Le passage au 150 km/h en France, une utopie ?
Rouler à 150 km/h sur autoroute, vous en rêvez ? Si tel est le cas, vous pouvez toujours vous rendre en Allemagne où les limitations n'existent pas sur les autobahn (hormis sur certaines portions), en République Tchèque et même bientôt en Italie. En effet, chez nos voisins transalpins, les dirigeants songent à faire passer les autoroutes à 150 km/h, mais aussi à stopper les radars urbains, véritables fléaux dans ce pays, qui ont été mis en place pour remonter les finances des municipalités.
Forcément, en observant nos voisins européens, une augmentation de la vitesse sur les autoroutes aurait du sens. Mais alors que ces pays basent leur politique sur la responsabilité individuelle et une certaine liberté d’agir, la France a, depuis bien longtemps, adopté une toute autre stratégie bien plus simple et surtout plus rentable, celle de l'infantilisation, de l'interdiction et de la sanction.
La France, isolée dans le dogme de la réduction de la vitesse
Au contraire des autres pays, la France, poussée par des associations très parisiennes contre l’automobile, est plutôt dans la réduction de la vitesse. On se souvient tous du passage au 80 km/h qui a été la goutte d’eau qui a fait déborder le vase, menant d’ailleurs de plus en plus de départements à revenir au 90 km/h. Pourtant, années après années, ce n’est pas l’augmentation de la vitesse qui est au centre de l’actualité, mais bien la réduction.
Et que dire de toutes ces autoroutes ou portions d’autoroutes qui sont passées en quelques années de 130 à 110 km/h sans raison mais dans la plus grande discrétion ? Dans le sud de la France par exemple, l’A8 dont on paie chèrement l’accès, entre Aix en Provence et Nice contient désormais de très nombreuses portions à 110 alors qu’elle dispose de 3 voies, et même à 90 km/h au niveau d’Aix en Provence, là aussi avec trois voies + bande d’arrêt d’urgence.
Entre Aix et Marseille, l’autoroute A51 est également passée de 130 à 110 puis 90 km/h. Et pour couronner le tout, alors qu’il subsistait la D6 (une 2x2 voies) qui passe par Gardanne à 110 km/h, celle-ci est passée depuis peu à 90 km/h à l’occasion d’une “expérimentation”.
Que dire également des nombreuses zones à 110 voire moins sur les autoroutes pour des travaux inexistants ou pour quelques plots posés ici ou là ? En procédant de la sorte, il ne faut pas s’étonner ensuite que les limitations ne soient pas respectées. Une mesure non comprise ou non compréhensible n’est jamais suivie.
La réduction de la vitesse ne s’arrête pas aux autoroutes. Car outre le passage au 80 km/h sur les routes départementales, il ne faut pas non plus occulter la baisse de vitesse sur le périphérique de certaines grandes villes ou encore la généralisation du 30 km/h en ville, agaçant d’ailleurs bien des cyclistes obligés de se “traîner” derrière les voitures.
Sauf changement de politique, cela reste une illusion
Très clairement, sur ce sujet, la France reste à la traîne. Et alors que chez nous, le discours porte plutôt depuis de nombreuses années vers une réduction de la vitesse, penser que l’on puisse un jour voir la vitesse augmenter, tout au moins avec la politique actuelle, reste une illusion voire même une utopie. Chaque fois, le ou les arguments au profit d’une réduction de la vitesse sont les mêmes, sécurité et écologie.
Pourtant, l’autoroute est le type de voies les plus sures avec seulement 269 morts en 2023 soit 9% du total, et 7% de blessés graves (source). Outre la qualité des infrastructures bien supérieure aux autres routes qui n’ont de cesse de se dégrader, ces résultats s’expliquent aussi par l’absence de cyclistes, piétons ou encore scooter de 50 cc. En effet, les morts en voiture ne représentent que 48% du total avec que ce mode de déplacement est dédié à 73% des déplacements.
Quant à l’écologie, puisque la voiture électrique est dite “propre” (ce qui reste contestable), et que les volumes de ventes neuves ou d'occasion de celles-ci ne cessent d'augmenter, l’argument ne devrait plus tenir longtemps. Enfin, en théorie…