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L’Allemagne retourne sa veste sur la fin des moteurs thermiques en 2035

Contre toute attente, l’Allemagne a décidé de ne finalement pas voter pour le texte interdisant les voitures thermiques en 2035. Une décision de dernière minute qui laisse le paysage automobile français plus que perplexe.
L’Allemagne retourne sa veste sur la fin des moteurs thermiques en 2035
Par le 08/03/2023

L’interdiction de la vente de véhicules à moteur thermique dans l’Union européenne à partir de 2035 semblait pourtant actée, mais c’était sans compter sur le revirement de situation imposé par l’Allemagne. L’absence de considération pour les moteurs thermiques à carburant de synthèse a fait basculer la décision. Une exception qui semble avoir été oubliée lors de l’étude du projet. En 2022 pourtant, le Parlement européen avait admis certaines exceptions pour les constructeurs qui vendent moins de 10 000 véhicules par an à l’aide de l’amendement 121 (amendement Ferrari), pour lequel les députés italiens sont très impliqués.

Le vote repoussé dans l’attente d’un compromis

La Commission environnementale du Parlement européen ayant validé la mesure à 340 voix contre 279, il ne manquait alors plus que l’accord du Conseil de l’Union européenne pour finaliser le projet. L’Allemagne a choisi ce moment pour annoncer son désaccord avec la proposition. Elle rejoint ainsi les autres pays récalcitrants à l’interdiction de la vente de véhicules à moteurs thermiques dans l’Union européenne à partir de 2035 : l’Italie, la Bulgarie et la Pologne par exemple.

La décision allemande plonge le Conseil dans une situation délicate. La décision finale d’abord est reportée à une « réunion ultérieure ». Alors que l’Italie, la Bulgarie et la Pologne n’ont pas les moyens de bloquer la décision malgré leur souhait d’abstention, le cas est différent pour l’Allemagne. Le texte n’obtient plus le vote favorable d’au moins 55 % des représentants et 65 % de la population de l’Union Européenne. Avec l’opposition de Berlin, le Conseil n’atteint pas la majorité qualifiée requise au sein des Vingt-Sept pays membres.

L’Allemagne en plein pourparlers

La situation n’est pas pour autant figée. L’interdiction des véhicules thermiques en 2035 reste d’actualité. « Nous avons toujours dit clairement que la Commission européenne devait présenter une proposition sur la manière dont les carburants synthétiques pourraient être utilisés dans les moteurs à combustion après 2035 [...]. Ce qui manque maintenant, c'est la réalisation de cet engagement » explique le ministre allemand des Transports, Volker Wissing.

L'Allemagne change de décisions concernant les voitures thermiquesL'Allemagne s’aligne avec la France sur la décarbonisation du parc automobile

Berlin ne s’oppose donc pas directement et frontalement au projet de loi. Le texte doit être plus explicite autour de l’utilisation des moteurs exploitant un carburant synthétique. De nombreux constructeurs allemands cherchent des solutions pour ne pas faire une croix sur le moteur thermique malgré le fait que la production de ce dernier soit très énergivore, et nécessite une énergie décarbonée pour limiter son impact environnemental.  L’objectif de ces constructeurs est d’imiter le Groupe VAG et Porsche qui se sert de carburant synthétique pour ses voitures de course.

La décision allemande oblige le Conseil à se pencher sur cette exception qui permettrait de conserver les connaissances acquises pendant les nombreuses années de recherche sur le moteur thermique. De plus, la motorisation thermique représente une importante filière d’emploi en Allemagne, elle nécessite plus de pièces et d’employés que son homologue électrique.

Les considérations allemandes imposent un nouveau débat sur cette interdiction désormais controversée. Le Conseil aurait peut-être condamné un peu trop rapidement les véhicules thermiques alors que la production de ceux-ci est pour le moment moins polluante et moins chère. L’Allemagne soutient ainsi la clause de réexamen qui permettra de faire un point d'étape d’ici 2026 afin d’étudier les nouvelles technologies disponibles dans le but d’accompagner la décarbonation du parc automobile. Elle rejoint donc la France sur cette prise de position.


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