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L’incroyable évasion de C.Ghosn

Incroyable rebondissement dans l’affaire Ghosn, avec la fuite de ce dernier au Liban alors qu’il préparait sa défense en liberté conditionnelle au Japon, en étant assigné à résidence à Tokyo.
L’incroyable évasion de C.Ghosn
Par le 31/12/2019

Sous le coup de quatre inculpations pour des malversations financières, l’ancien PDG de Renault a pris tout le monde de court, à commencer par son avocat japonais. Ce dernier, garant du respect des règles et de la justice s’est bien sûr déclaré “abasourdi” par la nouvelle, ajoutant que "c'est inexcusable, puisque c'est une violation des conditions de sa libération sous caution".

Pour autant, sa fuite suscite bien sur de nombreuses questions. Pour le moment, les informations font état d’un passage par la Turquie grâce à un passeport français et sa propre carte d’identité libanaise. Du côté du Liban, des sources ont confirmé son arrivée lundi à l'aéroport de Beyrouth.

Selon son entourage, C.Ghosn aurait été rejoint par sa femme, qui était tenue à l’écart de l’ancien PDG par la justice depuis près de 8 mois. Ce n’est que vers mi-novembre qu’il avait enfin pu lui reparler, uniquement par vidéoconférence.

Cette dernière a d’ailleurs démentie une rumeur selon laquelle il se serait caché dans une caisse d’instrument de musique pour pouvoir s’enfuir.

Une fuite pour se défendre librement

C.Ghosn, qui continue de nier les charges retenues contre lui, a confirmé, par la voix de son porte-parole, se trouver désormais au Liban, un pays qu’il connaît bien, ayant d’ailleurs la nationalité libanaise en plus des nationalités française et brésilienne.

"Je suis à présent au Liban. Je ne suis plus l'otage d'un système judiciaire japonais partial où prévaut la présomption de culpabilité [...] Je n'ai pas fui la justice, je me suis libéré de l'injustice et de la persécution politique. Je peux enfin communiquer librement avec les médias, ce que je ferai dès la semaine prochaine".

L’entourage de l’ancien magnat  dénonçait notamment une affaire politique afin de libérer Nissan, des “griffes” du constructeur français Renault. C.Ghosn avait d’ailleurs été missionné par le gouvernement français, premier actionnaire du constructeur français, pour mener à bien un projet de fusion entre les deux constructeurs, chose réfutée à de nombreuses reprises par la classe dirigeante de Nissan.

C.Ghosn risquait gros lors de son procès

Racheté en 1999 par Renault, Nissan a été sauvé de la faillite en une durée record, grâce notamment à l’homme qui avait été placé à la tête du grand malade, C.Ghosn. Devenu une véritable idole, il avait même eu droit à un Manga à son effigie.

Sa chute n’a été que plus violente avec son arrestation en fin d’année dernière, et ses 130 jours passés en prison jusqu’en avril 2010, date à laquelle il a obtenue une liberté conditionnelle stricte. Bien qu’il pouvait tout de même se déplacer dans le pays sous  certaines conditions, il avait tout de même l’interdiction ferme d’entrer en contact avec sa femme.

Le procès de Carlos Ghosn, 65 ans, devait avoir lieu au printemps prochain. Ses chances de pouvoir ressortir librement étaient des plus réduites, de l’ordre de 1 à 2%, dans un pays où les accusés dans ce type d’affaire sont le plus souvent condamnés à l’issue de leur procès. Certaines sources avançaient d’ailleurs une possible condamnation de l’ordre de 15 ans...

Même si le procès aura lieu en son absence, les charges retenues contre lui, et la condamnation probable de l’ancien PDG seront difficiles à faire appliquer au Liban, comme l’a confirmé à l’AFP son avocat Nobuo Gohara. De même, en l’absence de traité d’extradition entre le Japon et le Liban, un retour forcé en terres nippones est très peu probable.

Carlos Ghosn donnera début janvier une conférence de presse afin de s'expliquer.

L’avis de Patrick Pelata sur son ancien mentor

Ancien Directeur Général de Renault jusqu’en 2011, Patrick Pelata est revenu sur l’affaire Ghosn dans un interview aux Echos donnée le mois dernier.

Je savais qu'au niveau éthique, Carlos Ghosn était « borderline », mais sur de petites choses. Je n'aurais jamais imaginé des choses aussi graves. Quelques jours après son arrestation, Nissan m'a proposé de voir le dossier sous réserve de confidentialité. Ce que j'ai vu m'a rendu malade.” Patrick Pelata aux Echos le 17 novembre

Il décrit également le recul qu’avait pris C.Ghosn, en se détachant fortement des opérations pour ne viser qu’une seule chose, les volumes, pour devenir n°1 mondial, parfois en court-circuitant la hiérarchie, dont l’ex PDG de Nissan, et amenant ainsi d’importants problèmes de communication entre les cadres dirigeants ainsi que les ingénieurs.

Parmi les autre problèmes cités, il y a notamment les nouvelles normes WLTP, sur lesquelles “Renault a pris du retard, et l’a fait payer à Nissan”, poussant certains modèles à se vendre uniquement en faisait de gros rabais, au détriment de la marge.

Retrouvez l’interview de P.Pelata aux Echos

 


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