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1999: Renault et Nissan forment l'Alliance

Pendant l'été 98, l'année de la victoire à la coupe du monde de football, une rumeur annonce qu'un constructeur français et un japonais projettent de s'unir. un vrai raz de marée dans le monde automobile.
Par le 21/02/2003

Quelques mois plus tard, on apprend que Nissan qui est le second constructeur nippon, avec une histoire riche, en proie à d'importantes difficultés financières est prêt à se faire "racheter" par un concurrent. En fait, à la base, ce n'est pas un concurrent qui "vise" Nissan, mais plusieurs avec en autres, Daimler-Chrysler et... Renault.

 

Le rapprochement Renault-Nissan remonte en fait au mois de juin 97. A l'époque, les ventes de 4X4 cartonnent en Europe. Renault, absent de ce marché songe alors à fabriquer un modèle tout-terrain. Mais, faire ce style de véhicule seul, sans légitimité, ne permettrait pas d'atteindre le seuil de la rentabilité.

Patrick Faure, l'ancien PDG du département Renault Sport, décide alors d'équiper un véhicule existant avec une transmission intégrale (pour le Scénic RX4 puis pour le Kangoo 4x4 RX4)Cette transmission intégrale devra être achetée à la concurrence, afin d'avoir une rentabilité maximum. Pour cela, il faut trouver un spécialiste du domaine.

Subaru, petit constructeur japonais en est un. Mais, la petite marque ne peut pas prendre de décisions sans en référer à son actionnaire… Nissan. Même si ce dernier ne possède que 4% de son capital, il est décisionnaire pour toutes les questions liées à l'automobile.

Nissan refuse de vendre des pièces comme le ferait un simple fournisseur. Par contre, il préfèrerait un partenariat, ou plus... si affinité. Là, on tient un scoop ! Nissan serait donc prêt à laisser entrer un actionnaire étranger dans son capital. Pour une marque qui est le second constructeur automobile du pays, c'est une chance à ne pas laisser passer.

Vu le protectionnisme des japonais, cette opportunité semblait jusqu'à présent impensable. Mais Renault, à l'époque a d'autres soucis. Même s'il sort d'une année très faste, le constructeur français doit d'abord réduire ses coûts, tandis que de son côté, Nissan est surendetté.

Six mois passent, et en janvier 98, Jurgen Schrempp, le PDG de Daimler-Chrysler se voit proposer par Hawana, son homologue de chez Nissan, d'entrer dans le capital de Nissan Diesel. Il précise que Renault est aussi sur le coup. Quelques heures plus tard, il rencontre des dirigeants de Renault auxquels il ne propose que la branche automobile. De retour à Paris, les émissaires de Renault font leur compte rendu à Louis Schweitzer,qui décide de laisser tomber. Il sait que Nissan est très déficitaire, et que Hawana cherche un partenaire pour " éponger " les dettes et doute des chiffres donnés par Nissan concernant son endettement.

Et en effet, les chiffres sont tout autres: plus de 200 milliards de Francs, dont 80 pour la branche camion. Mais, Renault réalise cette année là de très bons chiffres, et la réduction des coûts est réussie avec 8 milliards de bénéfices.

Renault change d'avis et revient dans la course pour le rachat de Nissan

Renault ayant abandonné, ce sont les allemands qui seraient sur le point de racheter Nissan. Mais le MITI (Ministère japonais du Commerce international et de l'Industrie) refuse l'offre, de peur qu'un grand ménage soit prévu.

Renault revient alors à la charge, les mois passent, les offres aussi et le 16 Mars 99, le monde de l'économie automobile s'agite. Renault envisagerait de prendre 35% du capital de Nissan, pour un montant de 4,88 à 5,3 milliards d'€ (soit 30 à 35 milliards de Francs).

"Ayant accueilli de manière positive la proposition de Renault, nous avons décidé de négocier exclusivement avec le constructeur français." déclaration du porte-parole de Nissan

La négociation porte sur la branche voitures de Nissan, mais aussi sa filiale poids lourds, Nissan Diesel, dont Renault pourrait prendre 22 à 23%.

Nissan espère parvenir à un accord définitif avant le 31 du même mois.

35% du capital de Nissan pour commencer

L'objectif principal consiste à rester sous la barre des 40% pour ne pas avoir à assumer les dettes du constructeur qui s'élèvent à la colossale somme de 19 milliards d'€ (soit 124.6 milliards de Francs).

Même avec "seulement" 35%, Renault disposerait d'une force suffisante pour exiger des postes importants à la tête de Nissan. Carlos Ghosn, l'un des principaux acteurs du redressement effectué par Renault, et numéro 2 de la marque sera dans un premier temps nommé Directeur Général avant devenir en 2000 le véritable maître à bord.

