Bonjour à tous,
Je m'appelle Benoît, j'ai 23 ans et je suis étudiant en Master 2 d'Histoire à l'université de Paris IV-Panthéon-La Sorbonne.
Je suis passionné depuis l'âge de 7 ans par les formules 1 Renault-Elf turbo de la période 1977-1985 et en particulier par la RE 30 de 1981, dont j'aimerais rendre hommage à mon arrivée sur ce forum.
Voici l'histoire de la regrètée RE 30 (elle est représentée sur mon avatar):
Renault-Elf RE 30, la sortie de l’oubli
Sommaire
INTRODUCTION 3
I LA SITUATION DE L’ÉQUIPE RENAULT-ELF AU DÉBUT DE LA SAISON 1981 4
II LA GENÈSE DE LA RE 30 ET SES DÉBUTS DIFFICILES EN GRAND PRIX 5
III GRAND PRIX DE FRANCE : LA PREMIÈRE VICTOIRE À DOMICILE 8
IV UN ÉTÉ PLEIN D’ESPOIRS JAUNES ET NOIRS 10
V UNE DOMINATION TROP TARDIVE 13
VI LES DERNIERS GRANDS PRIX 16
VII DERNIERS TOURS DE PISTE À KYALAMI 18
CONCLUSION 19
ANNEXES 20
INTRODUCTION
Le présent essais, est destiné à honorer la mémoire d’une formule 1 tombée dans l’oubli depuis trop longtemps et à la faire découvrir à ceux qui ne la connaissent pas encore : la Renault-Elf RE 30 de 1981. Il convient tout de même de rappeler que la RE 30 est la voiture qui a donné à Alain Prost sa première victoire en formule 1, à Dijon, un certain dimanche 5 juillet 1981. Malheureusement, la RE 30 de 1981 est la plupart du temps assimilée aux autres Renault Turbo et plus particulièrement à sa descendante directe, la RE 30B de 1982. Or l’appellation ne doit pas nous tromper : la RE 30B est certes, comme sa dénomination l’indique, une RE 30, mais elle n’a plus rien de commun avec son extraordinaire aïeul , la RE 30 de 1981. RE 30 signifie « Renault-Elf type 30 ». Il s’agit en fait des initiales de l’équipe auxquelles vient s’ajouter le numéro de série des châssis « type 30 ».
Mais comme vous le savez bien, les monoplaces de formule 1 évoluent sans cesse et à l’époque, les mêmes châssis étaient très souvent réutilisés une saison sur l’autre avec une nouvelle carrosserie complètement différente de la précédente. En effet les RE 30 ont subi deux évolutions principales : RE 30B en 1982 puis RE 30C durant l’intersaison 1982-1983 et au tout début de la saison 1983. Ici il s’agit de raconter l’histoire de la toute première série de châssis type RE 30. Il nous faut donc remonter en arrière, au tout début de l’année 1981...
I LA SITUATION DE L’ÉQUIPE RENAULT-ELF AU DÉBUT DE LA SAISON 1981
L’année 1981 marque pour l’équipe Renault-Elf, la fin de l’ère des pionniers. Après son accident du grand prix du Canada 1980, « Le Grand », Jean-Pierre Jabouille s’en est allé chez Ligier, mais sa carrière est brisée.
Gérard Larousse et Bernard Dudot décident alors d’engager Alain Prost, le jeune espoir français, en profitant de l’expiration de son contrat avec McLaren.
En novembre 1980, Alain Prost se voit confier le volant de la nouvelle RE 20B, remplaçante de la RE 20 décrétée non réglementaire par la F.I.S.A à la fin de l’année 1980 et devenue illégale officiellement depuis la signature des accords de la Concorde entre la F.I.S.A. et la F.O.C.A en février 1981, qui stipule que les « jupes coulissantes », c'est-à-dire, les pontons latéraux amovibles, sont désormais interdites en formule 1. Le nouveau pilote de l’équipe Renault-Elf se montre si performant qu’au grand dépit de René Arnoux, il se voit confier le n°15 de Jean-Pierre Jabouille et devient le premier pilote de l’équipe tandis qu’Arnoux conserve le n°16 en tant que second pilote comme l’année précédente.
Mais la RE 20B sans jupes coulissantes est loin d’égaler les performances de l’ancienne RE 20. En conséquence, Gérard Larousse, directeur général de l’équipe Renault-Elf, Bernard Dudot, directeur technique et Michel Têtu, chef ingénieur, décident conjointement de hâter la réalisation du projet « RE 30 », décidé au cour de l’année 1980, mais prévu au départ pour arriver à son terme en 1982 . Désormais, la nouvelle RE 30 devrait être en mesure de remplacer la RE 20B à partir de la saison européenne des grands prix dès 1981. Tel est le nouveau défi que les ingénieurs de l’équipe Renault-Elf ont à relever et ce n’est pas une mince affaire !
Effectivement, la saison 1981 ne commence pas sous les meilleurs hospices pour l’équipe Renault-Elf. Les abandons et les mauvais résultats se succèdent. En effet, après le grand prix hors championnat organisé par la F.O.C.A. à Kyalami en Afrique du Sud, au grand prix des Etats Unis, à Long Beach, premier grand prix officiel de la saison, la RE 20B d’Alain Prost est percutée par la McLaren M 29F d’Andrea De Cesaris, tandis que la RE 20B de René Arnoux termine huitième à trois tours de la Williams FW 07C d’Alan Jones, le champion du monde en titre. Au grand prix du Brésil 1981, l’équipe Renault-Elf joue encore une fois de malchance : les deux RE 20B abandonnent, toutes les deux accidentées. Néanmoins, le grand prix d’Argentine 1981 marque un tournant pour l’équipe Renault-Elf, les deux RE 20B terminant la course à des positions honorables. Alain Prost termine à la troisième place et c’est le premier podium de sa carrière. Quant à René Arnoux, il termine la course en cinquième position. La RE 20B est enfin devenue compétitive et fait désormais preuve de fiabilité, malgré des problèmes de frein et de tenue de route. Pourtant, et c’est le comble pour une Renault Turbo, elle n’a pas permis à Alain Prost de dépasser la Williams FW 07C d’Alan Jones, à moteur atmosphérique en ligne droite ! La suppression des jupes coulissantes a en fait donné le coup de grâce aux vieillissantes Renault-Elf RE 20, dont la RE 20B est la descendante directe. Alain Prost abandonne même dès le 3ème tour au grand prix de Saint-Marin 1981 du fait d’un problème de boîte de vitesse.
Le 3 mai 1981, la nouvelle formule 1 n’est pas encore opérationnelle. La RE 30 avait été pourtant présentée à Nogaro le 24 février 1981. Mais cette soit disante toute nouvelle formule 1 avait un air de déjà vu. Elle ressemblait encore trop à une RE 20B améliorée, même si la forme du cockpit témoignait déjà de la naissance de la RE 30.
II LA GENÈSE DE LA RE 30 ET SES DÉBUTS DIFFICILES EN GRAND PRIX
La nouvelle RE 30 présentée à Nogaro le 24 février 1981 ne semble pas marquer, à première vue, une véritable rupture avec la RE 20B. En effet, de l’extérieur, on dirait une RE 20B mais avec un cockpit complètement différent et une décoration atypique.
