Prémices des intentions de Streiff
Pour retrouver la croissance et la profitabilité, l’heure est à l’accélération pour le groupe PSA Peugeot Citroën. Les bases sont solides mais le rythme n’est pas le bon, Diagnostic Christian Streiff son nouveau patron. Deux étapes sont au programme : un plan d’action pour 2010, et la définition d’une stratégie pour l’après-2010 annoncée en septembre prochain.
Arrivé chez PSA Peugeot Citroën en novembre dernier, Christian Streiff aura mis à profit ces trois mois d’observation pour mettre en place une nouvelle organisation (lire Nouveau président du directoire de PSA, Christian Streiff redéfinit l'organisation du groupe) dont la caractéristique est de regrouper dans un directoire plus large (qui passe de 3 à 5 personnes) toutes les fonctions de l’entreprise.
La création d’une direction programme (confiée à Grégoire Olivier, ex-Faurecia) lève notamment un tabou dans l’entreprise puisqu’elle rassemble la responsabilité du développement produits des deux marques et de la qualité. Même chose avec la direction opérations (confiée à Roland Vardanega) qui gère l’engeneering, la fabrication, la programmation des usines et la logistique. Cette organisation est un pas de plus vers la mise en place de synergies et de méthodes de travail communes aux deux marques dont le nouveau président attend plus de réactivité. C’est clairement la fin des cloisons étanches entre les fonctions groupes et les prérogatives des marques dans un certain nombre de domaines. "Ce sont des process internes qui se simplifient", a dit le nouveau patron. Le directoire est "un pack gagnant pour la gestation des produits à venir", a-t-il ajouté.
Quatre fonctions opérationnelles nouvellement créées Chine (D. Duchesne), Mercosur (V. Rambaud), Achats (JP Collin), PR (D. Marteau), directement rattachées à Christian Streiff, sont dans la même logique. Trois d'entre elles (Chine, Mercosur, PR) seront des "business unit avec des équipes responsables du bas de ligne". A noter que la direction PR sera désormais au sein de PSA (et non plus chez Peugeot) avec la responsabilité de la conception à la logistique en passant par la production.
Quatre priorités : qualité, coût, plan produit, internationalisation
La qualité, celle qui "baisse les coûts" est la priorité numéro un de la nouvelle équipe dirigée par Christian Streiff. "Nous allons changer notre position dans la hiérarchie européenne en service et qualité. Nous sommes dans le peloton et nous devons être dans les quatre premiers. Ce sera la priorité de court terme, de moyen terme et de long terme", a-t-il dit. Chiffrée dans les cahiers des charges, prise en compte dans la relation fournisseur ("nous avons beaucoup appris de Toyota" a dit Streiff), et mise en avant dans le réseau; la qualité est le "chantier de la décennie".
Les coûts, ce sera l’urgence numéro 2. En ligne de mire, les frais de structures et les moyens humains dimensionnés pour faire 4 millions de voitures alors que le groupe en vend 3,5 millions. Pas de fermeture d’usine prévue (malgré "30% de capacité excédentaire" ) mais on imagine mal la "décrue des frais fixes" annoncée sans baisse des effectifs. Les achats, part importante des coûts, seront également mis à contribution avec "la généralisation des achats à bas coûts en Europe de l’est" et la croissance du taux d'intégration. Concernant les prix de revient, la philosophie doit permettre de vendre moins cher le successeur d’un modèle. "L’objectif incontournable est que le véhicule suivant soit conçu sur une base moins cher que le précédent", a martelé Christian Streiff.
Une autre dérive doit être inversée : le poids des véhicules dont la baisse est indispensable pour le respect des objectifs de CO2. Dans ce domaine, la direction de la stratégie et de l’innovation (confiée à Isabelle Marey-Semper) qui fait partie du comité de direction générale aura un rôle déterminant.
Enfin, le plan produit sera accéléré avec "réduction des coûts et des délais de développement" de même que la croissance à l’international. Les "têtes de pont" installées en Chine, au Mercosur et en Europe de l’Est doivent être dimensionnées en fonction des marchés. "Nous devons être chinois en Chine", a dit Christian Streiff.
Des équipes transverses pour la définition d’un plan Cap 2010
Il y a quelque chose de la méthode Ghosn dans les annonces faites par Christian Streiff. Ainsi, PSA aura son plan triennal baptisé Cap 2010 pour "client, accélération, produit". Il sera élaboré par 100 cadres choisis "parmi les meilleurs" qui ont 100 jours pour concevoir leurs projets pour une mise en œuvre le 15 mai. Cap 2010, c’est "plus de produits, plus vite".
En parallèle, l’équipe de direction générale travaille à la définition de la stratégique et des ambitions pour 2012/2013 qui sera présentée en septembre. Une réflexion qui devra apporter des réponses sur la voiture low-cost, le 4x4, le haut de gamme, la suite du développement international (où aller après la Chine : les Etats-Unis, l’Inde ?), la voiture écologique de demain. Concernant les coopérations, chères à Jean-Martin Folz, l’objectif sera de les approfondir, pas de les élargir : "le risque d’arriver à des situations compliquées augmente en les élargissant", a-t-il dit. Concernant les alliances "PSA n’a pas de dogme sur cette question", mais prudence "75% des grandes opérations de fusion ne se terminent pas bien".
Clairement le nouveau patron de PSA prend ses distances avec Jean-Martin Folz à qui il a rendu hommage, même s’il ne s’agit pas dit-il d’une "rupture". "Les temps changent, la concurrence change, notre stratégie doit s’adapter", a résumé Christian Streiff.