Brest : Le ras-le-bol des conducteurs de bus face aux dos-d’âne

Aujourd’hui en France, on compte plus de 400 000 dos d’âne ou ralentisseurs. Principalement conçus pour faire ralentir la circulation dans des zones de passages ou dangereuses (sortie d’école par exemple), ces derniers se multiplient de plus en plus et envahissent désormais presque chaque rue des grandes améliorations. Alors que riverains mais aussi professionnels manifestent contre ce phénomène, la politique menée par les métropoles est de continuer à abaisser la vitesse et pousser les voitures vers la sortie. Mais cela amène aussi son lot de conséquences puisque à Brest, les conducteurs de bus, qui circulent près de 8 heures par jour, multiplient les passages sur ces ralentisseurs, et aussi les arrêts maladies pour douleurs et maux de dos récurrents. Depuis mardi, les chauffeurs du réseau Bibus protestent contre ces aménagements routiers et ce vendredi 1er octobre, des perturbations sont à prévoir sur le réseau de transport en commun de Brest métropole. 

Une croissance exponentielle des ralentisseurs dans la ville

Que ce soit à Brest, ou sur la globalité du territoire français, tous ont constaté une forte croissance du nombre de ralentisseurs sur les routes. En à peine 10 ans, ce chiffre s’est multiplié pour dépasser aujourd’hui la barre des 400 000 dos d’ânes en France. Cette poussée inquiète les usagers de la route et surtout les professionnels qui peuvent passer parfois plus de 100 fois par jour sur ces ralentisseurs. C’est le cas des chauffeurs de bus brestois qui en ont assez et manifestent contre la multiplication des aménagements routiers. 

Ce mardi, une soixantaine d’entre eux ont protesté, sur leur temps de repos, place de Strasbourg, pour dénoncer ce phénomène, qui engendre douleurs et maux de dos. En plus de s’inviter nombreux sur les chaussés, ces dos d’âne sont très souvent hors-la-loi et ne respectent pas toujours la réglementation en vigueur. Pour rappel, cette réglementation, datant de 1994, annonce une longueur maximale de 4 mètres et une hauteur à ne pas dépasser de 10 centimètres. De nombreuses communes enfreignent cette règle. Début 2020, une affaire en justice avait été menée après qu’un ralentisseur ait détruit le soubassement du véhicule d’un usager. Après vérification, ce dernier ne faisait pas moins de 26 cm… un ras-le-bol global alors que cet aménagement génère des troubles importants sur la santé, notamment chez les conducteurs de bus. 

Une forte augmentation du taux d’absentéisme en 5 ans 

Avec plusieurs dizaines de passage par jour sur ces ralentisseurs, les conducteurs de bus souffrent de ces conséquences. Selon la CFDT, en 5 ans, le taux d’absentéisme sur le réseau de transport de Brest métropole est passé de 4 à 15%. Aujourd’hui, cela représente 50 chauffeurs en arrêt maladie pour diverses pathologies telles que des troubles musculo-squelettiques ou encore des lombalgies. 

Les dos d’âne causent également des problèmes et usures accélérés du matériel. Alors qu’un décret indique que les ralentisseurs sont interdits sur les voies de desserte de transport public de personne, il reste parfois impossible d’emprunter une autre voie pour contourner ces ralentisseurs. Le délégué syndical de la CFDT, Luc Daniel, invite donc à enrayer ce phénomène. L’association 40 millions d’automobilistes avait lancé une pétition en fin d’année dernière et s’était fixée l’objectif d’atteindre 100 000 soutiens pour mener des actions. 

Tandis qu’un léger mouvement de grève se prépare, ce vendredi les manifestants et les syndicats de la CFDT sont reçus par la métropole pour tenter de trouver une solution.