Mais au fil des mois, les nombreux essais effectués par la RE 30 finissent par lui donner une nouvelle apparence. Cette RE 20B améliorée devient bel et bien la RE 30 le 8 mai 1981, lorsqu’elle arrive sur le circuit de Dijon Prenois, pour effectuer des essais en prévision du grand prix de Belgique qui doit se tenir sur le circuit de Zolder le 17 mai 1981. Michel Têtu, le chef ingénieur créateur de la RE 30 espère bien lui faire disputer ce prochain grand prix. Dans cet optique, trois châssis de type RE 30 ont été construits. Le châssis RE 30 est utilisé comme voiture de réserve. Le châssis RE 31 est confié à René Arnoux tandis qu’Alain Prost doit prendre le volant de la RE 32.
La carrosserie de la RE 30 a été complètement refaite. Le museau avant est désormais beaucoup plus pointu que celui de la RE 20B et surmonté d’un large aileron à porte à faux avant. Une nouvelle décoration a fait son apparition sur la carrosserie, dont la principale caractéristique est la très belle ligne noire qui s’étend tout le long du cockpit et rejoint à l’avant un superbe sigle Renault très important, au dessus duquel le logo « elf » de couleur noir décore une jolie « demie lune » blanche. A noter que la ligne noire est encore coupée par la présence du numéro de la voiture, 15 ou 16 selon le pilote. Signalons également que trois raies noires qui partent des sorties d’air sont présentes sur la carrosserie. Mais ces deux dernières décorations laisseront bientôt la place à d’autres, plus adaptées à la future apparence de la RE 30. La répartition des couleurs sur la carrosserie est également une grande nouveauté et contribue à faire de la RE 30 une Renault Turbo vraiment différente des autres ; du moins des classiques RS 10, RE 20 et RE 20B, même si l’inversion des couleurs, entre la fin du mois d’août et le début du mois de septembre 1981, rendra l’ensemble moins fantaisiste, disons, plus courant tout en conservant encore, néanmoins, le style unique de la RE 30. La nouvelle formule 1 a également un empattement diminué de 10 cm par rapport à la RE 20B qui était la plus longue du plateau et de nouveaux pontons latéraux. Le gain de poids est également considérable puisqu’il se situe entre 25 et 30 kg ; ce qui la rend plus maniable que la RE 20B. La répartition des masses est également complètement différente. Les turbos sont maintenant placés en avant du moteur. La coque de la RE 30 est également plus rigide que celle de la RE 20B. La RE 30 est désormais une voiture plus puissante aussi. Le moteur V6 Turbo de 1,5 litres est en effet capable de tourner à 11800 tours/min au lieu de 10800 comme précédemment. Il délivre une puissance de 565 CV au lieu de 540 ; ce qui permet à la RE 30 d’atteindre plus facilement les 310 km/h en vitesse de pointe alors que la RE 20, pourtant à jupes coulissantes, avait plus de mal à y parvenir. Aux essais privés effectués sur le célèbre circuit français de Dijon Prenois, situé en Bourgogne, ce 8 mai 1981, la RE 30 vient de battre le meilleur temps en course réalisé par René Arnoux lors du grand prix de France 1979 au volant de la RS 10 à jupes coulissantes !
Hélas, le circuit de Zolder ne convient pas à la jeune RE 30. Le revêtement de la piste se détériore. Ajouté au problème de la mauvaise tenue de route de la nouvelle formule 1, survirant ou souvirant dans les virages, qui n’avait pas été remarqué à Dijon, les sorties de piste sont inévitables. Il apparaît très clairement que la RE 30 ne pourra pas être qualifiée, car elle n’est pas encore au point. D’ailleurs Michel Têtu pense déjà aux essais qu’il va faire effectuer à la RE 30 sur le circuit Paul Ricard au Castelet la semaine suivante.
Alors le 16 mai 1981, Gérard Larousse se rangeant à l’avis de Bernard Dudot et de Michel Têtu, décide de ne pas tenter de faire qualifier la RE 30 pour le grand prix de Belgique.
La RE 30 a donc fait officiellement son apparition, à Zolder, le 15 mai 1981, mais il faudra attendre le GP de Monaco, le 31 mai 1981 pour la voir effectuer son premier grand prix.
Le grand prix de Belgique 1981 s’avéra finalement le plus catastrophique de la saison pour l’équipe Renault-Elf. Alain Prost qui prend le volant de la RE 20B pour la dernière fois, se classe 13ème sur la grille de départ, du fait de conditions météorologiques désastreuses .En course, il abandonne au bout de trois tours, embrayage cassé. Pour combler le tout, René Arnoux ne parvient même pas à se qualifier et suite à une altercation avec un contrôleur à l’entrée de son hôtel, se retrouve au post de police ! N’étant relâché que le dimanche après-midi, il se trouve alors dans l’impossibilité de prendre le départ du grand prix de Belgique.
Depuis l’échec de Zolder, Michel Têtu a fait effectué à la RE 30 de nombreuses séances d’essais dans le but de résoudre les problèmes de mauvaise tenue de route. En fait, dépourvue de jupes coulissantes, la RE 30 manque d’appuis aérodynamiques et les sorties d’air de radiateur au dessus des pontons ne sont pas assez efficaces. Alors Michel Têtu a l’idée d’équiper la carrosserie de la RE 30, de grandes dérives verticales aux extrémités des pontons latéraux, à proximité des roues arrière. On voit également apparaître un nouveau carénage des sorties d’air de radiateur au dessus des pontons ainsi que de nouvelles prises d’air amovibles de type « NACA ». A noter également qu’esthétiquement, les trois lignes noires décoratives qui s’étendaient de part et d’autre de la carrosserie disparaissent à la veille du grand prix de Monaco.
Les résultats de ces améliorations aérodynamiques ne se font pas attendre : la RE 30 se montre plus maniable et même plus rapide en ligne droite. Dans la lignée des autres Renault Turbo, elle atteint les 315 km/h en vitesse de pointe et devient ainsi la formule 1 la plus rapide de tout le plateau, la Ferrari 126 CK à moteur turbo compressé KKK ne pouvant dépasser les 305 km/h. C’est donc une toute nouvelle RE 30 qui s’élance dans les rues de Monaco, le 28 mai 1981. Prost, à l’occasion de la séance d’essais libres du jeudi après-midi, a essayé sur la RE 32, un système de variation d’assiette hydropneumatique qui s’est avéré très efficace. Il a même réussi a réalisé le deuxième temps sur un circuit qui normalement ne convient pas aux voitures suralimentées, du fait de ses nombreux virages. Mais lors des essais qualificatifs du samedi, il est arrêté dans son élan par la rupture de sa commande de boîte de vitesse qui l’empêche de confirmer sa belle performance du jeudi. La RE 32 est donc enfin qualifiée, mais en 9ème position. Quant à Arnoux, il fait des essais en alternant entre la RE 20B châssis RE 26B et sa nouvelle RE 30 châssis RE 31. Il est un fait que la RE 26B est nettement moins performante que la nouvelle RE 31. Mais alors qu’il s’élance à bord de sa RE 31 au début de la séance d’essais qualificatifs du samedi après-midi, il sort de la piste au virage de la Piscine et percute le mur de plein fouet. Par chance, Arnoux est heureusement indemne mais on ne peut pas en dire autant de la RE 31 : elle est presque entièrement détruite. De plus la RE 30 est restée à Viry Châtillon pour servir de voiture d’essais. Arnoux n’a donc pas d’autre choix que de prendre le volant de la RE 26B pour tenter de se qualifier. Mais elle ne lui permet de réaliser que le 13ème temps. C’est donc à Alain Prost que revient le privilège de faire effectuer à la RE 30 son premier grand prix, alors que René Arnoux fait effectué à la RE 20B sa dernière course. Lorsqu’une nouvelle époque commence, une autre s’achève. Dorénavant, les descendantes de l’illustre RS 10 ne participeront plus à aucun grand prix après celui de Monaco.
