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Briatore savait que Renault serait mal
Dans une interview parue sur AUTO hebdo, le Directeur Général de Renault F1 Team, Flavio Briatore, parle de la mauvaise saison 2007 de l'écurie française, d’un Alonso dont il rêve le retour et de l’affaire d'espionnage opposant Ferrari à McLaren.
Lâacquisition dâun club de football anglais par Flavio Briatore serait-il le signe dâun début de reconversion pour le patron de Renault F1 ? « Ni lâun, ni lâautre, réplique Flavio. Je me suis séparé de lâentreprise pharmaceutique dont jâétais co-actionnaire, je discute la reprise de lâéquipe des Queenâs Park Rangers et jâai dâautres activités, qui ne me prennent pas beaucoup de temps. Je donne les grandes lignes et je délègue à des gens qui connaissent mieux que moi. Ce nâest pas parce que jâai un super resto italien à Londres que je suis en cuisine ou que je fais le service ! Si je reprends cette équipe de foot, je ne serais ni son entraîneur ni son recruteur. Ce sera pour mâamuser un peu. Car moi, mon truc, câest la F1. Renault F1 ! Et je mây implique à 100%, surtout pour 2008. »
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Pourquoi 2008Â ?
« Parce que je nâai pas envie de revivre une autre saison comme 2007 ! Nous devons redevenir compétitifs. »
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Quelles sont les raisons de ce "ratage" en 2007Â ?
« Nous nâavons pas effectué du bon boulot. Nous avons développé la R26 de lâannée dernière jusquâau tout dernier moment puisque les titres se sont joués au dernier Grand Prix. Nous nâavons donc pas abordé 2007 dans les meilleures conditions techniques. Et dans ce métier, la moindre erreur se paie très cher. On le paie encore même si, lentement mais sûrement, on redresse la barre. Et puis, les bons progressent aussi, il faut donc avancer plus vite quâeuxâ¦Â »
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On vous sait très attentif à la situation Alonso/Hamilton/McLaren. Vous nâavez pas repoussé lâéchéance de votre choix de pilotes 2008 par hasardâ¦
« Si je vous disais quâAlonso ne mâintéresse pas, vous me prendriez pour un fou. Alors je vous dis la vérité : je rêve de le voir revenir mais il est lié par un solide contrat avec une autre équipe que la nôtre. Pas une équipe ne le refuserait, même celles qui disent le contraire. »
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à voir régulièrement le "clan" Alonso grimper dans votre motorhome, la rumeur a de quoi enfler !
« Ce nâest pas parce quâAlonso ne court plus pour nous que nous sommes devenus étrangers. On se voit, on discute, on rigole, on joue aux cartes⦠Ma société gère toujours ses intérêts commerciaux. Et on ne peut pas non plus lui reprocher que son choix professionnel ait été nul ! »
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Il se sentirait mieux ici que chez McLaren ?
« On a toujours dit que Renault F1 était une famille⦠Il sây sentirait certainement mieux que dans une usine. Mais câest lui qui a signé le contrat McLaren, pas moi ! Alonso ne souffre pas pour autant le martyr. Il y a des gens beaucoup plus malheureux que lui sur Terre ! »
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Où en seriez-vous aujourdâhui sâil nâétait pas parti ?
« Pas beaucoup mieux. Il tirerait peut-être 2/10e de plus que la R27 mais ça ne changerait rien à lâaffaire. Le problème est technique, cela nâa rien à voir avec les pilotes. »
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Le passage au Bridgestone ?
« Jâai compris quâon serais dans la m⦠deux mois avant que la saison ne commence. Il nây a pas de secret en F1. Lâannée dernière, beaucoup de gens sâattendaient au retrait de Schumacher et beaucoup avaient parié sur une ultime victoire. Il y eut dans lâair comme une tendance à faire de telle manière quâil gagne, quâil mérite un petit coup de pouce de temps à autre⦠Et quand ils ont pu, ils lui ont donné. Pénalité dâAlonso à Monza, interdiction des "mass-dampers", etc. Quand les règles changent à mi-championnat, câest quâil y a quelque chose dâanormal. Compte tenu de cette situation, nous nous sommes investis comme des fous. Il fallait sâattendre à un retour de manivelle pour 2007. à lâinverse, vu quâelle nâavait plus rien à dire depuis des mois, McLaren sâest mise au travail très tôt sur 2007. En plus de recommencer tard, on a commis lâerreur de sous-évaluer lâeffet Bridgestone sur lâaérodynamique, et ce que nous avons cru constater en soufflerie nous a mis sur la mauvaise direction. Après sept ans de collaboration avec Michelin, nous avions réussi à avoir la voiture la mieux équilibrée du plateau. Dès que nous lui avons mis les Bridgestone elle est devenue la moins équilibrée ! »
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McLaren sâen est mieux sortie que Renault sur ce plan-là â¦
« Elle a certainement dâautres moyens, mais elle a surtout bénéficier dâun gros avantage : elle a retrouvé des pneus quâelle a bien connus avant de passer aux Michelin, après nous, et avec lesquels elle nâa jamais été vraiment à lâaise. De 3/10e derrière nous avec les Michelin, elle est passée 6/10e devant rien quâen changeant de pneus, à châssis égal ! Démonstration qui vaut aussi pour BMW Sauber. Quant à Ferrari, elle nâa jamais rien connu dâautre. On a évidemment travaillé et progressé, mais nous aurions dû avoir au GP dâAustralie la voiture que nous avons aujourdâhui. »
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Avec plus dâargent, dâhommes et de moyens techniques, cela se serait mieux passé ?
