Le futur (mort-né ?) moteur Renault de F1 serait très prometteur
Depuis quelques semaines, la rumeur de l’arrêt du moteur Renault en Formule 1 ne cessait d’enfler. Même si rien n’est encore officiel, chez Alpine et chez Renault, plus personne ne s’en cache. Alpine compterait d’ailleurs annoncer, d’ici septembre, un contrat de fourniture moteur avec Mercedes, incluant potentiellement d’autres éléments comme la boite de vitesse ainsi que les suspensions arrière.
Principale cause de cet arrêt, des performances en deçà de la concurrence, mais surtout, l’aspect financier. Alors qu’un contrat avec un motoriste revient à 15 millions d’euros environ, la conception et la production d’un moteur pour une saison couterait autour des 110 millions d’euros… Sur le papier, on comprend donc la volonté d’Alpine et de Renault de réduire la voilure, d’autant plus que la motorisation est désormais très peu porteuse d’un point de vue marketing.
Forcément, du côté de l’usine Renault de Viry-Chatillon spécialisée dans la production de moteurs pour la F1 depuis les années 70, la volonté de stopper la F1 ne passe pas, et ce, pour plusieurs raisons.
Les ingénieurs, outre une menace de grève qui aurait pu avoir des conséquences lors du dernier Grand Prix des Pays-Bas, ont ainsi pris le temps d’expliquer longuement publiquement la situation actuelle en voulant rétablir la vérité et accusant clairement Renault de vouloir tuer cette entité d’élite dont peu de pays peuvent se vanter d’avoir: l’Allemagne (Mercedes, et dorénavant Audi), le Japon (Honda), l’Italie (Ferrari) et bientôt les USA (Ford).
Un moteur 2026 très prometteur
Outre l’aspect financier, les dirigeants de Renault mettent également en avant un moteur qui soufre d’un léger, mais bien réel déficit de puissance, un argument souvent mis en avant par les équipes d’Enstone qui produisent le châssis, pour expliquer les contre-performances. Des contrefeux habituels, mais qui ne peuvent pas tout expliquer.
"Côté Viry, le Power Unit souffre d'un déficit de performance dû à une mauvaise anticipation du changement de la réglementation technique de 2014, avec le passage au PU V6 hybride. [...] Depuis 2022, l'écart imputé à l'unité de puissance s'évalue à 20% du déficit total de la monoplace. Le reste incombe au châssis d'Enstone qui peine à se structurer, en proie à des changements de direction successifs."
Une ancienne monoplace Renault à l'usine d'Enstone
Bien qu’inférieur, le moteur actuel ne peut évoluer à cause du gel des moteurs, une règle qui a d’ailleurs été votée par Renault pour réduire les coûts. Impossible donc de rattraper le retard, malgré une demande officielle faite par Renault l’année dernière, qui a essuyé un refus tout net des autres équipes. Logique. Mais pour être totalement honnête, Honda, qui est arrivée avec un moteur totalement à la ramasse, a malgré tout réussi à se remettre dans le droit chemin avant le gel des moteurs, chose que Renault n’a pas su faire.
Mais surtout, les ingénieurs de Renault mettent en avant un moteur 2026 très prometteur selon eux. Il a d’ailleurs déjà été démarré au début de l’été avec d’ores et déjà des résultats chiffrés donnés par le site Motorsport:
- le moteur dépasse déjà la puissance de 400 kW (soit 543 ch.) ce qui était quasiment l’objectif à atteindre pour la première course de 2026.
- le rendement serait proche des 48%
- le moteur a vu son encombrement diminuer (-12%), facilitant ainsi la mise en place dans la monoplace, tandis que son poids est inférieur au règlement, permettant d’utiliser des lests ou de renforcer certaines pièces
- la fiabilité serait déjà très bonne
Bien sûr, il est difficile de savoir ce qu’ont déjà pu réaliser des concurrents comme Ferrari, Mercedes, Honda ou encore Audi. Ces données sont donc à relativiser.
Question finance, Renault a déjà investi massivement dans ce projet depuis de nombreux mois. Le stopper à seulement un an et demi de la saison 2026 ferait probablement faire des économies à l’équipe, mais probablement pas autant qu’espérées. Et par ailleurs, si toutefois le moteur s’avérait performant, Renault pourrait aussi revendre son bloc à d’autres équipes, comme McLaren, Williams ou encore Aston Martin, réduisant ainsi ses coûts.
Un retrait qui signifierait la fin totale ou presque des moteurs Renault en F1
Si ce retrait était confirmé, ce serait assurément la fin pour Renault en F1. Certes, l’équipe Alpine serait toujours présente, mais l’arrêt de la production des moteurs pourrait être définitive. En convertissant l’usine à d’autres technologies, Renault et la France se priveraient d’un pôle d’excellence et des rares ingénieurs français capables de produire de tels moteurs.
Et puisque l’aspect financier reste primordial, selon les équipes de Renault, revenir plus tard en F1 couterait bien plus cher. Pour justifier ses dires, l’exemple d’Audi est donné. La marque allemande qui a racheté Sauber, investit 1,3 milliard de dollars pour développer son équipe. Cet investissement comprend malgré tout la partie châssis située en Suisse qui existe déjà, et la partie moteur dont tout reste à faire.
Autant dire que cette décision reste lourde de conséquences sur le long terme. Selon les syndicats, après avoir démantelé Renault en plus entités et fait entrer le chinois Geely dans l’activité historique de Renault (via Horse), la direction de Renault semble avoir prévu de faire la même chose avec la F1.
Espérons que le cri d’alerte envoyé par les ingénieurs de Renault trouve un écho positif. Car même Carlos Ghosn que l’on disait pourtant peu passionné par la F1 a toujours soutenu cette activité malgré le retrait partiel de Renault en 2010 avant de signer son retour (peu réussi jusqu’à présent) en 2016.