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La fin de l'Alliance Renault-Nissan actée

Portée à bout de bras pendant plus de 20 ans par Carlos Ghosn, l’Alliance Renault-Nissan dont une fusion était à l’étude il y a encore 3 ans vient de sceller la dernière pierre de son démantèlement.
Par le 08/11/2023

L’information n’est pas nouvelle puisqu’elle fait suite aux annonces du 6 février et 26 juillet dernier. Mais Renault et Nissan attendaient la confirmation des autorités pour officialiser la fin de leur alliance.

Renault seul maître à bord - ou presque - chez Nissan pendant plus de 15 ans jusqu’à la loi Florange

En 1999, quand Renault arrive au chevet de Nissan, le constructeur nippon est au bord de l’agonie. Renault prend alors un gros risque en tentant de redresser celui qui deviendra quelques années seulement plus tard sa poule aux œufs d’or. Un risque qu'avaient refusé de prendre Ford et l'ex Daimler-Chrysler.

Pour arriver à ses fins, Renault devient quasiment seul maître à bord en prenant 43,4% du capital avec les droits de vote associés, tandis que Nissan obtient 15% de Renault sans aucun droit de vote.


Louis Schweitzer, PDG de Renault et Yoshikazu Hanawa, son homologue chez Nissan en 1999

Une situation qui va perdurer pendant près de 15 ans sans gros heurts jusqu’à la loi Florange en 2015, où l’État français via son ministre de l’économie d’alors décide de la mise en œuvre des droits de vote double.

Bien que très durement critiquée par Carlos Ghosn qui met en cause un gros déséquilibre provoquant des tensions chez Nissan, la loi est promulguée. Les japonais voient rouge, car la France devient ainsi un acteur majeur de l’actionnariat de Nissan, via Renault.

D’une simple alliance à un démantèlement en passant par un projet fou de fusion,

Alors, quand le gouvernement demande à Carlos Ghosn de travailler sur la fusion de Renault et Nissan pour “sécuriser” l’Alliance, c’en est trop. Et c’est là qu’éclate l’affaire Carlos Ghosn.

En faisant tomber celui qui maîtrisait l’équilibre difficile des deux alliés, Nissan envoie un message clair et fait vaciller l’Alliance.

Depuis, les deux partenaires tentent de trouver un terrain d’entente. Si les deux constructeurs parlent d’un rééquilibrage, en réalité, c’est surtout Nissan qui arrive à ses fins en reprenant sa liberté. Les échanges techniques et technologiques entre les deux constructeurs deviennent de plus en plus limités, la structure d’achat en commun créée en 2001 et qui employait 1 400 personnes est démantelée, mais surtout, Renault voit sa participation dans Nissan passer de 43,4 à seulement 15% avec la vente prévue des actions en trop. Renault perd donc totalement le contrôle de Nissan, tandis que ce dernier, obtient des droits de vote chez Renault à la même hauteur. Rééquilibrage dit-on…

Plus de partage d’informations, Nissan, un simple constructeur concurrent

Chez Renault, les salariés ont été appelés ce lundi à stopper tout partage d’informations avec Nissan et Mitsubishi. L’Alliance s’est donc arrêtée le 6 novembre, désormais, subsistent uniquement des liens capitalistiques.

Les trois marques automobiles sont désormais concurrentes. Des accords peuvent cependant exister, comme par exemple le fait de rebadger des modèles Renault chez Mitsubishi, comme la Clio devenue Colt, ou encore le Captur devenu ASX. Des accords de production peuvent également voir le jour comme les constructeurs le font souvent. Dans le passé, Renault a ainsi passé de nombreux accords avec Opel, PSA, Fiat et même Mercedes.

D’autres projets auront probablement lieu, mais ce sera du cas par cas, comme la future R5 qui pourrait trouver preneur chez Nissan. Ce dernier a également annoncé une participation dans Ampere, la filiale dédiée aux futurs modèles électriques chez Renault. Mais cela ne l'empêchera pas de créer ses propres modèles à l'image du concept Urban dévoilé dernièrement.

A qui la faute ?

Pour réduire sa participation dans Nissan, Renault a transféré ses 28,4% de parts "en trop" à une fiducie, dans l’attente d’être revendues. Renault via la fiducie profitera cependant encore des dividendes octroyés par ces actions jusqu’à leur vente, mais plus des droits de vote.

Celle qui était louée par bon nombre d’observateurs, l’Alliance Renault Nissan, est donc définitivement morte après 24 ans d'existence dont 4 ans de difficile cohabitation.

Dans cette histoire, le gouvernement français, premier actionnaire de Renault, est loin d’être tout blanc, avec notamment un nom qui vient en tête: Emmanuel Macron.

Alors ministre de l’économie en 2015, c’est à lui que l’on doit la loi Florange, qui malgré ses bonnes intentions, a eu de graves répercussions chez Renault-Nissan. Mais c’est aussi à lui, en tant que président, que l’on doit le projet de fusion, qui a agit comme un détonateur chez Nissan. L’État stratège dit-on…

Geely, le partenaire chinois qui monte chez Renault

Devant la situation, Luca de Meo n'a pas attendu. Il s'est notamment rapproché de Geely, une action peu appréciée par Nissan. Ainsi, alors que jusque-là les alliés partageaient leurs plates-formes, ce ne sera plus le cas. Exit Nissan, c'est désormais avec Geely que Renault partagera certaines plates-formes. Les deux nouveaux partenaires ont annoncé il y a quelques jours lors de la présentation du Kardian et du concept-car Niagara prévu pour l'Amérique Latine, d'une plate-forme technique commune pour le marché asiatique. Il est aussi à noter que la présence du losange en Asie, en particulier en Corée du Sud, est en partie due à la marque chinois. Le constructeur français va d'ailleurs y produire le Polestar 4, véhicule appartenant au groupe Geely

Renault fait d'ailleurs feu de tout bois. Outre Ampere et Horse, d'autres accord, on été conclus avec des partenaires extérieurs. On pense notamment à Volvo, avec qui Renault va concevoir un nouvel utilitaire révolutionnaire nommé Flexvan via une nouvelle co-entreprise dont le nom sera dévoilé en 2024, qui sera connecté et totalement électrique, et qui viendra se positionner sous le Trafic qui est également passé dernièrement à l'électrique.

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