Mitsubishi
Ainsi, après avoir été sauvé par Renault dans les années 2000, Nissan croque son concurrent plus petit et jugé trop isolé dans le paysage automobile, même s'il produit 1 million de véhicules, principalement en Asie, sur des marchés dont Nissan est peu présent.
Mitsubishi englué dans des affaires de moteurs truqués
En 2016, suite à l'affaire du Dieselgate de Volkswagen, accusé d'avoir équipé depuis 1991 ses moteurs d'un logiciel permettant de modifier lors de son passage sur les bancs d'essais d'homologation, la consommation et donc les rejets d'émissions polluantes, Mitsubishi avoue également avoir manipulé les tests depuis de nombreuses années.
En difficultés depuis les années 2000, l'action du 6ème constructeur japonais dévisse, permettant à Nissan de prendre en mai 2016 une part majoritaire de son concurrent via une augmentation de capital. Cette opération se termine en octobre de la même année. Nissan devient ainsi l'actionnaire principal de Mitsubishi avec 34% des parts, pour un montant total estimé à 2,1 milliards d'euros. Nissan a ainsi avalé en seulement quelques mois un (petit) concurrent.
Des économies estimées à 220 millions d'euros par an
Selon C.Ghosn, qui a été le chef d'orchestre de cette opération, la mise en commun des technologies permettra de dégager de nouvelles synergies. Mitsubishi va ainsi pouvoir bénéficier à terme des plates-formes communes de l'Alliance Renault-Nissan, de la gamme de moteurs (et notamment des dCi de Renault en Europe), boites de vitesse, mais également des services mutualisés de l'Alliance, tels que les achats, l'informatique, et les différents services d'ingénieries de l'Alliance.
"Tout le monde y gagnera (...) Nous pensons que nous pouvons nous aider, nous soutenir et croître ensemble, mieux que si Mitsubishi le faisait seul de son côté" estime C.Ghosn.
Au passage, Nissan va nommer 1/3 du conseil d'administration de Mitsubishi Motors, qui sera par ailleurs présidé par Nissan. Une vraie prise de contrôle donc, contrairement à ce que Renault a fait avec Nissan.
Renault totalement absent de l'accord
Cette affaire réalisée en un temps record (le deal aurait été signé en seulement 15 jours) laisse clairement de côté Renault, l'actionnaire majoritaire de Nissan ce qui pose clairement question.
Si on remonte un peu en arrière, lors de la prise de participation de Renault dans Avtovaz, Nissan était venu manger à la table du roi par la suite, avec le même pouvoir que Renault. Dès lors, pourquoi Renault ne pourrait-il pas non plus croquer le gâteau ?
Même son de cloche avec Daimler pour qui Renault produit le Citan, ainsi que des moteurs Diesel 1,5 et 1,6 dCi, ou encore la Smart. Outre cette production (vendue) au constructeur l'Allemand (tandis que Renault ne bénéficie que de process de la part de Mercedes et non de technologies) Nissan de son côté bénéficie de plates-formes et de moteurs pour ses berlines Infiniti. Rappelons que Renault et Nissan disposent chacun de 1,55% du capital de l'Allemand tandis que ce dernier possède près de 3% de l'Alliance.
Challenge revient ainsi sur ce rachat surprise et express du constructeur japonnais. Le media indique ainsi que l'absence du constructeur français dans cet accord est du au seul fait que le PDG C.Ghosn a voulu faire le plus rapide et le plus simple possible, ce qui peut se comprendre.
En effet, si Renault avait du participer, l'Etat français, actionnaire majoritaire aurait eu son mot à dire, ce qui aurait considérablement complexifié le dossier et l'aurait fait traîner en longueur. En prime, le risque de fuite aurait mécaniquement fait grimper le cours de l'action du nouvel allié.
Ces derniers mois, les relations entre l'Etat et le PDG, qui ont toujours été un peu compliquées, se sont dégradées: attribution des droits de vote double suite à la loi Florange, salaire du PDG,... Alors on imagine bien les risques...
Pourtant, en 2004 lorsque Daimler avait désiré sortir du constructeur nippon, l'Alliance, s'était déjà montrée intéressée, cette fois, avec Renault.
C.Ghosn envoi là, une fois de plus un message clair à son actionnaire majoritaire. Ajouté à la perte de pouvoir décisionnaire de Renault dans Nissan, la lutte d'égo et de pouvoir entre l'Etat et le PDG de Renault-Nissan se fait au détriment de Renault. Une fois de plus...
Des complémentarités, mais des difficultés
Grâce à Mitsubishi, Nissan se renforce sur le segment des petites voitures, actuellement dominé par Suzuki et surtout, Daihatsu, qui appartient à Toyota. Nissan s'implante également mieux en Asie du sud-est (notamment en Thaïlande,...), marchés sur lesquels, il était encore assez peu présent malgré sa nationalité.
Malgré tout, le reste du groupe Mitsubishi reste encore actionnaire à hauteur d'un peu plus de 20% et aura ainsi encore son mot à dire. Nissan n'aura donc pas totalement les mains libres pour remonter la marque.
Le nouveau groupe Renault-Nissan-Mitsubishi prend la troisième place du marché mondial avec un peu plus de 9 millions de véhicules produits, juste derrière Toyota et Volkswagen.
Pour autant, les difficultés sont bien là. Cette année, Mitsubishi Motors devrait perdre 2,11 milliards d'euros. La marque tentera de se relancer avec quelques nouveaux modèles, comme l'arrivée sur le marché européen de son Eclipse Cross PHEV en 2021.
Chiffres clés du rachat de Mitsubishi
Montant total: 2,1 milliards d'euros (237 milliards de yens)
Parts de Nissan dans Mitsubishi en 2016: 34% (actionnaire majoritaire)
Parts de Renault dans Mitsubishi en 2016: 0%
Président du conseil d'administration: C.Ghosn
Production totale de la nouvelle entité en 2016/2017: estimée à 9,5 millions