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Les 130 km/h sur autoroute conservés... pour le moment

De nombreux automobilistes ont retenu leur souffle ces derniers jours, avec une rumeur persistante d'une possible limitation à 110 km/h sur les autoroutes. Le gouvernement semble avoir tranché: c'est non.
Par le 21/11/2022

Les français favorables à une vitesse maximale de 110 km/h sur autoroute. Vraiment ?

Il y a quelques semaines, une campagne de communication relative à un abaissement de la vitesse sur autoroute avait été lancée. Selon cette campagne une étude prouvait que 63% des français y était favorable.

Un chiffre étonnant quand on connaît ce qui a mis le feu aux poudres et a poussé à donner naissance au mouvement des gilets jaunes, à savoir, le passage au 80 km/h sur le réseau secondaire.

En cause, un sondage IFOP publié en juillet dernier. Pour autant, les associations d'automobilistes comme 40 millions d'automobilistes ou la ligue de défense des conducteurs ont immédiatement dénoncés une instrumentation de ce sondage.

En cause, la question qui ne correspond pas à la conclusion. "Vous personnellement, seriez-vous prêt à réduire votre vitesse sur l’autoroute à 110 km/h, spécifiquement dans le but de réaliser des économies de carburant ?" et non "Êtes vous favorable à une limitation à 110 km/h de la vitesse sur autoroute?"

En effet, cela n'a rien à voir. On peut décider personnellement et/ou occasionnellement de réduire sa vitesse de sa propre volonté, sans vouloir que celle-ci soit une obligation. C'est un peu comme si on demandait si on était favorable à la grasse matinée le dimanche. Cela n'aurait rien à voir avec le fait d'être favorable à une obligation de la grasse matinée.

Le 80 km/h hors agglomération sur les routes à double sens de circulation en France a du plomb dans l'aile

Macron n'en voulait pas, son premier ministre de l'époque avait été convaincu qu'il s'agissait d'une bonne chose. Le passage aux 80 km/h le 1er juillet 2018 sur le réseau secondaire a coûté cher (11 000 panneaux changés selon le site officiel du gouvernement) et n'a aucunement eu l'impact tant promis. A l'époque, le gouvernement avait promis que la mesure serait évaluée et retirée si jugée inutile. Une promesse toujours non honorée à ce jour.

Car si le gouvernement a été contraint de faire machine arrière, cela s'est fait dans la demi-mesure pour ne pas totalement se déjuger, et sans réelle étude. Résultat, nouvelles dépenses pour changer les panneaux dans de nombreux départements qui ont décidé de revenir en arrière.

Quelques uns font malgré tout de la résistance. Si la majorité est repassée aux 90 km/h sur les routes sans terre-plein central à double sens de circulation, d'autres ne semblent pas spécialement pressés. C'est notamment le cas dans le sud de la France, sur quasiment toute la région PACA, du côté de la Bretagne et dans le nord de la France qui restent fidèle à cette baisse de vitesse alors rien n'a conduit à conclure qu'elle a fait baisser la mortalité.

Cela conduit à des aberrations grotesques et de multiples changements de limitation de vitesse sans raison. 90, puis 70 avant de passer à 80 puis de nouveau 90. Incompréhensible.

Tous les moyens sont bons pour tenter de limiter la vitesse en ville, sur les départementales et sur autoroute

Sécurité routière, écologie, crise énergétique...

Tout est donc bon pour les allergiques à la vitesse d'arriver à leurs fins. L'excuse de la sécurité routière n'ayant pas fonctionné hormis en ville où les zones 30 se reproduisent comme des lapins, et sur les départementales où le succès est partiel mais suffisant pour emmerder une majorité de français.

La mode de la vitesse maximale à 30 km/h en ville n'a d'ailleurs que très peu d'effet sur les accidents et la pollution. Une mode vers laquelle tend de plus en plus de villes, donnant la fausse impression d'agir pour le bien de sa population. Pourtant, devant le peu d'efficacité, certaines municipalités décident même courageusement de faire machine arrière comme dans les Yvelines. D'autres au contraire, s'entêtent à réduire la vitesse sur les routes et déploient actuellement de nombreux radars pour traquer tous les petits excès de vitesse si rentables pour les élus qui cherchent des recettes fiscales. Le tout avant de voir arriver prochainement des radars urbains.

