Sécurité routière: le retour de la boite noire
Cet amendement qui vise officiellement à lutter contre le trafic de pièces détachées parait surtout ouvrir la boite de pandore...
En effet, ce texte qui doit encore passer par la case -consultative seulement- du Sénat permettra aux forces de l'ordre de pourvoir accéder à toutes les données numériques du véhicule. En clair, lors d'un simple contrôle routier, le véhicule pourra être interrogé en s'y connectant via la prise ODB et ainsi accéder à de nombreux paramètres, dont la vitesse.
Cette fabuleuse idée a, selon le garde des Sceaux, été insufflée par le comité interministériel de la Sécurité Routière, chez qui, simple hasard certainement, Mme Perrichon, présidente de la Ligue contre la violence routière (sic) a toutes les portes ouvertes, et même les fenêtres.
Bien que cet amendement soit passé discrètement, les défenseurs du droit automobile comme La Ligue des Automobilistes ou encore Me Eric de Caumont, protestent contre le risque de Big Brother "Dans sa voiture, on est censé être à l'abri des introspections policières", s'insurge l'avocat.
Emmanuel Barbe, délégué interministériel à la Sécurité routière, à tenté de rassurer lors d'une interview au journal L'Express "Les forces de l'ordre vont être dotées de logiciels de diagnostic, pour lutter contre le trafic de pièces volées. Elles auront le droit d'interpeller un véhicule et de brancher leur logiciel sur les prises OBD, pour avoir accès au numéro de série. Ainsi, elles sauront si les pièces sont d'origine ou non. Il n'est pas question d'un contrôle à distance, ce qui est techniquement impossible, mais effectivement le libellé du texte porte à confusion", affirme-t-il, ajoutant également "Avec ce logiciel, on récupère très peu de données liées à la vitesse, et de toute façon, elles seraient inutilisables, on ne peut jamais prouver qui est au volant."
Pierre Chasseray, de l'association 40 millions d'automobilistes, penche également sur l'aspect bancal du texte "le texte voté est complètement stupide en terme de rédactionnel, il laisse place à tous les fantasmes sur la surveillance".
Fantasme à court terme, réalité à moyen terme ?
Avec de tels propos rassurants, on pourrait être tenté de croire en effet seulement à un texte mal formulé. Mais avec un tel flou, il serait bon dans ce cas, de mettre en place des gardes-f(l)ous.
Et oui, car au final, le texte n'est peut-être pas si stupide que cela en réalité... Cette idée de boite noire n'est pas nouvelle. Notre chère, dans tous les sens du terme, "Perrichon", souhaite depuis bien longtemps, en plus de réduire la vitesse, instaurer cette fameuse boite noire, pour -officieusement- permettre notamment d'accéder aux données sur la vitesse, son cheval de bataille. Là encore, officiellement, ce serait uniquement pour établir les responsabilités en cas d'accident... Car c'est bien connu, la vitesse est responsable de tout. Pas le comportement...
Du côté de la sécurité routière qui indique que ce sujet reste en "étude", on affirme également que cet amendement ne comporte aucun risque car il ne serait pas possible de détecter le conducteur utilisant le véhicule. Pas faux... pour l'instant...
Car, rappelons le, la grande majorité des radars flashent par derrière... avec une impossibilité totale de reconnaître le conducteur. Pourtant, sans prendre trop de risque, on peut affirmer sans risque d'être accusé de diffamation, qu'ils rapportent énormément d'argent, et donc que les procès-verbaux pleuvent sans même connaître les conducteurs...
Ainsi, en permettant d'ores et déjà l'accès aux données, il ne restera plus qu'à, comme pour le contrôle classique, "réprimander" le propriétaire du véhicule. CQFD.
Encore mieux bien que difficilement réalisable actuellement (mais dans 10 ou 15 ans ?) un énième amendement pourrait forcer les conducteurs à devoir s'authentifier avant de démarrer, en même temps que l'éthylotest... Pour cela, inutile de tomber dans un film de science-fiction qui pourrait être primé à Cannes puisque les nouveaux permis disposent d'une bande magnétique avec toutes les informations du conducteur.
Couvert par la lutte contre les conducteurs sans permis -ce qui n'en fait pas pour autant des dangers publics- l’État ferait coup double et la boucle serait alors bouclée. Welcome Big Brother !