Luca de Meo va quitter dès juillet le groupe Renault

Arrivé chez Renault à l’issue de l’arrestation rocambolesque de Carlos Ghosn au Japon, Luca de Meo a décidé, à la surprise générale après cinq années, de quitter ses fonctions afin d’aller explorer d’autres secteurs d’activités.
Une arrivée dans un moment difficile
Bien que Carlos Ghosn estime que Renault est redevenu le constructeur qu'il était en 1999, Luca de Meo est l’artisan du renouveau de Renault alors que le constructeur s’était enfoncé dans les abysses après la perte de son mentor de 20 ans. Il peut se vanter de quelques beaux succès (certains en devenir), comme la montée en gamme de Dacia et Renault, un retour aux bénéfices plus rapide que prévu, la mise en place d’une gamme qui sent bon la nostalgie avec notamment les R4 et la R5 promise à moins de 25 000 €, la nouvelle dimension prise par Alpine avec une gamme complète à venir d’ici 2030 et notamment l'A390 dévoilée il y quelques jours, mais aussi la plus controversée séparation de ses activités, notamment Horse Powertrain pour les voitures thermiques et hybrides d’un côté qui a été partiellement revendue au chinois Geely, et Ampere de l’autre pour les voitures électriques.
Le succès de cette dernière entité reste d’ailleurs encore à démontrer avec son introduction en bourse annulée, faute d’acheteurs au prix fixé, et l’absence de partenaires pourtant prévus initialement comme Nissan. D'autres échecs sont également à mettre à son tableau, comme les contre-performances d'Alpine avec une direction plus qu'instable, ou encore, l'arrêt du moteur Renault en F1.
Un passionné d’automobile avec un œil sur les chiffres
En nommant Luca de Meo à la tête de Renault il y a cinq ans, Jean-Dominique Sénard, le président du conseil d’administration, avait fait le choix d’un passionné d’automobile, chose qu’il a pu démontrer pendant cinq ans, avec en point d’orgue, la R5 Turbo 3E, qui ne peut être que l’œuvre de personnes passionnées.
Après avoir débuté sa carrière chez Renault, Luca de Meo est ensuite passé chez Fiat chez qui il a relancé avec le succès que l’on sait la 500, puis chez Seat où il a su créer de la passion en relançant cette fois une marque éteinte : Cupra.
Alors bien sûr, certaines mesures peuvent encore sembler discutables comme celle d'avoir fait entrer Geely, tandis que d’autres n’ont pas encore pleinement porté leurs fruits, mais force est de constater que pendant toute la période de transformation, la fameuse « renaulution », l’entreprise a très vite dégagé des bénéfices, preuve que passion peut aussi rimer avec finances, tout en produisant tous ses modèles électriques en France (mais pour combien de temps encore ?).
Jean-Dominique Sénard va désormais devoir œuvrer pour lui trouver un remplaçant. La solution pourrait être interne ou externe. De son côté, selon Les Échos, Luca de Meo va rejoindre le groupe de luxe Kering, propriété de François-Henri Pinault.
« Il arrive un moment dans sa vie où l’on sait que le travail est accompli. Chez Renault Group, nous avons relevé des défis immenses, et ce en moins de 5 ans ! Nous avons fait ce que beaucoup pensaient impossible. Aujourd’hui, les résultats parlent d’eux-mêmes : les meilleurs de notre histoire. Une équipe solide. Une organisation agile. Et un plan stratégique prêt à porter la prochaine génération de produits. C’est pourquoi j’ai décidé qu’il était temps pour moi de passer le relais. Je quitte une entreprise transformée, tournée vers l’avenir, afin de mettre mon expérience au service d’autres secteurs et de vivre d’autres aventures. » Luca de Meo