Grâce aux radars en ville, la France va passer à près de 10 000 radars

Ceux qui sont allés en Italie le savent : là-bas, circuler en voiture est encore pire qu’en France avec leurs zones de travaux interminables tant sur la durée que sur le nombre, leurs ZFE locales bien plus restrictives et pire, leurs radars urbains.
Une situation qui a eu le don d’excéder les italiens, à tel point que le gouvernement a été forcé d’intervenir pour venir mettre de l’ordre dans ce racket organisé, sans pour autant faire machine arrière. En tant que bon voisin, la France a forcément suivi de près la situation. Et plutôt que de reprendre les bonnes idées de nos voisins, autant prendre les mauvaises. Enfin… quand on dit les mauvaises, on parle bien des automobilistes. Car pour les finances, ces radars permettent de remplir les caisses des municipalités, qui sont financièrement aux abois.
Votée en février 2022, la loi “3DS” va laisser la possibilité aux municipalités d’installer des radars. Une excellente nouvelle pour les villes qui voient en les automobilistes, de petites tirelires sur pattes. Car jusqu’ici seul, l’État avait le droit d’installer des radars, mais désormais, les maires le pourront aussi, après validation du préfet. “C’est pour le roi ? Non, c’est pour Don Salluste”. On y est.
La répression va donc perdurer. Après les innombrables ralentisseurs pourtant jugés illégaux dernièrement, et la volonté de l'Europe d'imposer un contrôle technique tous les ans pour les voitures de plus de dix ans, la France s'apprête à rajouter une pièce dans la machine... pour tirer le gros lot.
La France bientôt quatrième pays avec le plus de radars ?
Selon les estimations, jusqu’à 5 000 radars devraient ainsi être déployés en cinq ans, soit 1 000 par an en moyenne. En procédant ainsi, la France va doubler le nombre de radars en activité, ce qui placera la France comme le 4ème pays le plus équipé (en radars fixes) derrière le Brésil (18 914 radars), la Russie (18 447) et donc l’Italie (11 805) (source : Coyote). Évidemment, rapporté à la superficie, l’Italie reste la championne du monde comparée au Brésil ou à la Russie.
5 000 radars privés, la gestion du pactole encore très floue
Une fois encore, comme pour les voitures banalisées, les radars seront privés. Cela veut dire, et ce n’est clairement pas rassurant, que les mairies ne seront pas propriétaires des équipements. La mairie achètera la prestation comme une LLD (Location Longue Durée), mais c’est la société privée qui restera propriétaire des équipements et s’occupera de sa maintenance, tandis que la gestion des amendes sera gérée par le même centre que les radars classiques. Le pactole ira ainsi au profit du programme “P754” du budget de l’État.
Ensuite, l’État devra redistribuer les “dividendes” mais sur ce point, cela reste flou. Car en l’état (c’est le cas de lire), un intéressement est anti-constitutionnel. C’est d’ailleurs la raison qui a poussé l’État à déléguer la gestion des stationnements et des amendes aux communes.
En procédant ainsi, l’État facilite l’installation de ces radars puisque les communes pourront à moindres frais s’équiper. Elles devront tout de même acheter la “prestation” ainsi qu’assurer les travaux de génie-civile. Sur ce dernier point, les frais devraient être limités parce que le cahier des charges stipule que ces radars devront pouvoir se fixer sur le mobilier urbain déjà en place. Outre vérifier la vitesse dans les deux sens, ils devront aussi pouvoir vérifier la validité de l’assurance auto, contrôler le passage aux feux-rouges, distinguer les différents véhicules et leurs usagers, etc.
Dès lors, pourquoi s’en priver ? Ils permettront assurément de financer des ralentisseurs illégaux, de placer de nouveaux ronds-points et d’assurer la mégalomanie de certains élus.
Lors du dernier Salon des Maires, la société PARIFEX avait d’ailleurs monté un stand, pour venir promouvoir leurs produits, dont le seul et unique but est bien sûr d’œuvrer pour la sacro-sainte sécurité.
“Il était évident pour PARIFEX de profiter de ce grand événement qu’est le Salon des maires et des collectivités locales pour faire passer des messages en matière de sécurité routière. D’une part, c’est l’occasion de dresser, ensemble avec les agglomérations, l’état des lieux de la lutte contre l’insécurité routière et d’autre part, de revenir sur l’implantation de radars automatiques rendue possible par la loi 3DS pour les agglomérations, quelle que soit leur taille.” Claire Legrand, responsable affaires sécurité routière chez PARIFEX, publié sur https://www.salondesmaires.com
Un début de déploiement prévu dès 2026
Après quelques années de répit depuis le vote de la loi, tout s’est donc accéléré. Un appel d’offre a été passé via l’Union des groupements d’achats publics. Les (rares) fabricants, devront répondre à l’appel d’ici mi-juin, avec un objectif de mise en service au cours du second semestre 2026.