Afin de réduire une partie des dettes de Nissan, et de rendre le constructeur bénéficiaire le plus vite possible, une réduction des coûts est indispensable. Cela passe par la production commune de modèles, de plates formes, de moteurs, boites de vitesses, mais aussi par la fermeture d'usines, la revente de filiales, et l'abandon de certaines activités.

Ainsi, alors que Renault dispose à l'époque de 5 plate-formes pour l'ensemble de sa gamme, Nissan, certes mieux implanté, en a 27... Le grand ménage sera fait.

Quels intérêts pour Renault et Nissan

Renault et Nissan possèdent dans les années 2000 une complémentarité évidente, tant sur le plan géographique qu'industriel. Sur le premier point, Renault est totalement absent du marché américain que ce soit au nord voire même au sud. Or Nissan y est très bien implanté. Même chose pour le marché asiatique.

Sur le plan technique et industriel, Nissan possède de très bons moteurs comme un V8, chose que Renault ne possède pas. Par ailleurs, Nissan produit des 4X4 et des pick-up, une niche dans laquelle, Renault est totalement absent.

Carlos Ghosn entre chez Nissan et développe les synergies

Le 25 Juin 99, Carlos Ghosn, numéro 2 de Renault est donc nommé COO et membre du conseil d'administration de Nissan. Le 18 octobre, le Nissan Revival Plan est annoncé. Le 9 décembre, Renault annonce son retour au Méxique.

Alors que ses ventes mondiales connaissent une croissance de 4%, Nissan affiche un resultat net record de 331 M JPY, lui permettant ainsi de revenir à la rentabilité.

Le plan est en avance de 2 ans sur les objectifs. Fort de ces résultats, le 20 juin 2000, Carlos Ghosn est nommé Président and COO de Nissan. Pour prendre sa place chez Renault, Pierre Alain de Smedt, ancien n°1 de Seat, est nommé.

Bien qu'il ne s'agisse pas d'une fusion, Renault et Nissan forment désormais une alliance, nommée comme telle. En avril 2001, une société commune dédiée aux achats est créée:  RNPO (Renault-Nissan Purchasing Organization).

Elle doit couvrir 70% des achats des deux groupes et réduire une facture combinée s'élevant jusque là à 50 mds US$ (44,85 mds euros). Selon le projet de renforcement de l'Alliance, RNPO sera rattachée à la future entité Renault-Nissan BV.

Coopérations industrielles et commerciales Renault - Nissan

Renault revient sur le marché mexicain avec le Scénic, puis la Clio, montés dans deux usines de Nissan. En europe, Renault produit également le nouveau Trafic dans l'usine Nissan de Barcelone (Espagne) et Nissan assemble le pick-up Frontier dans la nouvelle usine de véhicules utilitaires de Renault à Curitiba (Brésil).

Nissan aide au retour commercial de Renault en Australie, au Japon et, plus récemment, en Indonésie. De son côté, Renault épaule également le développement de Nissan sur le marché européen où l'Alliance vise une part de marché de 15% dès 2005.

Distribution commune en Europe

Après la reprise par Renault de toutes les filiales financières de Nissan en Europe, une organisation commune de distribution se déploie en Europe à travers avec une stratégie de concentration des affaires. Les marques et leurs services associés resteront clairement distincts pour le client. Cette organisation doit donner un avantage compétitif à l'Alliance face à l'arrivée en Europe, dès 2002, de nouveaux acteurs dans ce secteur de la distribution.

Informatique commune

L'harmonisation des systèmes informatiques des deux groupes à l'échelle monde est un élément essentiel de l'efficacité de l'Alliance. Un système commun est créé en septembre 2001 : RNIO (Renault Nissan IS/IT Office).

Plates formes et moteurs en communs

Du côté industriel, Renault et Nissan allient leurs forces. Ainsi, lors du renouvellement de la Micra, cette dernière inaugure une plate-forme qui sera commune aux Clio III, Twingo II, future Modus, et futur Kangoo.

Renault laisse à Nissan la conception des nouveaux moteurs essence, tandis qu'il conserve celle des moteurs Diesel dont il est spécialiste.

Les deux marquents opèrent également des échanges de modèles notamment dans le domaine des utilitaires: le Trafic est vendu en Europe par Nissan sous la patronyme Primastar, tout comme le Kangoo qui deviendra le Nissan Kubistar. Plus tard, en Inde, Renault utilisera la petite Datsun pour commercialiser sa citadine Pulse en 2011 et épauler la Renault Scala.

En moins de 10 ans, 8 autres plateformes avec un niveau élevé d'éléments communs sont lancées, ainsi que 8 familles de moteurs et 7 de transmissions.

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