La rumeur de fusion entre Stellantis et Renault refait surface
Depuis quelques jours, une possible fusion entre Renault et Stellantis, issu de la fusion entre le groupe Fiat et le Français PSA, est de retour. Une rumeur qui revient, alors même que les cours de la bourse dans le secteur de l’automobile sont en chute libre, sur fond d’avenir incertain et de vagues de suppression des postes chez certains gros constructeurs comme Volkswagen.
Une concentration des constructeurs automobiles attendus
Sur le papier, avec la refonte de l’Alliance et la cession régulière par Renault des actions détenues dans Nissan, au sens propre comme au figuré, Renault apparait désormais bien seul. Celui qui était, il y a encore quelques années, plus vu comme l’ogre que la proie parait bien isolé malgré d'excellents résultats financiers au 1er trimestre 2024 pour faire face aux défis qui approchent. C’est d’ailleurs la raison pour laquelle, Luca de Meo a quelque peu démantelé le groupe Renault, en séparant les activités électriques avec notamment Ampere pour la division électrique qui produit pour Renault la nouvelle R5 ainsi que la future R4 prochainement dévoilée, et Horse pour la partie hybride et thermique, tout en cherchant des partenaires pour investir, comme son "allié" Nissan, Aramco, CMA-CGM et bien sûr, le géant chinois Geely.
De son côté, Stellantis, après quelques années exceptionnelles, semble vaciller ces derniers mois. Entre l’affaire des moteurs PureTech, celui des airbags Takata, la chute des ventes, particulièrement aux États-Unis (-20% lors du dernier trimestre) et le mécontentement des concessions, le géant parait plus fragile que jamais. En bourse, son cours a vacillé, perdant plus de 50% en six mois et près de 33% en un an.
Du côté de Stellantis, on dément catégoriquement cette information. L’ex-numéro 2 chez Renault devenu n°1 chez PSA puis Stellantis a ainsi qualifié cette rumeur de “pure spéculation”, tandis que Luca de Meo l’a qualifié de “simple rumeur”.
Une rumeur de fusion pour faire remonter le cours de l’action ?
Dès lors, comment :’expliquer ? Les raisons sont multiples.
Dans un premier temps, cela permet temporairement de faire remonter le cours de bourse si la nouvelle est accueillie positivement par les marchés, permettant de spéculer sur le cours du titre. Une rumeur qui a, qui plus est, du sens puisque Carlos Tavares alerte depuis de nombreux mois sur le risque “chinois” et la santé des constructeurs avec les nombreuses normes européennes qui vont venir tordre le bras des constructeurs. On pense notamment au 100% électrique d'ici à 2035 dont il ne voulait pas, mais aussi à la norme CAFE qui entre en vigueur dès 2025, mais aussi de la norme GSR2 qui fait augmenter le prix des voitures.
Lancer une telle rumeur, c'est aussi un peu lancer une bouteille à la mer, permettant de faire réagir dans les milieux politiques. Quoi qu'il en soit, de son côté, Luca de Meo, Directeur Général de Renault, milite pour un regroupement de plusieurs constructeurs européen pour en faire l’AIRBUS de l’automobile. Une entreprise difficile étant donné les enjeux !
Si à long terme, cela pourrait en sauver quelques-uns, en revanche, à court terme, du côté des salariés, des sous-traitants et des clients, une telle fusion serait loin d’être favorable. Uniformisation des modèles, réduction de la R&D ou encore fin de la concurrence, les pertes seraient nombreuses. Et surtout, les lois anti-trust d’Europe, similaires à celles des États-Unis, ne verraient probablement pas d’un bon œil une telle concentration de constructeurs pour la libre concurrence. La nouvelle entité écraserait le marché européen, tandis qu'en France, en se basant sur les immatriculations de septembre 2024, 8 des 10 modèles les plus vendus appartiendraient au même groupe. Difficilement concevable !