Réseau routier dégradé : que fait la France ?
Vous pensiez être les seuls à utiliser des départementales ou nationales en très mauvais états pour vous rendre au travail. Rassurez-vous, ou non, car c’est l’ensemble du réseau routier français qui se détériore de plus en plus chaque année, sans qu’aucun travaux, ou presque, ne soit réalisés.
Pourtant, ce n’était pas le cas il y encore quelques années en arrière. Pendant longtemps, la France était au sommet du classement international au niveau de la qualité du réseau routier. Mais aujourd’hui, la donne à changer et on ne peut pas nier la dégradation très prononcée et dangereuse des routes en France. Mais comment se fait-il que rien ne soit mis en place pour mettre fin à cela ?
Qui gère l’ensemble du réseau routier ?
À première vue, on pourrait logiquement se dire que c’est à l’État français de s’occuper de la rénovation. Or, ce dernier s’est désengagé de cette responsabilité en transférant celle-ci aux départements et régions. Et depuis, on constate que les 11 600 km d’autoroutes, les 389 000 km de routes départementales et nationales, les 688 000 km de routes communales, les 200 000 ponts ainsi que les 900 tunnels en France se dégradent.
Toutefois, les revenus engendrés, notamment par les péages ou encore les radars sont prévus, à l’origine, pour être réinjectés dans la rénovation des routes et chaussées. Alors où passe tout cet argent ? En 2019, les infractions au code de la route ont rapporté 1,65 milliards d’euros à l’État. Hormis les 20 % affectés automatiquement à l’État pour le désendettement, le reste des recettes se divise en trois destinataires : l’Agence de financement des infrastructures de transports de France (AFITF), les collectivités territoriales et la Délégation à la sécurité routière (DSR). Ces trois partis existent justement pour redistribuer cet argent dans la rénovation des routes et chaussées qui en ont le plus besoin sur le territoire. Mais ce que l’on peut dire, c’est que peu de cet argent semble se diriger sur les routes de France.
Des conséquences à tous les niveaux
Ce manquement à la rénovation entraîne des conséquences importantes et non négligeables. Premier point, la sécurité. En instaurant plus de radars, en réduisant la vitesse sur les routes et en mettant en place des restrictions de plus en plus fortes, l’État pense faire diminuer le nombre de morts sur les routes. Mais le point le plus important ne serait-il pas déjà dans la qualité du réseau routier ? Nids de poule, fissures, déformations, tout cela est également à l’origine d’accidents mortels sur les routes mais encore beaucoup trop négligé.
Nouveau point de contradiction dans les volontés de l’État, celui d’atteindre la neutralité carbone d’ici quelques années. Cette fois, ce n’est pas en instaurant uniquement des malus à vous faire exploser le porte-feuille qui vont permettre de ne plus émettre de CO2. Cela peut surprendre mais une étude a été menée et démontre qu’une route en mauvaise état contribue à une augmentation des émissions de CO2 jusqu’à 9 % par rapport à la situation dite « normale ». Une sur-consommation est également à rajouter puisque ces routes, mal entretenues, provoque chez l’usager des à-coups dans la conduite, par des ralentissements et des accélérations, qui mènent à une augmentation de carburant.
Et puis surtout, l’État pense peut-être faire des économies en investissant peu sur le réseau routier mais en réalité, il s’endette encore plus ! L’État a programmé un budget de 13,4 milliards d’euros d’investissement dans les infrastructures du transports sur la période 2018-2022 et un milliard d’euros par an pour l’entretien et la modernisation des routes. Mais pour retrouver un niveau satisfaisant du réseau routier en France, il faudrait, au minium, un investissement d’un milliard d’euros supplémentaire par an et jusqu’en 2037 ! Ce qui est loin d’être le cas puisque au contraire, les chiffres sur l’investissement pour le réseau routier diminue d’année en année. En sept ans, on est passé de 15 milliards, à 12…
En négligeant cet entretien, la France s’expose à un risque de dégradation qui imposerait une rénovation complète de l’ensemble de la voirie et qui entraînerait une dépense 20 fois plus importante qu’un entretien préventif au fil des ans. L’association 40 millions d’automobilistes n’a pas manqué d’alerter l’État et demande un plan d’urgence d’entretien : « Il n’est pas concevable que la France ne préserve pas la qualité de son réseau. Il s’agit de notre patrimoine de mobilité. »
Pas certain qu’aujourd’hui, avec la situation sanitaire, le réseau routier soit une priorité de l’État. Il faudra donc rester encore très vigilant pendants quelques années.