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Le principal prévenu de l'affaire des faux espions condamné à 1 an ferme

Il y a plus de 13 ans éclatait chez Renault une affaire de faux espions, sur fond d’espionnage industriel avec la Chine. Une affaire qui avait fait grand bruit, et dont le procès des prévenus s’est ouvert la semaine dernière.
Le principal prévenu de l'affaire des faux espions condamné à 1 an ferme
Par le 26/01/2024
Dernière mise à jour le 08/03/2024

L’affaire commence à l’été 2010, quand une lettre anonyme adressée à la direction de Renault accuse trois salariés du Technocentre de Renault, d’avoir livré des secrets industriels au sujet des nouvelles voitures électriques de l’Alliance Renault-Nissan à la Chine.

Un mystérieux informateur

Aussitôt, une enquête interne, menée par Dominique Gevrey, directeur de la sécurité de Renault est ouverte. Il affirme avoir une source en Belgique, qui confirmerait que des flux financiers transiteraient sur des comptes situés en Suisse et au Liechtenstein au nom de ces salariés contre des secrets industriels.

Voulue secrète, l’affaire éclate pourtant au grand jour poussant Carlos Ghosn en personne à devoir s'expliquer lors du JT de TF1.

“Nous avons des certitudes, si nous n’avions pas de certitudes, nous n’en serions pas là” Carlos Ghosn au JT de TF1 le 23/01/2011

Pourtant, quelques semaines plus tard, une enquête de la DCRI qui a pris contact avec le constructeur dès le début de janvier conclut que ces flux financiers n'existent pas. Il n’y a donc pas d’affaire d’espion. Les salariés incriminés sont réintégrés (seul l'un d'eux a accepté de revenir chez Renault) et surtout indemnisés. On parle de 9 millions d’euros au total, sans que le chiffre officiel ne soit connu.

Outre la DCRI, la presse d’investigation s’implique sur ce dossier. Le quotidien Le Monde indique dès le 15 janvier que de simples soupçons de corruption, et non des preuves, auraient mené à la mise à pied des trois cadres. Un mois plus tard, France2 et L’Express indiquent que le constructeur savait pourtant déjà à cette date que les trois cadres étaient innocents. De son côté, le Canard enchaîné indique dans son édition du 9 mars que Renault aurait versé 250 000 euros au fameux informateur, ce que confirmera l’avocat de Renault.

Devant l'absence de preuves, Mi-mars 2011, Carlos Ghosn revient sur TF1 et fait son mea-culpa pour s’excuser publiquement et annoncer qu’en réalité, aucune preuve tangible n'avait été trouvée.

Si Renault n’est clairement pas en cause, en revanche, la rapidité pour mettre à pied les salariés étonne, et laisse entrevoir un management particulier et un climat de peur. Un climat qui a d'ailleurs mené à des suicides au sein du Technocentre.

Chez Renault, l’affaire va laisser des traces et des têtes vont tomber, comme le directeur de la sécurité bien sur, mais aussi le n°2 du groupe à l’époque, Patrick Pélata, devenu simple fusible.

Pas d’espions chez Renault, mais des escrocs ?

Mais l’affaire ne s’arrêtera pas là. Car les enquêtes prouvent que Renault a été victime de manipulation dans le but d’obtenir de l’argent.

Dominique Gevrey est mis en examen en mars 2011 pour “association de malfaiteurs en vue d'escroquerie en bande organisée”. Il est relâché,  sous contrôle judiciaire dans l’attente du procès. Deux autres prévenus sont également concernés: Marc Tixador, pour recel de violation du secret professionnel et Michel Luc un autre ancien militaire, pour “faux et complicité d'escroquerie”. Ce dernier aurait réalisé de fausses factures permettant de justifier le paiement de l’informateur. Il s’est d’ailleurs déclaré “être le dindon de la farce” lors du procès actuellement en cours, ce qu’a confirmé M Gevrey.

C’est ainsi que s’est ouvert mercredi dernier le procès de cette affaire dans laquelle Dominique Gevrey continue de clamer son innocence comme il l’a toujours fait. La fin du procès est prévue ce jour.

Un an de prison ferme pour le principal prévenu

La justice a rendu son verdict hier, jeudi 07 mars 2024. Dominique Gevrey, ancien directeur de la sécurité de Renault a été reconnu coupable d'escroquerie est condamné à 3 ans de prison dont 1 ferme sous bracelet électronique, ainsi que 40 000 € d'amende et 318 000 € à rembourser au constructeur. Les deux autres prévenus ont été condamnés à du sursis.


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