Le premier grand prix de la RE 30 ne sera hélas pas une réussite. Au départ, l’unique RE 30 du peloton, pilotée par Prost, accroche la McLaren MP4 d’Andrea De Cesaris au virage de Sainte Dévote. Mais malgré un tête à queue, la RE 32 reprend du poil de la bête et repart à l’attaque si bien qu’elle parvient à prendre la sixième place à la mi-course. Hélas, le 46ème tour est fatal à la RE 32 : Alain Prost est contraint d’abandonner, moteur cassé. Quant à Arnoux, il abandonne presqu’au même moment. En effet, alors qu’il était attardé, il est sorti de la piste, au virage de Sainte Dévote, au volant de sa RE 26B.
La RE 30 n’a donc pas tenu toutes ses promesses à son premier grand prix disputé. Mais la saison 1981 est encore loin d’être terminée et elle aura bien d’autres occasions de montrer ses nombreuses qualités.
Dans l’optique du grand prix d’Espagne, prévu pour le 21 juin, les RE 30 sont soumises à des séances d’essais très intensives. Mais le 11 juin 1981, Alain Prost, au volant de la RE 30, part à la faute sur le circuit de Dijon Prenois lors d’une séance d’essais privés et vient percuter la glissière de sécurité. Heureusement, Prost est indemne ; mais le choc est si violent que le premier châssis RE 30 est complètement détruit.
L’équipe Renault-Elf ne dispose plus alors que de deux RE 30 : la RE 31, reconstruite après l’accident d’Arnoux à Monaco et la RE 32, toujours en parfait état. C’est tout de même insuffisant. L’ancienne RE 20B dépassée, risque de reprendre du service au moins en tant que voiture de réserve. C’est intolérable pour Gérard Larousse qui demande à Michel Têtu de reconstruire un nouveau châssis. L’équipe d’ingénieurs travaille alors d’arrache pieds et en à peine 1 semaine c’est chose faite : la RE 33 est née. Le 18 juin 1981, à Jarama, René Arnoux prend le volant de ce qui sera sa voiture de course jusqu’au grand prix du Canada : la RE 33. La RE 33 est habillée d’une carrosserie identique à la RE 32 ; mais elle est dotée également d’une nouvelle décoration qui restera la décoration de la RE 30 jusqu’à la fin de la saison. Esthétiquement, cette nouvelle décoration est beaucoup plus en harmonie avec la nouvelle carrosserie. La ligne noire qui s’étend le long du cockpit pour venir rejoindre le sigle Renault est désormais continue et dépourvue de numéro. Ainsi l’on voit apparaître sur chacune des deux dérives verticales, le numéro de la voiture qui a lui aussi changé de style puisqu’il est plus allongé. Un numéro plus petit et de même style remplace le large numéro sur le haut du museau avant, juste en dessous de la petite surface plane. A noter que la RE 30 conservera toujours cette décoration qui la caractérise même après l’inversion des couleurs sur sa carrosserie, à partir du GP de Hollande, effectuée sur celle de Prost et du grand prix d’Italie, effectuée sur celle d’Arnoux.
Aux essais libres du grand prix d’Espagne le jeudi après-midi, René Arnoux constate que sa RE 33 manque d’adhérence au niveau des roues avants alors que la RE 32 d’Alain Prost parvient à réaliser le quatrième temps ; ce qui est honorable vue la sinuosité du circuit de Jarama. Aux essais qualificatifs du samedi, Prost se classe en cinquième position. Mais Arnoux est confronté à des problèmes de turbo aussi bien sur sa voiture de course, la RE 33, que sur la voiture de réserve, la RE 31. Il est donc contraint de partir en 17ème position. Quelle déception !
En début de course, Alain Prost se trouve d’abord avantagé, au volant d’une RE 30 manifestement plus rapide en ligne droite que la Ferrari 126 CK de Gilles Villeneuve qui va malgré tout gagner la course. L’aileron avant de la RE 32, mal fixé, compromet sa tenue de route, à telle point qu’Alain Prost ne peut éviter de bloquer ses roues lors d’un freinage. La RE 32 sort alors de la piste et vient s’engluer dans le bac à sable. C’est le deuxième abandon consécutif pour la RE 30. Arnoux, quant à lui, n’est pas plus chanceux que Prost, puisque confronté aux mêmes problèmes que la veille avec sa nouvelle RE 33, il doit se résoudre à abandonner sur panne de turbo.
A la veille du grand prix de France, la RE 30 ne semble pas encore tout à fait au point, mêmes si les importantes modifications qu’elle a dû subir depuis le 24 février commencent à porter leurs fruits ; d’autant que Dijon est son circuit de prédilection.
III GRAND PRIX DE FRANCE : LA PREMIÈRE VICTOIRE À DOMICILE
Incontestablement, le grand prix de France 1981 restera dans les annales du sport automobile. En effet c’est sur le circuit de Dijon Prenois qui avait vu la première victoire de Jean-Pierre Jabouille et d’une Renault Turbo deux ans plus tôt, qu’Alain Prost remporta la première victoire de sa carrière en offrant à la RE 30 son premier succès. C’était le dimanche 5 juillet 1981...
26 ans plus tard, on s’en souvient encore…
Les deux semaines qui ont suivi le grand prix d’Espagne ont été l’occasion pour l’équipe Renault-Elf d’effectuer de nombreux essais sur le circuit de Dijon Prenois, qui se trouve être le circuit de prédilection de la RE 30, en prévision du grand prix de France.
La RE 32 d’Alain Prost est redécorée sur le modèle de la RE 33 de René Arnoux. On assiste également à l’apparition, sur la RE 30, d’un nouvel aileron avant avec des dérives aux angles arrondis qui remplacent les anciennes dérives de forme triangulaire. En ce début du mois de juillet, les RE 30 ont fière allure lorsqu’elles s’élancent sur circuit de Dijon Prenois lors de la séance des essais libres du grand prix de France. A noter que la RE 31 sert de voiture de réserve comme pour le grand prix d’Espagne.
Malgré les nombreuses averses intermittentes qui s’abattent sur la piste et les difficultés de réglage des pneumatiques qui en découlent, les RE 30 se portent à merveille et ce sont les deux bolides jaunes et noirs qui dominent les séances d’essais, même si Prost est confronté à des problèmes d’adhérence avec la RE 32. Quant à Arnoux, au volant d’une RE 30 qui file comme l’éclair, ses résultats atteignent enfin le niveau de son talent : il réalise sa première pôle position de la saison aux essais qualificatifs. Il s’agit de la première pôle position de la RE 30 ! Prost parvient tout de même à se classer en troisième position, malgré ses problèmes de tenue de route et du fait d’une pression du turbo inférieure à celle de la RE 33 d’Arnoux. Pour augmenter sa vitesse de pointe, Arnoux avait fait enlever ses deux prises d’air de type« NACA », alors que Prost avait décidé finalement de les faire remettre avant la séance d’échauffement du dimanche matin, en espérant ainsi remédier à son problème de tenue de route.
