Renault va supprimer 15 000 postes dans le monde
Les difficultés du groupe marquées en 2019 par une légère perte de 141 millions d’euros (après des années de bénéfices compris entre 3 et 6 milliards entre 2016 et 2019), sont accentuées par la crise du COVID et par le ralentissement du marché automobile mondial ce qui pousse Renault à annoncer un grand plan de transformation. Les résultats du 1er trimestre 2020 sont d'ailleurs assez catastrophiques.
Des réductions de poste en France et dans le monde
Sans surprise, comme annoncé, Renault va tailler dans ses effectifs. La France qui représente quasiment la majorité de ses effectifs n’est pas épargnée. 4 600 postes, sur les 14 600 prévues seront supprimés en France.
Pour autant, Renault précise qu’il n’y aura pas de licenciement secs. La suppression de ces postes s’effectuera sur une durée de 3 ans, avec en priorité des départs volontaires, départs en retraite ou pré-retraite, ou des reconversions. Le groupe Renault s’engage à ce qu’ils soient réalisés à travers un dialogue exemplaire avec les partenaires sociaux et les collectivités locales.
"J’ai confiance dans nos atouts, dans nos valeurs et dans la direction de l’entreprise pour réussir la transformation envisagée et redonner à notre Groupe toute sa valeur en déployant ce plan. Les évolutions projetées sont fondamentales pour assurer la pérennité de l’entreprise et son développement sur le long terme. C’est collectivement et avec le soutien de nos partenaires de l’Alliance que nous serons capables d’atteindre nos objectifs et de faire du Groupe Renault un acteur majeur de l’industrie automobile des prochaines années.
Nous avons parfaitement conscience de la responsabilité qui est la nôtre et la transformation envisagée ne pourra se faire que dans le respect de l’ensemble des parties prenantes de notre Groupe et dans le cadre d’un dialogue social exemplaire". Jean-Dominique Senard, Président du Conseil d’Administration de Renault.
"Dans un contexte fait d’incertitudes et de complexité, ce projet est vital pour garantir une performance solide et durable, avec comme priorité la satisfaction de nos clients. En tirant parti de nos nombreux atouts comme le véhicule électrique, en capitalisant sur les ressources et technologies du Groupe Renault et de l’Alliance, en réduisant la complexité de développement et de production de nos véhicules, nous voulons générer des économies d’échelle dans le but de rétablir notre rentabilité globale et d’assurer notre développement en France et à l’international. Ce projet doit permettre à terme d’envisager l’avenir avec confiance" Clotilde Delbos, directeur général de Renault par intérim.
Fermeture de l’usine de Choisy-le-Roi en France
Plusieurs hypothèses sont sur la table pour les sites en France.
Les sites dans le nord de la France comme Douai (qui produit le Scénic, la Talisman et l’Espace) ainsi que Maubeuge (Kangoo, Kangoo ZE) pourraient se spécialiser dans les véhicules électriques et utilitaires légers.
L’usine de Dieppe, qui produit actuellement l’Alpine A110 et ses versions dédiées au rallye pourrait être reconvertie sur une autre production lors de la fin de la commercialisation de l’unique modèle Alpine. Une annonce qui semble dire que la renaissance d’Alpine pourrait bien n’avoir été que de courte durée et sans descendance malgré un vrai succès à son lancement, mais qui est désormais plombé par le malus écologique. A moins qu’il s’agisse d’une Alpine électrifiée.
D’ici 2 ans, le site de Choisy-le-Roi en Val-de-Marne, qui emploie actuellement 260 personnes sera fermé. Il s’agira du seul site français sur les 14 du constructeur. L’activité ne sera d’ailleurs pas arrêtée, mais transférée à Flins dans les Yvelines
« Contrairement à ce qui a été écrit ici ou là, nous ne fermerons qu’un seul site à l’horizon 2022, sur nos 14 sites industriels en France, c’est Choisy pour lequel nous allons valoriser les compétences en région parisienne. Ce que nous recherchons ce sont des réductions de frais de structures, ce n’est pas un plan de fermetures de sites, c’est un plan d’économie global et cohérent », a indiqué Jean-Dominique Senard.
Ainsi, à l’usine de Flins qui produit la Zoé et la Nissan Micra, future voiture 100 % électrique, Renault prévoit la création d’un écosystème d’économie circulaire sur le site, incluant donc également le transfert des activités de Choisy-le-Roi. La production automobile va être totalement stoppée.
La Fonderie de Bretagne qui avait fait l’objet de beaucoup de spéculations quant à une possible fermeture, fera l’objet d’une “revue stratégique”. Mais selon le président de Renault, sa fermeture n’est pas prévue.
La mise en place du principe du “leader-follower” et une réduction des effectifs du technocentre
Comme indiqué précédemment, l’Alliance Renault-Nissan-Mitsubishi va mettre en place le principe du “leader-follower” . Une marque sera désignée comme leader sur un marché ou une technologie tandis que les deux autres se placeront en “follower”.
Ajouté à cela, le Technocentre va se concentrer sur les projets technologiques à forte valeur ajoutée, tandis que les autres sites de R&D verront leur utilisation optimisée, ce qui revient à dire que le Technocentre va voir ses effectifs se réduire afin d’utiliser d’avantages d’autres sites à l’étranger.
Ces mesures permettront d’effectuer des économies de l’ordre de 800 millions d’euros.
Une baisse de la capacité de production
Les capacité industrielles mondiales vont être fortement revues. Elles passeront ainsi de 4 millions de véhicules en 2019 à 3,3 millions en 2024. Cela inclut bien sur la fin de production automobile à Flins, mais aussi la revente d’une partie de ses activités en Chine à Dongfeng Motor Corporation. En revanche, Renault n'abandonne pas la Chine, car il compte produire localement des véhicules électriques comme la Yi par exemple. Certains modèles pourraient même arriver en Europe.
Renault va également stopper les projets d’augmentation des capacités prévues au Maroc et en Roumanie pour les modèles Dacia bien que la marque low-cost se porte très bien.
Enfin, le groupe veut de nouveau optimiser les fonctions supports pour environ 700 millions d’euros, et se séparer d’une partie de son réseau de distribution RRG en Europe.
Pour mettre en place ce plan d’économie, Renault va malgré tout devoir sortir le chéquier. Le groupe a en effet estimé sa mise en œuvre à un coût d’environ 1,2 milliard d’euros.