Les voitures, de véritables mouchards, Renault le meilleur élève
“Les murs ont des oreilles…. et votre voiture aussi” titre la fondation Mozilla, responsable d’une étude sur la protection des données dans l’automobile.
Bien connue pour son attachement à la vie privée à travers son navigateur internet Firefox, la fondation Mozilla a en effet réalisé en cette rentrée de septembre une importante étude sur le respect de la vie privée de la part des constructeurs automobiles. Et le moins que l’on puisse dire c’est que les résultats font froids dans le dos… Il est d'ailleurs assez étonnant que cette étude passe inaperçue quand on sait la proportion de certains sujets à faire l'objet de plaintes ou de scandales.
Activité sexuelle, état de santé, génétique, tout y passe
Cette étude révèle ainsi que certains constructeurs automobiles vont jusqu’à recueillir des données incroyables comme l’activité sexuelle, les origines ethniques, les expressions du visage, l’état de santé, mais aussi le patrimoine génétique… D’autres données plus logiques sont également recueillies comme les trajets effectués.
Pour cela, les constructeurs s’appuient sur les nombreux éléments connectés présents dans la voiture comme les micros ou les caméras mais aussi les téléphones que l’on connecte sur le système multimédia, sans oublier les applications que l’on installe sur nos téléphones...
Pour réaliser cette étude, la fondation indique avoir passé plus de 600 heures à étudier les conditions générales et politiques de confidentialité, tester les applications et contacter les constructeurs.
Renault, le meilleur élève, Nissan bonnet d’âne
Quasiment toutes les marques sont pointées du doigt, la pire étant Nissan. Selon la fondation, le constructeur nippon brosse très large dans sa politique de confidentialité puisqu’il indique recueillir des données relatives à l’activité sexuelle, l’état de santé et des aspects génétiques des personnes. Comment ? Mystère !
La marque ajoute qu’elle peut être amenée à vendre au plus offrant, les comportements et attitudes de ses clients, les tendances psychologiques, ou encore des informations relatives à l’intelligence.
L’activité sexuelle fait visiblement partie des informations les plus intéressantes, puisque chez le Coréen KIA, on affirme aussi que la marque recueille des données en ce sens. Chez l’autre constructeur nippon Toyota, la marque détaille sa politique visiblement très riche, sur 12 documents différents, histoire de bien noyer le poisson.
Chez les marques européennes, qui sont concernées par le RGPD, c’est un peu mieux. Volkswagen analyse des données personnelles comme l’âge et la civilité des conducteurs ainsi que leur comportement sur la route pour améliorer le ciblage marketing, tandis que Mercedes préinstalle TikTok, une application chinoise largement décriée, mais dont le positionnement plutôt “jeune” semble pourtant assez éloignée de la clientèle de la marque premium allemande.
De nombreuses marques partagent également les données avec les gouvernements comme Hyundai et KIA selon Mozilla. Sans oublier les classiques fuites de données comme celles de Tesla, Volkswagen ou encore Toyota.
Alors que la technologie pourrait permettre de lutter contre le vol des voitures en pleine explosion et faisant augmenter le prix des assurances, on se retrouve face aux effets pervers de celle-ci et à l’appât du gain des constructeurs.
Si aucun constructeur n’est exempt de reproches, la fondation accusant beaucoup d’entre eux de faire du “Privacy Washing” c’est à dire de communiquer sur leur attachement de la vie privée tout en faisant l’inverse en coulisse, Renault est malgré tout classé comme le meilleur élève de la classe en permettant de refuser le partage des données ou de les effacer facilement, sans pour autant devoir se passer de certaines fonctionnalités contrairement à d’autres marques comme Tesla notamment.
Chez Tesla, si on veut protéger la vie privée, il faut accepter de faire des concessions
Espérons cependant qu’avec la généralisation de Google dans les nouveaux modèles de la marque, la politique de Renault vis à vis du respect de la vie privée ne rejoigne pas celle des concurrents.
En attendant, la fondation a mis en ligne une pétition pour l’arrêt de ce recueil massif de données personnelles. Si vous y êtes attaché, c'est le moment de la signer.