Mais où va Alpine en Formule 1 ?
Manque de performance, changements continus de l’équipe dirigeante, valse des ingénieurs, ambiance plus que tendue entre les pilotes, retour du sulfureux Flavio Briatore et abandon du moteur Renault, on peut se demander si Alpine ne va pas directement dans le mur. Une situation regrettable alors que Luca de Meo a voulu replacer Renault au centre de la France, en produisant notamment toutes les voitures électriques du constructeur dans l’hexagone, en développant la gamme Alpine dont l'A290 dernièrement commercialisée et en l’engageant en WEC dans la catégorie reine avec des résultats décevants jusque-là, ainsi qu’en F1 où l'équipe se bat chaque week-end pour entrer dans la zone des points comme ce fut le cas en Belgique lors du dernier Grand Prix.
La dernière information en date qui fait clairement grincer des dents, est celle de l’abandon du moteur Renault par Alpine, au profit du bloc Mercedes, alors que Renault poursuit le développement du moteur 2026. Outre la honte absolue (sans oublier un aveu d’échec total) qu’une Alpine française soit propulsée par un moteur allemand concurrent, cela signifierait surtout l’abandon par le constructeur français de son site de Viry-Châtillon, spécialisé dans la production de moteur de sport qu’avait créé Amédée Gordini en 1969 et que Renault avait racheté en 1976 avant de se lancer en F1.
Un moteur trop cher ?
Seulement voilà, concevoir et produire un moteur de Formule 1 coute très cher. On estime que si Mercedes devait devenir motoriste d’Alpine, le contrat serait d’un montant de 17 millions d’euros par an, comparé aux 100 millions d’euros estimés pour concevoir le nouveau bloc de 2026. Si l’on s’arrête purement et simplement aux chiffres, c’est implacable. Seulement, Alpine, ou plutôt Renault, a déjà dépensé une grosse partie de cette somme.
Concevoir un moteur de F1 coûte très cher
Et selon l’accord qui aurait été négocié par le revenant Flavio Briatore qui, décidément, fait plus de mal que de bien à la F1, l’accord avec Mercedes inclurait également la boite de vitesse et suspension arrière. Alpine deviendrait, un peu comme Aston Martin jusque-là, ou Haas, une équipe BIS de Mercedes.
Alors que Ford revient en F1 en tant que motoriste seulement, et qu’Audi fera son arrivée en 2026, Renault, figure emblématique de la F1 devrait donc se retirer…
Menace de grève à Viry Chatillon
Même lors de ses différents retraits (au nombre de trois) de la F1, Renault a toujours conservé ses activités à Viry. Cela a particulièrement été le cas entre 1987 et 1989, mais aussi entre 1998 et 2001 ou encore entre 2010 et 2016 quand Renault équipait Red Bull. Soit l’usine produisait des moteurs pour les autres équipes, soit elle conservait une cellule de veille tout en s’occupant d’activités connexes, comme la production de moteur d’avion à la fin des années 90.
Pourtant, dans le cas présent, l’usine de Viry serait revendue ou fermée. Face à un avenir très incertain, les 350 employés du site parisien ont ainsi menacé de faire grève. Si cela devenait réalité, Alpine, privée de moteurs, courrait le risque de ne pas pouvoir s’engager sur les prochaines courses. Une situation ubuesque.
Bruno Farmin remplacé à la tête de l’équipe
Arrivé il y a tout juste un an à la tête de l’équipe pour remplacer Laurent Rossi qui a fait les frais des contre-performances en 2023, Bruno Farmin a également fait ses valises fin juillet. Lui aussi a fait les frais des décisions de Briatore qui a préféré nommer le Britannique Oliver Oakes. Bruno Farmin est désormais chargé de gérer le dossier de l’usine de Viry, dont il a découvert la décision, avouant d’ailleurs que “Ce fut un choc pour tout le monde et pour moi aussi, bien sûr. »
Bruno Farmin
Bruno Farmin est malgré tout confiant pour le site de Viry même s’il avoue à demi-mot des difficultés à venir pour certains.
"A Viry, nous aurons un énorme plan de transformation de l’entreprise qui mettra plus de ressources dans le développement de nouvelles activités de haute technologie [...] Ce ne sera pas facile pour tout le personnel : nous avons besoin de quelqu’un qui se consacre entièrement à ce projet et je suis satisfait à l'idée de m’y atteler. » Bruno Farmin