Néanmoins, dès le départ du grand prix de France, à la surprise générale, la RE 33 d’Arnoux est débordée par la Brabham BT 49C de Nelson Piquet qui s’empare ainsi du commandement. John Watson le suit de loin avec sa McLaren MP4 tandis qu’Alain Prost, au volant de sa RE 32 essaye tant bien que mal de remonter sur lui, sans succès pour le moment. La RE 32 de Prost souffre en effet de deux problèmes : l’un, aérodynamique, l’aileron à porte à faux avant, mal fixé, part dans tous les sens, et l’autre, mécanique, le quatrième rapport de la boîte de vitesse est défaillant ; ce qui fait qu’avec une formule 1 largement plus rapide que les deux voitures de tête, il ne parvient pas à les rattraper. Prost s’efforce alors de ménager la boîte de vitesse de sa RE 32 ; tandis qu’Arnoux, loin derrière, en huitième position est confronté au même problème avec sa RE 33.
Mais à mi-course, des nuages noirs couvrent le ciel de Dijon. Soudain, un violent orage se déclare et la pluie s’abat sur la piste. Au 58ème tour, un rideau d’eau est descendu sur le circuit. C’est pourquoi les organisateurs décident d’arrêter la course, alors que les concurrents n’avaient pas encore parcouru plus des trois quarts de la totalité de la distance à couvrir. Or le règlement stipule que dans ce cas, un deuxième départ doit être donné une fois l’orage passé. La course se disputera donc en deux manches et la victoire sera donnée par addition des temps. Celui qui aura réalisé le meilleur temps des deux manches sera déclaré vainqueur.
Mais Prost est furieux. En effet, il redoute un second départ, car il a peur que la boîte de vitesse de la RE 32 ne vienne à lâcher. Par chance, l’interruption de course dure 45 minutes. Les réparations étant autorisées dans ce cas exceptionnel, Michel Têtu et son équipe d’ingénieurs en profitent pour démonter la boite de vitesse de chacune des deux RE 30, pour débloquer le quatrième rapport. L’aileron avant de la RE 32 de Prost est fixé sur un nouveau support en aluminium. La décision de Gérard Larousse a été également capitale. Prenant en compte le nombre réduit de tour à parcourir (22), il décide avec des techniciens de Michelin de prendre le risque de faire chausser les RE 30 de pneus tendres. Watson prend également le second départ avec sa MP4 chaussée de pneus tendres. Piquet fait en revanche le mauvais choix : il opte pour des pneumatiques à gomme dure.
En effet, à la grande surprise de Nelson Piquet, la pluie s’est arrêtée et la piste a séché. Alain Prost ayant retrouvé l’usage de sa quatrième vitesse et disposant maintenant d’un aileron avant bien fixé, dépasse Watson et Piquet dès les premiers mètres. La RE 32 de Prost prend alors la tête du grand prix de France, tandis qu’Arnoux est toujours privé de l’usage du quatrième rapport de sa boîte de vitesse ; ce qui l’empêche de réaliser un doublé historique. Il ne peut en aucune façon tenter de dépasser Piquet et Watson sans casser sa boîte de vitesse. René Arnoux décide alors, dans ces conditions de lever le pied pour conserver son honorable quatrième place. Mais devant, Watson, au volant d’une MP4 très rapide dans les courbes, remonte sur la RE 32 de Prost et le double, non sans difficulté, car la Renault-Elf rattrape très vite la McLaren dans les lignes droites. C’est alors qu’un magnifique duel s’engage. Prost déboîte d’un seul coup après avoir pris l’aspiration de la voiture de son adversaire et le dépasse sans difficulté, au volant d’une RE 30 au fait de sa puissance. En bouclant son dernier tour, Alain Prost, grandiose, alors qu’il est encore dans la dernière ligne droite, ne peut s’empêcher de contenir sa joie et lève les bras vers le ciel alors qu’il est à plus de 300 km/h, en franchissant pour la première fois la ligne d’arrivée, en tête sous le drapeau à damiers ! Quant à René Arnoux, il réussit à terminer en quatrième position.
Prost et sa RE 30 viennent de réitérer, le 5 juillet 1981, l’exploit de Jabouille et de sa RS 10 à Dijon un certain 1er juillet 1979. Si « le ciel a sauvé Prost » comme se plait à titrer le magazine Sport Auto, on peut également ajouté que c’est la RE 30 et plus particulièrement la RE 32 qui a sauvé Prost ! En effet, ayant pulvérisé le record de Nelson Piquet effectué lors de la première manche, Alain Prost, grâce à la RE 30, est déclaré vainqueur de la deuxième manche et du grand prix de France.
Dijon restera pour toujours, le circuit des Renault Turbo. Le grand prix de France 1981 restera quant à lui, plus que jamais le jour de la première victoire et du triomphe de la RE 30.
La nouvelle formule 1 a enfin concrétisé tous les espoirs et c’est alors que s’annonce un été plein d’espoirs jaunes et noirs
IV UN ÉTÉ PLEIN D’ESPOIRS JAUNES ET NOIRS
Le grand prix de France 1981 a véritablement marqué l’avènement de la RE 30. La magnifique victoire d’Alain Prost à Dijon a montré que la nouvelle formule 1 est enfin opérationnelle. Mais la RE 30 doit désormais confirmer sa belle performance dans des conditions normales.
Les deux semaines précédant le grand prix d’Angleterre, qui doit se tenir sur le mythique circuit de Silverstone le 19 juillet 1981, seront l’occasion pour la RE 30 de connaître, de nouveau, d’importantes améliorations aérodynamiques. Les prises d’air « NACA » font désormais partie intégrante de la carrosserie des RE 30. L’aileron arrière traditionnel « Renault Sport » doit laisser la place à un nouvel aileron arrière plus conventionnel ; ce qui donne à la RE 30, une ligne encore plus fluide qu’auparavant, augmente l’effet de sol et sa vitesse de pointe. Alors que la RE 30 atteignait encore péniblement les 315 km/h à Dijon, lorsqu’elle arrive à Silverstone le 15 juillet, après quelques améliorations techniques, elle réalise des pointes entre 330 et 340 km/h pour une puissance du turbo portée à 585 CV environ ; ce qui en fait la voiture la plus rapide du plateau. Même la nouvelle Brabham BT 49C Turbo ne parvient pas à dépasser les 320 km/h. Avec la RE 33, Arnoux réalise la pôle position dès le jeudi après-midi et confirme les jours suivants notamment aux essais qualificatifs du samedi après-midi. Alain Prost, avec des réglages différents de ceux de René Arnoux, se classe en deuxième position avec sa RE 32. La première ligne de la grille de départ du grand prix d’Angleterre est jaune et noire pour la première fois de la saison. La RE 30 a littéralement écrasé ses rivales aux séances d’essais à telle point que René Arnoux au volant de sa RE 33 a battu le meilleur temps du circuit. Pourtant la chaleur torride qui règne à Silverstone ne présage rien de bon pour les moteurs suralimentés.