« On a démontré par deux fois que lâon pouvait être champion du monde avec un budget "contenu", ce nâest donc pas une excuse. Même si, avec deux souffleries, on va deux fois plus vite. Mais à partir dâun certain niveau, pour moi, ce nâest plus de la F1. Ferrari dispose de moyens autrement plus gros que les nôtres et sâest plantée en 2005 et 2006. McLaren, qui a tellement dâargent quâelle ne sait plus comment le gaspiller, nâa pas remporté de titre mondial depuis dix ans ! »
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Renault F1 dispose-t-elle dâun budget suffisant à ses ambitions ? Le président ne vous pousse-t-il pas à vous serrer un peu la ceinture ?
« Ce discours est hors sujet. On a le budget quâil faut pour gagner. Et si je demandais à Carlos Ghosn une rallonge de 50 millions dâeuros en lui démontrant quâil sâagit dâun besoin fondamental pour vaincre, il me les accorderait demain. Le président est le genre de personne qui, une fois le programme choisi, y va à 100%, et jusquâau bout, en faisant confiance à ceux qui en ont la charge tant quâils ne lui montrent pas leur incompétence. Jusque-là , je ne pense pas que nous lui ayons donné cette impression. Câest nous qui nâavons pas réclamé ces 50 millions dâeuros, tant que nous nâen avons pas eu besoin. Si la victoire nâétait quâune affaire dâargent, McLaren irait de titre en titre depuis des années. »
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Et cette affaire dâespionnage opposant Ferrari et McLaren, quâen pensez-vous ?
« Elle ne concerne pas Renault, je garde donc mon avis pour moi. Disons quâelle ne fait pas de bien à la F1. La justice mène lâenquête, la FIA aussi. Voyons ce quâil en ressortira et on commentera. »
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La crédibilité de la discipline en prend-elle un coup avec ce genre de scandale ?
« Les gens qui travaillent en F1 devraient sâestimer chanceux. En plus, ils sont surpayés et peuvent se prévaloir de cette incroyable plus-value, celle de négocier des transferts. Malgré cela, et câest ce qui me paraît scandaleux, ils réussissent à tromper lâentreprise qui les paie ! Tout est là . »
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Fin 1996, quand Brawn, Byrne et Czakspy quittèrent Benetton pour Ferrari, ils emportèrent une expérience, des infos. Nâest-ce pas décevant, voire inquiétant ?
« Ils ne sont évidemment pas partis la tête vide ! Ils sont partis avec ce quâils avaient eux-mêmes apportés à Benetton et ce quâils y ont appris. Mais ce nâest pas la même chose que partir avec des dessins de quelquâun dâautre. Sâil sâavère, je dis bien "si", quâil y avait bien une connexion directe entre une ou des personnes dâune équipe et une ou des personnes dâune écurie rivale, câest inacceptable. »
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On dit que, selon le résultat de la cour dâappel FIA, Alonso pourrait dénoncer son contrat. Est-ce vrai ?
« Oui, et en plus il apporterait les plans de sa voiture, et le terminal n°5 dâHeathrow ! »
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Bizarre que celui que lâon imaginait moralement à toute épreuve vive mal cette cohabitationâ¦
« En F1, contrairement à ce que lâon croit, le facteur humain compte beaucoup. Ces garçons sont considérés comme des bêtes, des robots prêts à tout endurer. En fait, ils nâont jamais été jeunes, ils nâont vécu quâau travers de la compétition et de la rivalité depuis leur adolescence. Ils sont chargés de responsabilités bien supérieures à leur capacité dâabsorption. Si tu ne leur donnes pas une ambiance sereine, relaxante, transparente, la situation peut très vite dégénérer. Avec Fernando, on se connaît depuis plus de dix ans, nos relations sont ce quâelles ne pourront jamais être là où il est arrivé en "star". Là -bas, câest du professionnel avant tout. Câest comme un père qui verrait naître son fils et lâélèverait jusquâà 15 ans, et un autre qui ferait connaissance de son fils à seulement 15 ans. Le rapport est totalement différent. »
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Chez qui Piquet Jr va-t-il être titularisé en 2008 ?
« Il reste très peu dâéquipes avec un bon volant libre. Alors, Fisico/Kova, Fisico/Piquet, Piquet/Kova⦠Jâaurais aimé juger mes pilotes avec une bonne machine pour fixer mon choix. Jâattends encore un peu. Mais de toute façon, nous aurons un pilote dâessais français, Romain Grosjean. Il fait partie du programme Renault Driver Development et nous allons lui trouver un volant GP2. Je suis très satisfait de mes pilotes. Quand jâentends les gens crier au miracle au sujet dâHamilton, je me dis que sâil nâavait pas raté une victoire à cause dâune panne sèche, câest Nelsinho qui aurait eu le titre de GP2. »    Â
Le directeur de Renault F1 Team peut être satisfait : en 2005 puis en 2006, Flavio Briatore a fait gagner à l'écurie française les titres constructeurs et pilotes (Alonso)Â
Alonso, aujourd'hui chez McLaren-Mercedes, continue de rencontrer régulièrement Flavio BriatoreÂ
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