Renault ne veut pas miser sur le discount
Les constructeurs automobiles européens se sentent de plus en plus menacés par la vague chinoise. Les marques asiatiques adoptent en effet presque toute la même stratégie, celle de proposer des prix très réduits quels que soient les modèles, vous l’aurez donc compris, les voitures électriques font aussi partie de cette stratégie. Tesla utilise d’ailleurs de plus en plus cette manière d’aborder la commercialisation de ses véhicules.
L’avantage de proposer des voitures électriques d’entrée-de-gamme
Cette stratégie justement des marques chinoises bouleverse quelque peu la totalité du marché automobile. En effet, elle présente un avantage absolument pas négligeable, celui de proposer des voitures électriques d’entrée-de-gamme, des véhicules qui sont très rares puisque souvent particulièrement chers. Raison pour laquelle ils arrivent à vendre en très grande quantité « La seule chose qu'ils n'ont pas est la crédibilité de la marque » rassure Eric Kirstetter, associé sénior du cabinet de conseil Roland Berger. « Ils vont créer l'univers de marque en renforçant plus que les autres leurs investissements de marketing, ce qui passe notamment par les salons » ajoute-t-il.
L’inverse ne fonctionne pas. Les marques européennes n’ont absolument pas le même impact en Chine. Sur l’électrique, une marque comme Volkswagen qui est en place depuis longtemps par exemple, ne représentait que 3,1% du marché l'an dernier. À titre de comparaison, les marques chinoises BYD (18%), SAIC (dont Wuling) avec 11,9% et l'américain Tesla avec (8,7%) sont largement plus implantés.
« Toutes les prévisions anticipent que les groupes internationaux vont perdre des parts de marché sur le marché chinois au profit des locaux et de Tesla » complète Eric Kirstetter. Pour parer à ces difficultés, Oliver Blume, le patron du groupe Volkswagen, a reconnu fin juin les défis engendrés par la « rapidité et l'évolution spectaculaires de la technologie et des innovations » en Chine. Un pays où « un grand nombre de nouveaux concurrents » apparaissent semaines après semaines.
Renault ne veut pas baisser ses prix pour concurrencer les marques chinoises
En France, Renault refuse de jouer le même jeu. La marque au losange ne veut pas s’adonner au discount pour rentrer en concurrence avec les constructeurs chinois et Tesla. C’est en tout cas ce qu’a assuré Gilles Le Borgne, le directeur de l'ingénierie du groupe français, à certains de nos confrères à l’occasion du salon de Munich. Pour lui, « la bonne stratégie est de maintenir les prix et d'ajuster les coûts fixes ». Pourtant, l’analyse d’UBS indique que Renault est l’une des marques les plus exposées à cette concurrence précise.
Une stratégie différente donc de la part de Renault, tout simplement pour suivre ce qui a été mis en place à l’arrivée de Luca de Meo à la tête du losange. La Renaulution ne laisse pour le moment pas la place au discount et, d’après ce que nous avons pu observer, ce n’est pas près d’arriver. On le voit aussi par l’augmentation des prix des modèles du groupe, en particulier chez Dacia qui cherche de plus en plus à se détacher d’une marque low cost malgré ses prix réduits. La sortie de nouvelles voitures comme le Rafale par exemple à des tarifs qui devraient être plutôt de milieu de gamme renforce qui plus est cette idée de ne pas vouloir baisser ses prix.