Dès le signal du départ du grand prix d’Angleterre, c’est Alain Prost qui s’élance en tête au volant de sa RE 32, devant René Arnoux, au volant de sa RE 33. Les deux RE 30 caracolent en tête. Elles démontrent ainsi une bonne fois pour toute aux équipes anglaises que le ridicule surnom de « théière jaune » donné aux Renault Turbo en 1977 à cause du moteur qui fumait et du temps de réponse du turbo, n’est plus du tout justifié. Sur le sol anglais, il semble désormais que les RE 30, imbattables, roulent vers un doublé historique. Mais hélas le 18ème tour est fatal à la RE 32. Prost doit se résoudre à abandonner, soupapes grillées, alors qu’il était pratiquement sûr de gagner ! La RE 33 de René Arnoux prend alors la tête de la course et domine le grand prix d’Angleterre de bout en bout. Malheureusement, le moteur de la RE 33 se met à fumer à sept tours de la fin. John Watson au volant d’une McLaren MP4 en pleine forme parvient sans difficulté à dépasser la RE 30 défaillante et à prendre la tête de la course. Le public anglais exulte et Watson remporte le grand prix d’Angleterre 1981 après avoir remonté tout le peloton et profité de la malchance d’Alain Prost et de René Arnoux. Ce dernier n’a même pas la consolation d’une brillante deuxième place, le moteur de sa RE 30 rendant l’âme à seulement trois tours de la fin. La RE 33 vient s’arrêter sur le bas côté et c’est un nouveau coup du sort qui frappe l’équipe Renault-Elf : Arnoux n’a d’autre choix que d’abandonner.
Comme les autres Renault Turbo, le talon d’Achille de la RE 30 semble être la fiabilité.
Ce qui devait être le triomphe de la RE 30 a été le triomphe de la MP4. Et c’est la firme KKK qui en est en partie responsable, l’équipement livré n’étant pas adapté au moteur de la RE 30, trop sophistiqué. René Arnoux rapporte à l’équipe la maigre consolation d’avoir fait le meilleur temps en course.
Néanmoins c’est avec la rage de vaincre que l’équipe Renault-Elf arrive sur le circuit d’Hockenheim le 30 juillet pour disputer le grand prix d’Allemagne qui doit avoir lieu le dimanche 2 août 1981 et elle a bien l’intention de laver l’affront de Silverstone à cette occasion. Alain Prost et René Arnoux ont déjà chassé le mauvais souvenir de la débâcle du grand prix d’Angleterre.
Il n’y a pas à dire, sur le tracé rapide d’Hockenheim, les RE 30 font la loi. Alain Prost, au volant d’une RE 30 au mieux de sa forme, signe la première pôle position de sa carrière ; tandis qu’Arnoux réalise le deuxième temps. Comme à Silverstone, la première ligne est jaune et noire. Mais la question se pose maintenant : les RE 30 vont elles supporter les rigueurs de la course ? Rien est moins sûr. En effet la température est, comme en Angleterre, caniculaire. Dès lors une surchauffe des moteurs, qui peut-être fatale aux RE 30, est à redouter par dessus tout. Néanmoins, Prost s’élance en tête au départ du grand prix d’Allemagne, au volant de sa RE 32 qui semble bien se comporter. René Arnoux, au volant de sa RE 33, suit la RE 32 de Prost. Un doublé a l’air envisageable. Mais quelques tours plus tard, Arnoux n’est pas aussi chanceux que Prost : il est victime d’une crevaison suite à une touchette de la Brabham BT 49C de Nelson Piquet qui n’en est même pas endommagée. En tête du peloton, Alain Prost se fait rattrapé par Alan Jones, au volant de la toute nouvelle version de la Williams FW 07C qui se montre plus rapide dans les virages que la RE 32 du Français. Un superbe duel s’engage alors entre Jones et Prost ; ce dernier contenant, avec beaucoup de sang froid pour sa jeunesse, les assauts de l’Australien déchaîné. Mais juste après avoir dépassé René Arnoux, attardé, Prost se fait prendre par surprise par Jones qui a profité de cette occasion pour l’attaquer dans le virage de la Sachs Kurve. Sûr des performances de la RE 30, Prost accélère au maximum en ligne droite pour tenter de rattraper la FW 07C de Jones, normalement moins rapide. Mais en raison du dérèglement d’un limiteur de régime qui s’est mis à couper 600 tours de trop, au lieu de tourner à 11000 tours/min en course, le moteur de la RE 30 tourne désormais à seulement 10400 tours/min. La RE 32 de Prost perd ainsi beaucoup de sa puissance et de sa vitesse habituelle. Mais par chance, le moteur atmosphérique V8 Ford Cosworth de la Williams FW 07C de Jones fait des siennes, du fait d’un problème de suralimentation. En conséquence, l’Australien est contraint de retourner à son stand et se retrouve 11ème. Pourtant Prost est dans l’impossibilité de reprendre la tête, la Brabham BT 49C de Nelson Piquet, au mieux de sa forme, ayant remonté sur la RE 32 en difficulté. Piquet dépasse Prost et remporte le grand prix d’Allemagne ; ce qui le relance pour la course au titre. Quant à Alain Prost, il réalise à cette occasion la première deuxième place de sa carrière, mais sa déception est grande, la victoire lui ayant échappé de si peu...
Pourtant, refusant de se laisser abattre, l’équipe Renault-Elf se rend sur le circuit de Zeltweg dans les montagnes autrichiennes en prévision du grand prix d’Autriche qui doit se tenir le dimanche 16 août 1981, espérant enfin gagner.
Jean-Pierre Jabouille, devenu directeur technique de l’équipe Ligier, se remémore son éblouissante victoire de l’année passée à ce même grand prix d’Autriche ; une victoire qui s’avéra être plus tard, hélas, la dernière de sa carrière. La RE 30 semble être en mesure de pouvoir renouveler la performance de son aïeul, la RE 20. Jabouille, nostalgique, sourit devant la détermination d’Alain Prost et de René Arnoux, bien décidés à remporter une victoire qui vient de leur échapper par deux fois en Angleterre et en Allemagne. La conjugaison de gommes tendres et de la bonne santé des moteurs suralimentés en altitude, tout cela ajouté à l’extraordinaire rapidité des RE 30, leurs permettent de monopoliser la première ligne pour la troisième fois consécutive. Il n’y a pas de doute, dans des circuits aussi rapides, les RE 30 surclassent leurs rivales grâce à leur grande puissance et à leur rapidité en ligne droite. René Arnoux réalise sa troisième pôle position de la saison tandis qu’Alain Prost fait le deuxième temps.
Au départ du grand prix d’Autriche, c’est Gilles Villeneuve au volant de sa Ferrari 126 CK Turbo qui prend la tête. Mais au deuxième tour, voulant résister à l’attaque de Prost, au volant de sa RE 32, Villeneuve sort de la piste à la chicane et entraîne dans son sillage Carlos Reutemann, au volant de sa Williams FW 07C, dans l’échappatoire. Prost et Arnoux prennent alors la tête de la course, ainsi qu’une avance considérable de 19 secondes sur leurs poursuivants. Mais hélas, ils ne sont pas au bout de leur peine. En effet au 27ème tour, le basculeur gauche de la suspension avant de la RE 32 casse et Prost doit abandonner comme à Silverstone, la mort dans l’âme. René Arnoux prend alors le commandement. Mais Jacques Laffite, au volant de sa Talbot Ligier JS 17 remonte inexorablement sur Arnoux, au volant de sa RE 33, qui ne peut faire autrement que de s’incliner devant lui au 39ème tour et de se contenter ainsi de sa première deuxième place de la saison.
Mais la victoire, si proche pourtant, est manquée une fois de plus, comme précédemment. L’équipe Renault-Elf encourage Alain Prost qui peut encore espérer un titre de champion du monde s’il remporte les quatre derniers grands prix de la saison.
