Mercedes tourne la page du Kangoo rebadgé
En 2026, les Mercedes Citan et Classe T, tous deux dérivés du Renault Kangoo, cesseront d’être produits dans l’usine Renault de Maubeuge, dans le Nord de la France. Cette décision marque la fin d’un chapitre de coopération entamé entre l’Alliance Renault-Nissan et le constructeur allemand dès 2012. Le Citan, utilitaire léger, fut le premier à être assemblé sous l’égide de cet accord. Sa version ludospace, le Classe T, a quant à elle vu le jour beaucoup plus tard, en 2022. Malgré les ambitions initiales, les performances commerciales modestes des deux modèles ont conduit Mercedes à revoir sa stratégie sur le segment des fourgonnettes compactes.
Selon le journal allemand Automobilwoche, Mercedes mettra fin à la commercialisation du Citan et du Classe T, y compris dans leurs versions électriques EQT, d’ici la mi-2026. L’usine de Maubeuge, spécialisée dans les utilitaires légers, continuera cependant de produire le Renault Kangoo, ses déclinaisons électriques, ainsi qu’un modèle Nissan. À cela s’ajoutera prochainement la production de la nouvelle Renault 4. Renault a d’ailleurs confirmé que l’arrêt de ces modèles ne remet pas en cause le fonctionnement global du site nordiste.
Des ventes insuffisantes face aux objectifs initiaux
Le choix de Mercedes s’inscrit dans un contexte de recentrage stratégique sur les utilitaires plus rentables, notamment les Vito, Classe V et Sprinter. Les chiffres parlent d’eux-mêmes : en 2024, seulement 23 351 exemplaires du Citan ont été vendus à l’échelle mondiale, en baisse de 3 % par rapport à l’année précédente. Le Classe T, avec 5 117 unités écoulées, a subi une chute bien plus marquée de 31 %. En France, le marché est dominé par des constructeurs locaux, limitant les débouchés pour un produit importé, même rebadgé.
La décision illustre une nouvelle fois les difficultés rencontrées par Mercedes dans ses tentatives de rebranding de véhicules conçus initialement par d'autres marques. Un précédent marquant fut celui du pick-up Classe X, basé sur le Nissan Navara, lancé en 2017 et retiré du marché seulement trois ans plus tard. Malgré quelques efforts de différenciation (habitacle modifié, intégration du système MBUX), la clientèle n’a pas été suffisamment séduite par ces modèles dérivés.
Quel avenir pour Maubeuge et l’alliance Renault-Mercedes ?
Usine Renault de Maubeuge
L'arrêt des modèles badgés Mercedes met fin à la collaboration franco-allemande dans le domaine des fourgonnettes. Le seul projet encore actif entre Mercedes, Renault et Nissan est désormais basé à Aguascalientes, au Mexique, mais il connaît lui aussi des difficultés. Outre les performances industrielles en deçà des attentes, ce projet pourrait pâtir de tensions géopolitiques et de la hausse potentielle des droits de douane américains.
À Maubeuge, l’impact de l’arrêt du Citan et du Classe T semble contenu, du moins à court terme. L’usine pourra continuer à s’appuyer sur la dynamique du Kangoo, notamment sa version électrique, et sur les projets à venir autour des modèles Nissan et Renault. Pour Mercedes, cette réorientation vise à consolider la rentabilité de sa division utilitaire, dont la marge opérationnelle devrait atteindre cette année entre 10 et 12 %, contre 6 à 8 % pour sa branche automobile.
En filigrane, cette décision traduit un repositionnement stratégique de Mercedes et un désengagement progressif de ses coopérations industrielles, au profit d’un développement plus autonome, recentré sur ses propres plateformes et segments prioritaires.