Le véhicule électrique, la pierre angulaire dans la stratégie de Renault
De Laure FILLON (AFP) – Il y a 3 heures
PARIS — L'affaire d'espionnage qui éclabousse Renault est d'autant plus grave pour le constructeur français qu'elle touche, de sources concordantes, à son programme phare de voiture électrique dans lequel il a investi des milliards d'euros en espérant devenir un leader mondial du secteur.
"Je voulais simplement redire notre volonté d'être, avec Nissan, le leader mondial du véhicule électrique", rappelait encore le numéro deux de Renault, Patrick Pelata mardi, quelques heures avant la révélation de la mise à pied de trois cadres du groupe soupçonnés de divulgation d'informations stratégiques.
Le bras droit du PDG Carlos Ghosn s'exprimait aux côtés du ministre de l'Industrie Eric Besson, sur les lieux même où travaillaient les trois personnes en cause: le Technocentre de Guyancourt (Yvelines), où Renault a rassemblé tous ses services dédiés à la voiture électrique.
Pour réaliser ses ambitions, l'alliance franco-japonaise Renault-Nissan a vu gros: elle a déjà investi 4 milliards d'euros dans le développement de véhicules électriques.
Ses premiers modèles font actuellement leur apparition sur le marché avec d'abord la Nissan Leaf, lancée en décembre dernier, et bientôt la berline familiale Fluence et l'utilitaire Kangoo Express en version électrique chez Renault, attendues à la mi-2011.
Renault, qui mobilise 1.700 de ses ingénieurs au développement de cette gamme, a déjà déposé à lui seul 56 brevets sur le véhicule électrique. Surtout, il prévoit d'en déposer prochainement 34 autres et en a encore dans ses cartons une centaine en cours de finalisation, selon les chiffres du groupe.
Le défi majeur pour les services de recherche et développement du constructeur et de son partenaire japonais, comme de leurs concurrents, est d'améliorer les performances des batteries pour améliorer l'autonomie des véhicules électriques, condition sine qua non à l'essor de ce marché.
"La clé d'un véhicule électrique, c'est la batterie", a reconnu M. Pelata. Renault-Nissan et le groupe d'électronique japonais NEC ont déjà mis près de 1,5 milliard d'euros dans le développement de batteries lithium-ion.
L'alliance se prépare aussi à l'arrivée d'une nouvelle génération de batteries pour 2017-2018, pour laquelle elle investit environ 20 millions d'euros par an.
La position de pointe de Renault tient au pari fait il y a quelques années de s'engager dans le "tout électrique", contrairement à beaucoup de ses concurrents. Les japonais Toyota et Honda misent ainsi principalement sur les moteurs hybrides, utilisant alternativement l'essence et l'électricité. Le français PSA Peugeot Citroën préfère avoir plusieurs cartes en main: électrique et hybride diesel. Les constructeurs allemands, eux, ne se sont convertis au développement de l'électrique que sur le tard.
Carlos Ghosn n'a de cesse de défendre la stratégie de Renault, en prédisant que le véhicule électrique devrait représenter 10% du marché automobile mondial en 2020.
Après la Fluence et la Kangoo, Renault travaille au lancement de deux autres modèles électriques inédits: Twizy, un petit véhicule urbain deux places et surtout la Zoé, une petite berline cinq places, qui doivent être respectivement commercialisés au deuxième semestre de cette année et mi-2012.
Zoé "est vraiment la voiture sur laquelle nous avons mis toutes nos innovations", rappelait mardi M. Pelata.