Ce troisième chapitre s’achève ici, en ce 16 août 1981, non pas que l’été soit fini, mais Alain Prost vient de courir son dernier grand prix au volant de la RE 30 de première génération. Le temps des espoirs va également laisser la place à la concrétisation, mais cette domination sera trop tardive.
V UNE DOMINATION TROP TARDIVE
A la fin du mois d’août 1981, la RE 30, arrivée à maturité, malgré une magnifique victoire au grand prix de France, ne compte qu’une victoire à son actif au bout de six grands prix disputés. Si sa puissance et sa rapidité sont indéniables, c’est sa fiabilité en course qui fait défaut.
L’équipe Renault-Elf ne peut pas non plus risquer de continuer la saison avec seulement trois voitures. Si jamais par malheur, une des trois RE 30 était détruite, comme le premier châssis le 11 juin, dans un accident, la RE 20B devrait reprendre du service au moins en tant que voiture de réserve ; ce que Gérard Larousse ne peut permettre. Il ne reste plus qu’à Michel Têtu et à son équipe d’ingénieurs de se mettre à l’ouvrage pour construire un nouveau châssis.
Le 25 août 1981, la toute nouvelle RE 34 effectue ses premiers tours sur le circuit de Croix en Ternois dans le Nord de la France, l’équipe Renault-Elf y faisant escale avant de se rendre sur le circuit de Zandvoort pour disputer le grand prix de Hollande, prévu pour le dimanche 30 août 1981. La RE 34 marque le début d’une nouvelle génération de RE 30 et sonne hélas le glas de l’ancienne, reconditionnement des châssis oblige. De l’extérieur, ce qui frappe le plus en regardant cette nouvelle RE 30, est l’inversion des couleurs sur la carrosserie ainsi que l’apparition d’un nouvel aileron avant doté de nouvelles dérives aux angles plus pointus et de couleur jaune. Le capot moteur est légèrement réduit sur les côtés, laissant ainsi apparaître au grand jour les sorties des turbos. Le châssis RE 34 est également plus léger que les autres châssis RE 30 utilisés. Il faut ajouter à cela que les flancs des pontons sont désormais réglables ; ce qui permet le meilleur ajustement possible des jupes coulissantes par rapport au sol. Quant à René Arnoux, il est toujours au volant de la RE 33 d’ancienne génération, configurée de la même façon que pour le grand prix d’Autriche et décorée « à l’ancienne ». Il fera faire à la RE 30 de première génération son dernier grand prix à Zandvoort où va s’effectuer le passage du témoin entre les deux RE 30.
Alain Prost, au volant de la RE 34, signe, grâce à l’efficacité de sa nouvelle RE 30, la deuxième pôle position de sa carrière, tandis qu’Arnoux, au volant de sa vieillissante RE 33 qui a encore de beaux restes, réalise le deuxième temps. Pour la quatrième fois consécutive, les RE 30 ont dominé les séances d’essais malgré un tracé cette fois-ci en principe défavorable aux Renault Turbo, de par les nombreux virages qu’il comporte. De ce fait, la première ligne est à nouveau jaune et noire. Mais rien n’est gagné pour autant. En effet les RE 30 tiendront-elles la distance ? En plus d’être puissante et rapide, la RE 34, représentante de la nouvelle génération de RE 30, fera t-elle preuve enfin de fiabilité ?
Le départ du grand prix de Hollande 1981 est sans aucune surprise. En effet, Alain Prost, au volant de sa RE 34, prend d’emblé la tête de la course. René Arnoux le suit de loin, au volant de sa RE 33, en deuxième position. Il essaye tant bien que mal de couvrir son coéquipier en tête ; mais Alan Jones, au volant de sa Williams FW 07C multiplie ses attaques contre lui et le duel tourne court : Jones dépasse Arnoux et peu avant le 20ème tour, il parvient à rejoindre Prost. Un duel très spectaculaire et du même niveau qu’à Hockenheim, s’engage alors. Jones déboîte et parvient à doubler Prost au 22ème tour. Mais ce dernier ne se laisse pas faire, bien au contraire. Malgré la fougue dûe à sa jeunesse, le jeune loup attend patiemment son heure et prend Jones à son propre piège en le dépassant au virage suivant. Au moment où les deux formules 1 descendent la longue ligne droite des stands, la RE 34 d’Alain Prost est blottie derrière la FW 07C d’Alan Jones. Les deux voitures, roues dans roues, fondent littéralement sur la Tyrrell 011 de l’attardé Eddie Cheever, qui n’a d’autre choix que de les laisser passer. Fin calculateur, Jones laisse passer Prost qui déboîte, mais le réattaque de plus belle au virage de Tarzan. Grâce à la forme relevée de l’épingle et à l’aspiration prise sur la RE 34 de Prost, Jones vire à l’extérieur. La Williams Cosworth et la Renault-Elf Turbo négocient le virage côte à côte. En sortie de virage, la RE 34, opérationnelle et par conséquent, plus rapide que la FW 07C, permet à Prost de reprendre le commandement avec autorité. Le grand Alan Jones, champion du monde en titre est vaincu par le jeune Français qui, faisant preuve d’une étonnante maturité, devient ce jour là, « Le Professeur ». Quelques tours plus tard, Alan Jones paye le prix de ses efforts. Avec des pneus en très mauvais état, il ne peut s’opposer à Nelson Piquet qui le dépasse sans difficulté au volant de sa Brabham BT 49C. En tête de course, la RE 30 a tenu le coup aussi longtemps pour la première fois depuis le grand prix de France. La nouvelle RE 34 permet à Prost de remporter une éclatante victoire, après avoir dominé la course de bout en bout. Pour la première fois, la RE 30 a enfin montré tout son potentiel aussi bien au niveau des performances que de la fiabilité. Le grand prix de Hollande 1981 restera à jamais le week-end du triomphe de la RE 30 et de Prost : pôle position, domination de la course et enfin la victoire tant attendue. Jamais la RE 30 dans son éphémère histoire ne refera pareille performance. Mais vu la performance de Zandvoort, Alain Prost commence à envisager sérieusement une deuxième victoire consécutive à Monza.
Les semaines précédant le grand prix d’Italie, qui doit se tenir sur le circuit de Monza, le dimanche 13 septembre 1981, ne sont pas de tout repos pour l’équipe Renault-Elf. Tous les châssis RE 30 sont reconfigurés comme la RE 34 d’Alain Prost, dont bien sûr, la RE 33 de René Arnoux ; sauf la voiture d’essais, la RE 31 et la RE 32, voiture de réserve, qui conservent encore un temps l’ancienne décoration et l’ancien aileron avant. Néanmoins, la RE 31 subit une série de tests qui donne une idée de la prochaine évolution de la RE 30 : un aileron arrière en fibre de carbone est installé sur la voiture. Les ailerons en carbone sont destinés à remplacer les ailerons en aluminium d’ici la fin de la saison. La RE 32 conserve donc son statut de voiture de réserve comme à Zandvoort.
Arrivé à Monza, Alain Prost alterne les essais entre sa voiture de course, la RE 34 et sa voiture de réserve, la RE 32. Quant à René Arnoux, au volant de sa RE 33, il décroche une nouvelle fois la pôle position ; tandis que Prost, confronté pour la première fois à des problèmes d’adhérence avec sa RE 34, ne peut réaliser que le troisième temps. Avec sa RE 34, Alain Prost prend la tête de la course dès le départ du grand prix d’Italie, à la première chicane. Mais une averse se déclare quelques tours plus tard et René Arnoux n’est pas aussi chanceux qu’Alain Prost. Il sort de la piste et abandonne au 13ème tour, suite à un accrochage avec la Tyrrell 011 d’Eddie Cheever.
