Renault évite le divorce avec Nissan, mais perd de son influence
Comme annoncé il y a plus d'une semaine bien qu'il restait encore quelques points de négociation pour arriver à un accord, Renault et Nissan ont enfin trouvé un terrain d'entente après de longs mois de négociations menées par Jean-Dominique Sénard et Luca de Meo, respectivement Président et Directeur Général de Renault.
Le Groupe Renault réduit fortement ses parts dans son Alliance avec Nissan-Mitsubishi
Pour les dirigeants de Renault, ce nouvel accord est vu comme un nouvel élan et une évolution de leur partenariat avec un "renforcement des liens". Mais dans les faits, l'information principale est bien une forte réduction de la participation de Renault dans le capital de Nissan, qui passera de 43,4% à seulement 15%, soit l'équivalent de ce que Nissan possède actuellement dans Renault.
Ainsi, alors que Renault était largement majoritaire chez son partenaire japonais Nissan depuis l'accord signé peu avant les années 2000 par l'ancien PDG Louis Schweitzer, le constructeur français va clairement perdre du poids. On peut malgré tout se consoler en se disant que sa forte emprise actionnariale n'avait au final, que peu de poids à la vue des difficultés ces dernières semaines.
Les deux constructeurs s'engagent à conserver ces parts et surtout, à plafonner leurs participations à 15% excluant ainsi tout risque d'OPA. Associés à ces 15%, les deux constructeurs auront autant de droits de vote. Nissan va ainsi disposer de droits de vote dans Renault, chose qu'il n'avait pas jusqu'alors, tandis que Renault va perdre son "pouvoir" chez Nissan.
Le groupe Renault s'engage donc à se séparer de 28,4% de Nissan. Pour cela, le constructeur va créer une fiducie française à laquelle il va transférer ses parts. Cette fiducie ne disposera pas de droits de vote, mais pourra tout de même récolter les dividendes, au profit de Renault.
Cette dernière n'a malgré tout pas pour vocation de conserver ces parts, mais de les revendre quand les conditions, notamment financières, seront réunies et ce, sans qu'aucun délai ne soit défini. Nissan sera d'ailleurs l'acheteur prioritaire de ses propres parts.
Bien que présenté comme un nouveau départ, dans l'histoire, c'est bien Nissan qui apparaît comme le vainqueur. En effet, le constructeur nippon a toujours refusé toute fusion avec Renault et milite depuis longtemps pour que le constructeur au losange réduise sa participation. Ce sera bientôt chose faite, avec en prime, des droits de vote dans Renault.
L'Alliance s'était en effet "cassée" une première fois, quand l'Etat français, par la voix de son ministre de l'économie de l'époque Emmanuel Macron, avait décidé de doubler ses droits de vote dans Renault. Une emprise de l'Etat souvent dénoncée par le PDG de l'époque, Carlos Ghosn. Une situation qui s'est encore aggravée avec la volonté de la France de missionner Carlos Ghosn pour mener la fusion, qui a mené à la perte -avec fracas- l'ancien président de Renault et Nissan avec ce qui est désormais commun d'appeler "l'affaire Carlos Ghosn, provoquant son éviction et un branle-bas de combat chez Renault.
Nissan va investir dans Ampere basé en France pour de nouvelles voitures électriques
Jean-Dominique Senard Président de Renault et Luca de Meo, Directeur Général
Même si Nissan semblait réticent au départ, le constructeur japonais a finalement confirmé son intention d'investir dans Ampère, la nouvelle entité indépentante créée par le groupe Renault pour toutes les futures activités électriques. Si la part de Nissan dans Ampere n'est pas encore connue à ce jour, le constructeur nippon a seulement indiqué qu'il allait devenir un actionnaire stratégique laissant présager à un fort investissement. La réponse à cette question devrait arriver lundi prochain.
Les conseils d'administration des deux constructeurs automobiles doivent encore valider l'opération
Bien que les deux constructeurs aient publié un communiqué commun, celui-ci s'est fait sous la pression des marchés financiers après de nombreuses fuites dans la presse. Pour autant, l'accord doit encore être validé par le conseil d'administration des deux constructeurs. Les détails de celui-ci devraient être dévoilés le 6 février à Londres, dans un lieu neutre donc.
Bien qu'attendue, les marchés boursiers ont plutôt mal accueilli l'annonce puisque l'action du constructeur au losange a clôturé avec la plus forte baisse du CAC40 en fin de journée hier, et ce, après des semaines de hausse.