Mais sur autoroute, le lobby anti-vitesse ou pro "limitations de vitesse" échoue encore. Et ce n'est pas faute d'essayer.

Mais les chiffres sont limpides et ne peuvent être manipulés tellement ils sont simples: sur ce réseau, on n'a recensé en 2021 que 121 tués. Un chiffre très bas, assez logique étant donné les infrastructures et surtout, l'absence de piétons et vélos qui représentent plus de 20%du total des morts sur la route.

En effet, selon le ministère de l'intérieur, en 2021 sur un total de 2 947 décès sur les routes, celui des automobilistes (en baisse malgré le retour du 90 km/h dans une majorité de départements) se limite à 1 411 décès contre 226 cyclistes et 416 piétons, le reste étant les deux-roues motorisés et les camions principalement. Les deux roues motorisés qui sont d'ailleurs les premières victimes de la dégradation des routes et des nids de poule qui s'y forment suite à la baisse de budgets dans ce domaine, malgré la hausse des recettes fiscales liées aux radars, sauf pendant les années Covid-19.

Argument suivant, l'écologie. Sous couvert de ce combat noble et nécessaire, une fois de plus, l'automobile est la victime idéale, mais aussi la plus rentable.

Avec la hausse du coût de l'énergie, les ayatollahs ont vu par là une nouvelle piste pour mener leur combat. Mais ne nous y trompons pas, comme le rappelle 40 millions d'automobiliste ou la ligue de défense des conducteurs, il s'agit là d'une idéologie. Toute raison sera valable pour arriver à ses fins.

Elisabeth Borne favorable aux 110 km/h mais se ravise

Bien que plutôt favorable à cette mesure lors de sa nomination, la 1ère ministre s'est montrée finalement plutôt défavorable au micro de BFM TV.

"Je pense que ce n'est pas la bonne voie. Je pense qu'on a aussi des gens qui ont besoin de se déplacer sur autoroute et qui peuvent avoir des contraintes de temps".

Le gouvernement a cependant voulu montrer la voie, en demandant aux usagers fonctionnaires de limiter leur vitesse à 110 km/h. Les conducteurs jeunes permis sont d'ailleurs obligé de rouler à cette limite. Les adolescents qui passeront leur permis à 17 ans aussi. 

Mais est-ce la mobilisation des citoyens ou la peur d'un nouveau mouvement des gilets-jaunes surtout après la fin de la remise sur le carburant programmée pour la fin d'année, la hausse généralisée des prix de l'énergie malgré un bouclier tarifaire ? Une chose est sûre, si la mesure semble repoussée pour le moment, elle n'est pas pour autant enterrée. La prudence reste donc de mise quant à un surplus d'optimisme.

Alors libre chacun de rouler à 110 si cela l'enchante (à condition de ne pas bloquer la voie de gauche - Article R413-19 du code de la route), mais par pitié, laissons les français décider, laissons leurs avoir leur libre arbitre pour adapter la vitesse en fonction de la situation et cessons cet infantilisation.

Le nombre de portions à 130 km/h en baisse sur le réseau national

Si la mobilisation contre le passage à 110 km/h à été forte, il faut tout de même relever que le nombre de portions réellement à 130 km/h se réduit années après années. Au moindre tunnel, pont, ou même léger virage dit dangereux, la vitesse passe à 110 km/h. On est donc très souvent à une vitesse inférieure aux 130 km/h.

Et que dire des portions qui arrivent près des grandes agglomérations qui sont passées discrètement en quelques années de 130 à 110 puis 90 km/h, comme c'est notamment le cas sur l'A8 en arrivant sur Aix en Provence ou sur l'A51 entre Aix en Provence et Marseille ? Des axes qui font étonnamment l'objet de nombreux radars qui viennent traquer tous les petits excès de vitesse pour obtenir un retrait de points (un calvaire pour les jeunes conducteurs avec leur permis probatoire) et faire les poches de tous. Cerise sur le gâteau, alors que le télétravail s'est largement démocratisé, ces axes sont de plus en plus surchargées aux heures de pointes. Une aberration pour la lutte contre la pollution...

Dans le même temps, chez nos voisins européens, sans même parler de certaines autoroutes allemandes, dans le nord de la Finlande, on peut rouler à une vitesse maximum de 100 km/h sur des routes enneigées tout comme sur le réseau secondaire en Irlande... Cela laisse songeur.

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