Alain Prost n’est pas inquiété pour autant des infortunes de ses adversaires. La mythique RE 32 se comporte à merveille, si bien qu’après avoir dominé la course de bout en bout en laissant sur place tous ses adversaires, Prost, tel Jim Clark, s’envole vers sa troisième victoire de la saison et franchit pour la deuxième fois consécutive la ligne d’arrivée sous le drapeau à damiers.
Le grand prix d’Italie a bien été sans nul doute « le récital de la Renault Turbo » comme l’affirme les journalistes du magazine Grand Prix International.
La RE 30 vient de remporter sa deuxième victoire consécutive de la saison. Au mieux de sa forme, elle semble être partie pour dominer toute la fin de la saison. Mais il s’avéra par la suite qu’en ce dimanche 13 septembre 1981, elle venait de remporter sa troisième et dernière victoire. Après cette domination trop tardive, allait venir le temps plus sombre, entre nous soit dit, des derniers grands prix.
VI LES DERNIERS GRANDS PRIX
Après ses deux coups d’éclat à Zandvoort et à Monza, la RE 30 pilotée par Alain Prost semble donnée pour favorite du grand prix du Canada. Mais les bons résultats de la RE 30 arrivent trop tard. Un titre de champion du monde pour Alain Prost n’est plus envisageable sans un miracle. Il faudrait pour cela que l’équipe Williams ainsi que l’équipe Brabham connaissent la même malchance qui s’était abattue sur l’équipe Renault-Elf au début de la saison. Mais encore faudrait-il également que Prost remporte les deux derniers grands prix de la saison. Dans cette optique, de nombreuses améliorations sont effectuées sur les RE 30. Le système d’injection est complètement transformé. La pompe mécanique est désormais assistée par un petit moteur fonctionnant avec un système électronique ; ce qui permet d’optimiser les dosages. On note également grâce à cela une légère baisse de la consommation ; ce qui est loin d’être négligeable en course. Mais ce nouveau système électronique risquerait d’empêcher les RE 30 de démarrer si jamais par malheur il tombait en panne. Gérard Larousse ne peut se permettre de prendre ce risque. Ce sera finalement la RE 30B qui inaugurera ce nouveau système au cours de la saison 1982. Néanmoins le V6 Turbo présente un positionnement différent des injecteurs et de nouveaux conduits d’admission. Un autre changement important est effectué au niveau des pneumatiques. Les RE 30 sont en effet équipées de roues avants de 13 pouces et chaussées de gommes Michelin de type X en remplacement des gommes TRX nécessitant des pneumatiques de 14,5 pouces, installés en cours de saison 1980 sur les RE 20 pour résoudre les problèmes de frein. Alain Prost estime le gain de temps obtenu à plus d’une seconde au tour. Grâce à ces modifications techniques, la RE 30 gagne en efficacité en entrée de courbe. Durant les essais du grand prix du Canada, elle va subir une dernière évolution aérodynamique. Alors que la RE 33 de René Arnoux n’a, de l’extérieur, subi aucune modification depuis le grand prix d’Italie, la RE 34 d’Alain Prost est dotée de nouveaux ailerons en carbone. La saison 1982 se profile déjà à l’horizon. La RE 33 d’Arnoux, encore équipée d’ailerons en aluminium, va effectuer son dernier grand prix.
Mais sur le tracé sinueux de Montréal, pour la première fois depuis le grand prix de France, les RE 30 ne parviennent pas à dominer les séances d’essais. Alain Prost réussit quand même à effectuer le quatrième temps aux essais qualificatifs, tandis que René Arnoux est en quatrième ligne.
Le jour du grand prix du Canada, le 27 septembre 1981, une pluie torrentielle s’abat sur le circuit ; si bien qu’à quelques minutes du départ, la piste est largement détrempée. De larges flaques d’eau jonchent le sol. Le départ est impressionnant : les voitures s’élançant à toute allure sur la piste, entraînent la formation d’un épais brouillard d’eau ; tant et si bien que les pilotes sont aveuglés. Alan Jones, au volant de sa Williams FW 07C prend la tête, suivi de très près par Nelson Piquet à bord de sa Brabham BT 49C. On n’avait pas vu cela depuis le grand prix de Monaco ! Alain Prost, au volant de sa RE 34 n’est que 3ème tandis que l’infortuné René Arnoux est poussé par la Ferrari 126 CK de Gilles Villeneuve. La RE 33 sort de la piste et vient percuter le mur de pneus. La violence du choc fait que l’aileron avant se détache avec une partie du museau avant. Arnoux est hors course.
En tête du peloton, Jones qui s’efforce tant bien que mal de contenir les assauts de Piquet, fait glisser sa voiture et part en tête à queue. Dans la foulée, Prost au volant de sa RE 34 et Laffite au volant de sa Talbot Ligier JS 17, en profitent pour prendre la tête de la course et se disputer la victoire.
Mais Prost en tête, ne parvient pas à résister aux attaques de Laffite sous une pluie battante, et décide de lever le pied pour laisser passer la Ligier ; tandis que Watson et sa MP4 ne tardent pas à ne faire qu’une bouchée de la RE 34, en difficulté. Puis c’est au tour de Gilles Villeneuve, pourtant à bord d’une Ferrari 126 CK dont l’avant est très endommagé, de dépasser Prost. Ce dernier décide alors de rester sagement derrière pour ramener les quelques points de la quatrième place. Hélas, dans le sillage d’un attardé, Prost ne voit pas la Lotus 87 de Nigel Mansell qui reprend la piste après un tête à queue. La Renault percute alors la Lotus et c’est l’abandon pour Prost. En tête, Laffite l’emporte devant Watson et Villeneuve qui, fidèle à sa légende d’acrobate, termine la course 3ème avec une voiture dépourvue de jupes coulissantes, sans aileron avant et avec le museau avant arraché ! Dans ce déluge d’eau, le règne éphémère de la RE 30 semble s’achever en même temps que l’été.
La saison 1981 va prendre fin à l’occasion du second grand prix des États Unis, qui doit avoir lieu sur le circuit du Caesar’s Palace, le plus grand casino de Las Vegas. Tout comme Alan Jones, Alain Prost, quatrième au championnat du monde des pilotes, a perdu toute chance de remporter le titre après le fiasco de Montréal. Pour combler le tout, une grosse angine a tenu Prost alité durant quelques jours. Encore souffrant, il ne parvient pas à faire mieux que le quatrième temps, alors que sa RE 34 se comportait à merveille. Quant à Arnoux, il doit faire face à de nombreux problèmes : le samedi matin, il est victime d’une violente sortie de piste qui endommage très gravement sa voiture de course, la RE 33. Signalons également que la RE 31 et la RE 32 sont restées à Viry Châtillon pour effectuer des tests aérodynamiques en soufflerie en prévision de la saison 1982. Pour la RE 30, c’est le début de la fin...
A cette occasion, Arnoux se voit confier la nouvelle voiture de réserve qui n’est autre que le tout premier châssis RE 30 détruit le 11 juin et reconstruit récemment. Il est rebaptisé RE 30/33 du fait de sa configuration identique à la RE 33 de René Arnoux. La RE 30/33 d’Arnoux est également dotée d’ailerons en carbone comme la RE 34 de Prost. Mais rien y fait : la RE 30/33 n’est manifestement pas encore au point. Du coup, Arnoux ne peut réaliser que le 11ème temps.
