Londres se questionne sur l’interdiction des voitures thermiques
Le Royaume-Uni avance un peu les yeux fermés en matière d’écologie. L’ancien premier ministre Boris Johnson nourrissait pourtant cette urgence environnementale, malgré ses polémiques pendant le confinement. Il tenait à ce que son pays soit en avance sur toutes les autres nations du continent, sauf la Norvège qui est clairement le leader en la matière et de loin en plus. Raison pour laquelle en 2020, l’ancien chef du gouvernement a décrété que toute voiture neuve vendue dans le Royaume à partir de 2030 devrait être impérativement hybride ou bien électrique, avant de le devenir totalement en 2035, à l’instar de ce qui a été décidé par l’UE. Il est aussi à noter que de nombreux constructeurs automobiles préparent de plus en plus de modèles 100 % électrique pour « survivre » à la transition. L’année 2024 sera d’ailleurs marquée par de nombreuses sorties. Pourtant certains constructeurs continuent de développer la technologie hybride, c'est le cas de Renault par exemple.
Les ventes au plus bas
Depuis cette annonce, c’est une véritable descente aux enfers. Les ventes de voitures ont atteint leur niveau le plus bas depuis 30 ans l’année dernière. Ce sont à peine plus de 1,6 million d’unités qui ont été écoulées, alors que le pays était, tout au long des années 2000, l’un des meilleurs clients européens de l’industrie automobile, avec des sommets à 2,4 millions d’exemplaires notamment.
Pour le premier ministre actuel, Rishi Sunak, la situation est délicate. Nous ne savons pas s’il entend et surtout s’il comprend la colère de son peuple. Il n’a pas confirmé que l’interdiction serait belle et bien mise en œuvre. Il se dit même toujours partant vers une « une progression vers le zéro émissions », tout en modérant ses propos. Il explique en même temps qu’il défend le peuple britannique « parce que je suis conscient que nous vivons une période où l'inflation est élevée ». Une inflation qui est plus forte que dans l’UE. Sunak refuse ainsi que toute nouvelle loi législative, comme l’interdiction du thermique par exemple, ait « un impact injuste sur le public ».
Un super investissement qui peut tout changer
Le géant indien Tata pourrait bien changer la donne. Il vient justement de faire une promesse au gouvernement britannique. Un investissement de 4 milliards de livres sterling, soit environ 4,6 milliards d’euros, dans le Sommerset. Évidemment, Rishi Sunak ne peut pas rester indifférent face à toutes les possibilités que cette entrée d’argent potentielle suppose, notamment en terme de somme pure mais aussi d’emplois. En parallèle, il peut observer une augmentation exponentielle des chiffres de ventes de voitures électriques qui progressent de plus en plus années après années. Les ventes aux entreprises sont d’ailleurs une spécialité nationale. Ce sont en effet elles qui achètent les véhicules à watts. Elles ont même brisé un nouveau record au second semestre 2022 en atteignant 33 % des ventes totales.
Sunak le sait, son pays est en train de prendre un tournant majeur sur la question électrique. Le deal proposé par Tata est un « game changer » (une action qui pourrait bouleverser la donne), que ce soit au niveau national bien évidemment, mais aussi et autour au niveau européen. Les conditions fiscales actuelles du Royaume-Uni sont avantageuses pour les entreprises. Cela pourrait bien attirer d’autres investisseurs. Ce sera encore plus le cas si l’Angleterre réussit, grâce à ses deals, à devenir le leader européen en la matière, dépossédant ainsi la Norvège du trône.
Mais pour réussir ce qui s’apparente à un exploit, le premier ministre britannique doit également soigner ses électeurs qui ont déjà fort à faire avec l’inflation. Dans un contexte où acheter une voiture électrique reste très chère pour une population qui a moins de pouvoir d’achat qu’avant, il est difficile de privilégier à 100 % cette motorisation par rapport aux autres. Surtout que tous les anglais ne roulent pas en voiture de fonction. Affaire à suivre donc…