Baisse des immatriculations européennes en mars
La faiblesse de la demande, amplifiée par des fêtes de Pâques précoces par rapport à 2004, a provoqué une baisse de 3,7% des immatriculations de voitures neuves en mars, d'après les chiffres publiés mercredi par l'Association des constructeurs européens d'automobiles (Acea).
Les immatriculations de voitures neuves ont reculé en mars à 1 643 649 véhicules, alors que ce mois est habituellement le meilleur de l'année pour le commerce européen de l'automobile. Ce chiffre couvre les 15 pays membres de l'Union européenne avant mai 2004 et ceux de l'Association européenne de libre échange (Norvège, Suisse et Islande).
Sur l'ensemble du premier trimestre, le recul est de 2,5%, à 3,81 millions de véhicules. Il est plus important encore si l'on inclut les nouveaux membres de l'Union à l'exception de Malte et de Chypre : sur cette base, la baisse est de 4,7% en mars et de 3,3% au premier trimestre. La France, pour laquelle le Comité des constructeurs français d'automobiles (CCFA) avait annoncé début avril une amélioration de 2,5%, est le seul des grands marchés européens à afficher une hausse. " Bien que ces chiffres aient été fortement influencés par le fait que les vacances de Pâques soient tombées cette année en mars (...), ils confirment la mollesse de l'environnement économique au premier trimestre 2005 ", déclare l'Acea dans un communiqué. Celle-ci relève que, dans certains pays, la période pascale a provoqué la suppression de trois jours ouvrables par rapport à mars 2004.
Importantes disparités
Le premier trimestre n'aura pas permis de reconduire la forte hausse observée en 2004 grâce aux opérations promotionnelles et à un nombre de jours ouvrables supérieur, qui ont contribué à masquer la fragilité du marché. La faiblesse de la demande ne fait qu'accentuer les pressions subies par les constructeurs, qui doivent déjà composer avec la vigueur de l'euro, le prix élevé des matières premières et d'importants excédents de capacité. Ils espèrent que la sortie de nombreux nouveaux modèles permettra d'améliorer leurs ventes en cours d'année. Mais les analystes attendent la preuve tangible d'un redressement pour se prononcer.
Exprimés par constructeurs, les chiffres traduisent toutefois des disparités très importantes. Le groupe italien Fiat, affecté par le vieillissement de sa gamme, a ainsi subi en mars un recul particulièrement impressionnant de 16,7%, tandis que sa part de marché reculait à 6,2%, contre 7,2 en mars 2004.
Les constructeurs français ont eux aussi connu des difficultés, malgré le raffermissement de leur marché intérieur : le nombre des immatriculations du groupe PSA (Peugeot Citroën) a ainsi reculé de 9% et celui de Renault de 6,7%. Parallèlement, leur part de marché s'est érodée, à 13,2% et 9,3%, contre respectivement 14 et 9,6% en mars 2004.
Progression de BMW, envolée de Kia
A l'opposé de la tendance, BMW a de nouveau progressé, avec des immatriculations en hausse de 7,5%, alors que celles de son grand rival DaimlerChrysler baissaient de 2,6%. BMW a engagé le renouvellement de gamme le plus important de son histoire, notamment en lançant son modèle compact de Série 1. Il compte également bénéficier du remodelage de sa Série 3, dont la nouvelle génération est disponible chez les concessionnaires depuis le mois dernier. Malgré ses records de ventes, le constructeur ne prévoit pourtant que des résultats inchangés pour 2005, en raison de la vigueur de l'euro et de la hausse des prix de matériaux tels que l'acier et les matières plastiques. Quant à DaimlerChrysler, il impute la faiblesse de ses ventes aux problèmes de pompes à injection rencontrés par certaines Mercedes Diesel. D'autre part, l'imminence d'un renouvellement de gamme incite selon lui ses clients à différer leur achat.
En pourcentage, le sud-coréen Kia a de nouveau distancé de très loin tous ses concurrents avec un bond de 85% de ses immatriculations (qu'il faut toutefois relativiser, car la marque n'a vendu que 24 880 véhicules). Sa part du marché européen a pratiquement doublé pour atteindre 1,5%, contre 0,8% auparavant. Les autres constructeurs asiatiques ont connu des sorts divers. Toyota, en incluant sa marque de luxe Lexus, a progressé de 1,4%, ce qui a fait passer sa part de marché de 5,1 à 5,3%. Mazda et Nissan ont vu leurs ventes diminuer respectivement de 9,5 et 4,4%, mais Mitsubishi et Honda ont progressé de 11,9 et 4,6%.
Le numéra un mondial General Motors a vu sa part de marché progresser légèrement (10,7% contre 10,4% au premier trimestre), grâce aux gains réalisés par sa marque Opel/Vauxhall. En revanche, celle de Ford a diminué (11,6 contre 11,8%). Les deux géants de Detroit ont réduit leurs prévisions pour l'exercice en cours, compte tenu de la baisse de leur part de marché aux Etats-Unis et de l'accroissement de leurs coûts. Quant à MG Rover, dernier grand constructeur indépendant de Grande-Bretagne, ses ventes ont chuté de 11,4% en mars. Il ne détenait plus alors que 1% du marché, ce qui explique en grande partie son placement vendredi dernier sous administration judiciaire.