Le dernier grand prix de la saison, à Las Vegas, le 2 octobre 1981, est plein de rebondissements. Alan Jones prend la tête de la course pour ne plus la quitter par la suite. Mais Carlos Reutemann, un des principaux prétendants au titre avec Nelson Piquet et Jacques Laffite, est trahi par la boîte de vitesse de sa Williams FW 07C. Quant à Alain Prost, au volant de sa RE 34, en quatrième position en début de course, parvient, après avoir pris la précaution d’aller changer au stand ses pneumatiques usagés, à prendre la deuxième place. Nelson Piquet remporte la troisième place et avec elle, le titre de champion du monde des pilotes, grâce aux nombreux points qu’il a récolté tout au long de la saison avec une voiture non réglementaire. On peut également faire la même remarque pour l’équipe Williams qui remporte le titre des constructeurs.
Quant à la RE 30, fleuron de l’équipe Renault-Elf, elle permet à cette dernière de se hisser pour la première fois à la troisième place au championnat du monde des constructeurs. La RE 30B ne fera pas mieux en 1982. Il faudra attendre 1983 et la RE 40 pour voir détrôner la RE 30. Alain Prost doit, quant à lui, se contenter d’une médiocre cinquième place au championnat du monde des pilotes qui n’est aucunement révélatrice du talent dont il a fait preuve durant la saison 1981. L’équipe Renault-Elf va alors mettre tout en oeuvre durant l’intersaison 1981-1982 pour remporter le double titre de champion du monde tant mérité en 1981. Les jours sont désormais comptés pour la vieillissante RE 30.
VII DERNIERS TOURS DE PISTE À KYALAMI
C’est en effet aux essais du grand prix d’Afrique du Sud, sur le circuit de Kyalami, le samedi 22 janvier 1982, à 14h40, que la RE 30 effectue son dernier baroud d’honneur. La RE 34 de Prost, victorieuse du grand prix de Hollande 1981, tire sa révérence après avoir effectué les six derniers tours de sa carrière éphémère. Dans l’indifférence générale, cette vieille RE 30, désormais dépourvue de son majestueux aileron à porte à faux avant en raison de la réapparition des jupes coulissantes, laisse la place à la toute nouvelle RE 30B, plus pataude et moins allurée. Pourtant, la RE 30 avait été essayé par de nombreux journalistes de la presse automobile le 26 novembre 1981 et elle était encore sensée, à cette date, reprendre du service telle qu’elle en 1982. Cela se révéla être un adieu suite à la nouvelle du changement très brutal de règlement, seulement deux semaines avant le début de la saison 1982. Mais l’équipe Renault-Elf était déjà fin prête. Déjà, la RE 30/33, ex RE 30, avait fini d’exister le 22 décembre 1981,transformée très vite en maquette de soufflerie RE 30B/0. La RE 30 subit donc le même sort que la RS 10 et la RE 20. En effet, aucun châssis RE 30 ne fut épargné par la transformation en RE 30B et même par l’annihilation pure et simple. A la fin du mois de janvier 1982, devenue inutile, comble de l’horreur, la RE 31 avait été mise en pièce détachées par Bernard Hanon et confiée à Jean Tinguely pour la réalisation de son abominable sculpture Pit Stop ! Quant à la mythique gagnante du grand prix de France et du grand prix d’Italie 1981, la RE 32, elle subit le même sort que les autres et fut transformée, le 13 janvier 1982, en RE 30B/5, voiture d’essais qui se trouve désormais à la réserve de l’usine Renault de Flins en région parisienne. La RE 34, mythique victorieuse du grand prix de Hollande 1981, fut transformée en RE 30B/4. Cette dernière finit sa carrière dans le mur de sécurité au grand prix de Monaco 1982, à trois tours de la fin, alors qu’elle allait permettre à Alain Prost de remporter sa première victoire en principauté. La RE 33, enfin, voiture de course de René Arnoux du grand prix d’Espagne jusqu’au grand prix du Canada 1981, aura été la RE 30 qui a eu la vie la plus longue, puisqu’elle ne sera transformée que le 24 juin 1982, en RE 30B/9, aujourd’hui à Flins aux côtés de la RE 30B/5.
Pour les uns cela n’aura été qu’une simple évolution, mais pour d’autres, au contraire, une triste fin pour une si belle et vaillante formule 1.
Quel gâchis ! Quand bien même les autres châssis RE 30 auraient été utiles à l’équipe Renault-Elf pour développer la RE 30B, il reste toujours que la RE 31 aurait pu rester la dernière RE 30 existante aujourd’hui, mais les gens de Renault ne l’ont pas voulu ainsi. Et pourtant la RE 22B avait été confié aux bons soins de la Régie, alors pourquoi n’en a t-il pas été de même pour la RE 31 ? En fait l’équipe Renault-Elf était tellement occupée à préparer activement la saison 1982 pour se donner les moyens d’être championne du monde, qu’elle n’a pas pensé une seconde à l’histoire et il n’y a que des passionnés pour déplorer la perte de ces fabuleuses voitures qui ne sont pour les gens de Renault que des châssis, autant dire de vulgaires carcasses, des tas de ferraille qui ne servent qu’à gagner des courses et à être champion du monde pour faire de la bonne publicité et gagner ainsi davantage de parts de marché. Moralité, la voiture qui a donné à Alain Prost sa première victoire a cessé à jamais d’exister et le pire de l’histoire est qu’elle a été oubliée !
CONCLUSION
Malgré son échec final dans la course au titre, la RE 30 aura finalement sauvé l’équipe Renault-Elf du désastre. Elle aura permis tout de même à Renault Sport de remporter la troisième place du championnat du monde des constructeurs et à Alain Prost, malgré une médiocre cinquième place, d’entrer dans l’histoire en remportant sa première victoire.
En outre et c’est ce qui a motivé l’envie d’écrire ce présent essais, elle restera une formule 1 d’une exceptionnelle beauté magnifiquement bien décorée et grâce à une ligne d’une incroyable fluidité que la RE 30B n’aura jamais pu égaler. Et c’est pour ne point vous la faire oublier que ce récit vous a été plaisamment conté.
ANNEXES
Liste de tous les châssis type RE 30 de 1981
RE 30 : 24 février 1981-11 juin 1981
Particularités :
prototype et voiture d’essais
RE 30/33 : 30 septembre 1981-22 décembre 1981
Particularités :
ex RE 30, voiture de réserve au second grand prix des Etats Unis à Las Vegas. René Arnoux dispute le dernier grand prix de la saison à son bord, suite à son accident aux essais avec la RE 33.
RE 31 : 8 mai 1981-fin janvier 1982
Particularités :
: voiture de réserve du grand prix d’Espagne jusqu’au grand prix d’Autriche 1981 puis voiture d’essais.
RE 32 : 8 mai 1981-8 janvier 1982
Particularités :
voiture de course d’Alain Prost, du grand prix de Monaco jusqu’au grand prix d’Autriche 1981 . C’est la voiture qui a donné à Alain Prost sa première victoire au grand prix de France, le 5 juillet 1981, sa première pôle position et sa première deuxième place au grand prix d’Allemagne, le 2 août 1981.
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Benoît