Le Tour Infernal
sam 03 jui, 21h24
En prenant le meilleur sur Petter Solberg au cours de la boucle matinale, Sébastien Loeb, Daniel Elena et la Xsara WRC s'étaient hissés à la deuxième place. Attaquant sans relâche durant le second tour, ils étaient revenus à 25 secondes de Marcus Grönholm à la sortie de l'ES12. C'est alors « dans ‘Psatha 2', spéciale numéro treize » dit le superstitieux Daniel Elena, qu'à débuté une odyssée qui restera dans les mémoires de l'équipe Kronos Total Citroën WRT.
« Depuis le départ de cette boucle, et notamment dans ‘Kineta', les voitures et surtout les pneus vivaient un véritable enfer, racontent Seb et Daniel. Un kilomètre et demi après le départ de ‘Psatha', nous avons crevé à l'arrière gauche. Là, l'insert de mousse n'a rien pu faire. Nous avons pris la décision de continuer, et de fait, nous avons perdu moins de temps que si nous nous étions arrêtés pour changer la roue. Par contre, il était impossible au point stop de refixer une roue, les éléments de suspension avaient trop souffert. Nous avons continué ainsi, puis stoppé pour remplacer la roue arrière droite, en mettant à la place la roue de secours, qui était déjà sur la mousse et qui a tenu tant qu'elle a pu. Finalement, nous avons pointé à l'heure, sur deux roues avant et une jante… »
La phase suivante, devant une foule compacte de spectateurs admiratifs, fut la remise en état de la Xsara dans les 45 minutes réglementaires, astiquage de la carrosserie compris. Avec le remplacement de toutes les protections inférieures, des intérieurs d'ailes, de la boîte de vitesses, du pont arrière, de toutes les transmissions, de l'échappement, etc. etc. A deux minutes de l'échéance, le miaulement de la sirène qui sert de klaxon à la voiture alerta Seb qui avant de s'installer au volant applaudit chaleureusement toute l'équipe technique et déclencha une ovation des spectateurs.
« J'en ai eu la chair de poule, avoua Marc Van Dalen, team principal. Des moments comme celui-ci, dans la vie d'un amoureux de rallyes, sont inoubliables. C'est dans de telles circonstances, très difficiles, que l'on peut juger de la valeur d'une équipe. Seb et Daniel, qui ont réussi à ramener la voiture, et tous les gars ont fait un boulot formidable. Je suis fier d'eux ! »
Tout comme Seb et Daniel, leurs équipiers du Kronos Racing ont, durant toute l'étape, loué l'insert de mousse qui équipe les enveloppes BFGoodrich et permet de rouler lorsque l'air s'est enfui du pneumatique mis à la torture par la pierraille surchauffée. Huitièmes, Xevi Pons et Carlos Del Barrio ont pris le départ de la dernière spéciale du jour avec les deux roues arrière sur la mousse. « Le deuxième passage était horrible. La spéciale était totalement détruite. J'ai adapté mon rythme à ce champ de mines, dit Xevi, et même ainsi, je me demande comment j'ai réussi à la traverser sans trop de casse… »
Engagé dans une partie de ‘match à quatre' avec Toni Gardemeister, Manfred Stohl et Henning Solberg, Dani Sordo et Marc Martí ont débordé successivement leurs trois adversaires grâce à des temps remarquables dans le ‘tour infernal' et pointent ce soir au quatrième rang : « J'ai peu d'expérience, dit Dani, mais je peux dire que c'est la course la plus dure pour les hommes et pour les voitures que j'ai jamais vécue. Et il paraît que demain, ce sera pire ! »
http://fr.sports.yahoo.com/03062006/34/le-tour-infernal.html