaillée par le constructeur, le « plug-in hybrid », qui via un moteur électrique rechargeable d’au moins 40 kW permet à la voiture d’être autonome en mode électrique et qui, comparé à une voiture 100% électrique, évite tout risque de panne grâce à la présence du moteur thermique. « Le mild-hybrid a l’avantage d’être moins coûteux et permet de cibler des segments à gros volumes, ce qui est notre vocation. Quant au plug-in, il combine des avantages très intéressants. A condition de lever l’obstacle du coût, vu la présence de deux gros moteurs », poursuit le dirigeant.
Pour combler son retard – Toyota a déjà vendu plus de 5 millions d’hybrides dans le monde –, Renault peut s’appuyer sur son allié Nissan, qui avait lui-même pris le virage de l’hybride en 2011-2012, et devrait introduire ses premiers modèles hybrides en Europe dès 2014. « Nissan maîtrise la technologie car il en fait déjà au Japon, aux Etats-Unis. De notre côté, nous avons aussi notre propre savoir-faire » poursuit Marc Bodin. Du côté de Renault, on met en avant l’expertise acquise en Formule 1 – à partir de 2014, les motorisations hybrides seront généralisées –, mais aussi dans les véhicules électriques (récupération au freinage…).
Des modèles low-cost à l’étude
Le groupe se refuse à indiquer les premiers modèles qui pourraient intégrer ces motorisations. Présenté au Salon de Francfort, le concept du successeur de l’Espace qui préfigure également la future griffe haut de gamme de Renault, Initiale Paris, intègre une architecture hybride, et à ce titre est légitimement candidat à la technologie. Autres modèles potentiellement ciblés, ceux capables de s’imposer en Chine, lorsque le constructeur aura reçu le feu vert pour sa première usine. « En Chine, contrairement à l’Europe, il n’y a pas de diesel, qui pourtant permet de baisser les émissions CO2. Vu la réglementation très stricte sur les émissions, l’hybride est une technologie qui peut aider » souligne Marc Bodin. Enfin, les modèles low-cost du constructeur sont également regardés de près. Des prototypes de Duster équipés de moteurs hybrides sont à l’étude au Technocentre. C’est ce qui s’appelle avoir plusieurs fers au feu…
Maxime Amiot