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Chasser les voitures de Paris, une mesure contre-productive

La politique idéologisée de la maire de Paris n’est pas nouvelle, mais elle vient de tourner une nouvelle page, en accélérant encore un peu plus son combat contre les voitures, tout en façonnant une nouvelle façon de faire les poches.
Chasser les voitures de Paris, une mesure contre-productive
Par le 22/10/2024

Les mesures anti-voitures continuent à Paris. Si initialement la municipalité se cachait -à ceux qui voulaient le croire- derrière l’excuse de vouloir fluidifier la circulation, augmenter la sécurité ou améliorer la qualité l’air, années après années, les mesures toujours plus restrictives n’ont même plus besoin d’alibi.

Merci les JO !

Les derniers Jeux Olympiques viennent de livrer un premier héritage. Outre celui de la dette à payer par toute la France dont on parlera dans quelques années, la ville de Paris a décidé de passer en “définitive”, des mesures qui étaient initialement mises en place uniquement lors des JO. Étonnant ? Pas vraiment. Ce stratagème permet souvent de faire passer la pilule, à la manière des taxes temporaires qui perdurent vingt ans plus tard comme la CRDS…

Ainsi, la circulation automobile sur le pont d’Iéna qui relie le Trocadéro et la Tour Eiffel ne rouvrira pas à la circulation, tout comme certaines places situées tout autour. Même chose pour des voies réservées pendant les JO qui vont passer en voies de covoiturage et qui ne seront pas donc pas rendues à la circulation.

Après la suppression des places de parkings en surface au profit des parkings sous-terrains privés, la fermeture de nombreuses voies de circulation, l’abaissement de la vitesse sur le périphérique de 80 à 70 km/h en 2014, suivi du passage aux 30 km/h dans les rues, sans oublier la hausse vertigineuse des prix de stationnement et de l’amende ni le passage régulier de la fameuse “sulfateuse” pour venir traquer tous les petits dépassements à des heures bien précises, voici donc de nouvelles mesures pour dégouter les usagers. Des usagers qui viennent le plus souvent de banlieue.

Le périphérique est ainsi passé au tout 50 km/h. Si en heures de pointe, l’incidence reste limitée étant donné le trafic, en revanche, le soir ou tôt le matin, l’impact sera fort pour les usagers qui se lèvent tôt ou se couchent tard pour faire tourner la France et Paris. Une décision qui n’est pas étonnante puisque la politique a toujours été de réduire toujours plus la vitesse. Un passage aux 30 km/h est donc la suite logique dans quelques années, une fois que les 50 km/h auront été, tête baissée, acceptés ou plutôt tolérés.

Le prix des stationnements explosent

Et que dire du prix des stationnements ? Déjà prohibitifs, ceux-ci viennent d’exploser depuis l’instauration de la facturation selon le poids. Ainsi, les véhicules thermiques et hybrides de plus de 1,6 tonne (et plus de 2 tonnes pour les électriques) seront facturés à hauteur de 18 €…. l’heure soit 225 euros pour 6 heures. Pour les autres, il faudra s’acquitter respectivement de la déjà rondelette somme de 6 euros et 75 euros.

Pour ceux qui se disaient qu’il vaut peut-être mieux payer l’amende, il n’en sera rien. Les équipes municipales ont de la suite dans les idées (une qualité que l’on ne peut pas leur enlever). Celle-ci montera ainsi jusqu’à 225 € pour les véhicules de plus de 1,6 tonne contre 75 € pour les autres. Et comme plusieurs FPS peuvent être dressés en une journée par la fameuse sulfateuse, la facture peut vite grimper.

Absence de résultats et mesures contre-productives

Pourtant, les résultats de cette politique tardent à se montrer. De nombreuses études se contredisent en matière de pollution et de bruits, mais une chose est sûre, l’air ne s’améliore que très lentement. Or, dans le même temps, les voitures 100% électriques en circulation ont massivement augmenté, représentant ainsi 2,3% en 2023, en hausse de 52,4% comparé à 2022.  Le renouvellement du parc automobile, avec des moteurs consommant de moins en moins et dotés de nombreux équipements pour mieux filtrer les rejets, participent également à améliorer la qualité de l’air, car même si la principale source pollution n’est pas liée à l’automobile ni aux transports, elle y contribue tout de même.

Selon AirParif, la concentration moyenne annuelle des particules fines sur Paris était de 19 uG/m3 en 2023, 21 uG en 2022, 25 en 2021 année de la sortie du COVID, et 21 uG en 2020 en pleine pandémie, quand le pays était à l’arrêt, et 21 uG également en 2019. Chiffres à l’appui, la circulation automobile n’est pas la source de ces particules fines. Ces dernières proviennent en réalité, mais des centrales à charbon venues d’Allemagne (pour recharger notamment les voitures électriques) et des cheminées.

De nombreuses études sur l’efficacité de ces mesures se contredisent. Mais une chose est sûre, la circulation est de plus en plus difficile, provoquant une paralysie du trafic, et provoquant de nombreux démarrages, freinages, accélérations, etc. des situations très polluantes du fait des plaquettes et des pneumatiques particulièrement. D’ailleurs, Rennes avait tenté en 2015 de passer de 90 à 70 km/h avant de faire machine arrière l’année suivante, faute de résultat, et d’une pollution en hausse. Une étude de l’Adème publiée en 2014 révèle d’ailleurs une pollution supérieure en dessous de 70 km/h. Même chose en passant de 50 à 30 km/h qui a des effets très aléatoires, allant de -40 à… +30% de concentration de dioxyde d’azote, et de -45% à +100% pour le benzène.

En revanche, commercialement, des effets délétères commencent à se faire sentir. De plus en plus d’artisans refusent de prendre des chantiers sur Paris à cause de l’impossibilité de se stationner et des prix et/ou du montant des amendes. Même chose pour les médecins ou infirmières qui refusent de plus en plus de se déplacer.

Amazon vous dit également merci !

Avec une telle politique, que l’on retrouve pareillement, certes moins poussée, dans d’autres villes de France, il ne faut pas s’étonner de voir les ventes en e-commerce, et plus spécialement celles d’Amazon, monter en flèche. Tout est clairement fait pour tuer, non sans une complicité naïve, les commerces de proximité, au profit des grands entrepôts et des livreurs.

De nombreux centres-villes sont ainsi désertés par les clients, poussant certaines maires à faire enfin machine arrière, en rendant gratuit le stationnement de courte durée notamment. Malheureusement, une fois que les habitudes de l’e-commerce sont ancrées, difficile de faire réellement machine arrière, tant tout est plus simple par internet, promulguant aussi au passage la sédentarité de la population avec tous les problèmes que cela pose en matière de santé et de finances publiques.

Alors certes, pour Paris, la situation est un peu différente. Les riches parisiens se déplacent en Taxi, et les touristes seront toujours là pour faire tourner le commerce.

Paris va ainsi devenir encore un peu plus une (sale) ville musée pour des gens encore plus riches et des touristes, excluant les franciliens. Sauf qu’en bloquant les locations Airbnb, les touristes risquent aussi tôt ou tard d’aller voir ailleurs.

Reste que pour protester contre une telle politique, des solutions existent : quitter la zone. Si un exode massif avait lieu, les riches résidents parisiens qui votent et approuvent donc cette politique morbide, n’auraient plus de main d’œuvre venue de la banlieue pour s’occuper d’eux… À méditer. Une révolution pacifique est aussi possible, ou encore une désobéissance civile. La fausse plaque d’immatriculation a de l’avenir, c’est certain.


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