La lettre explosive de l’ancien DG de Renault lui a été fatale
Quelques jours avant l’annonce officielle de son licenciement, Thierry Bolloré nommé en début d’année Directeur Général de Renault, avait, dans une longue lettre de 10 pages adressée à ses pairs (les autres administrateurs de Nissan) dénoncé des graves agissements au sein du constructeur japonais depuis le départ forcé de C.Ghosn il y a désormais près d’un an.
Suspicion, rétention d’information, délation, le management de Nissan pointé du doigt
La lettre qu’à réussi à se procurer Le Monde, dénonce notamment une grande opacité chez l’allié japonais de Nissan. "A ma grande surprise, aucun de ces problèmes n’a été signalé à mon attention par le management de Nissan ou par des organes de gouvernance, mais soit par des articles de presse, soit par des lanceurs d’alerte" annonce t-il.
Pour justifier ses dires, il cite notamment le cas du vice-président de Nissan, Hari Nada, en charge des affaires juridiques. Ce dernier, qui a participé à faire tomber C.Ghosn a notamment été soupçonné de conflit d’intérêts et de malversations similaires à celles dont est accusé C.Ghosn suite à une alerte lancée par le directeur juridique de Nissan. Alors que ce dernier a été limogé, le premier lui, est resté en poste.
Thierry Bolloré indique également que de nombreux lanceurs d’alertes ont dénoncé certains agissements qui sont pourtant restés cachés malgré un audit qui faisait ressortir ces faits. La responsable de cet audit lancé chez Nissan, Christina Murray aurait notamment listé plus de 80 noms sur qui de lourds soupçons sont portés dont… Hari Nada.
"Ce développement est hautement alarmant. Le conseil n’a jamais été informé de l’existence d’une telle liste" dénonce t-il encore. Christina Murray a ensuite été poussé à la démission suite… à une accusation de conflit d’intérêt.
Une réelle opacité règne donc chez Nissan. En coulisse, de nombreux acteurs semblent tirer les ficelles. Pas sûr donc que le nouveau directeur général de Nissan ait vraiment le pouvoir entre ses mains.
Une lettre qui aurait mené à sa perte l’ancien directeur général de Renault
Dernier baroud d’honneur d’un homme qui se savait condamné ou initiative vouée à sa perte, difficile à dire. Alors que l’ancien DG et le nouveau Président de Renault semblaient sur la même longueur d’onde, les relations entre les deux se seraient brutalement dégradées, menant ce dernier à limoger celui qui avait pourtant été élu administrateur de Nissan quelques mois plus tôt. Un retournement de situation étonnant, mais qui semble donc trouver une explication.
Selon certaines sources, Jean-Dominique Senard n’aurait pas apprécié l’initiative prise par son directeur général. Malgré tout, depuis, de nombreux changements ont eu lieu chez Nissan. Hari Nada, bien que toujours chez le constructeur, a perdu son poste, tandis qu’un nouveau directeur général et un nouveau directeur des opérations ont été nommés.
Un an après l’arrestation de C.Ghosn, tout reste encore à faire chez Nissan pour à la fois retrouver la confiance, mais aussi réussir à relancer la machine. Car dans le même temps, les résultats de Nissan continuent de décevoir, en étant au plus bas depuis de nombreuses années, chose que C.Ghosn a d’ailleurs lui-même dénoncé il y a quelques mois.
L’Alliance qui paraissait si solide il y a encore à peine plus d’un an semble plus que jamais un colosse aux pieds d’argile...