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La guerre contre les ralentisseurs illégaux enfin relancée ?

Sous couvert de lutte contre la vitesse et de sécurité, les ralentisseurs, coussins berlinois ou dos d’ânes pullulent sur les routes, à la même vitesse que les ronds-points. Rarement conformes, des associations ont décidé de partir en guerre.
Par le 12/10/2023

Ils sont là, partout. Ils germent sur toutes les routes quelque soit la saison. Vous avez trouvé de quoi nous voulions parler ? Bravo, il s’agit bien des ralentisseurs, dos d’âne et autres coussins berlinois. Mais la réponse n’était pas si facile, vous auriez pu confondre avec les ronds-points, autre mal bien français puisque là aussi, notre pays est champion du monde en la matière.

Bien que pouvant parfois être utiles dans certaines zones, les municipalités adorent ces petits dispositifs disgracieux mais pour autant, pas moins coûteux pour les finances publiques (de 5 000 à 100 000 € selon le modèle).

Le problème, c’est que la plupart sont construits en dépit du bon sens et des nombreuses normes, se révélant souvent bien plus nocifs pour les usagers, et pire, dangereux surtout pour les deux roues ou les piétons.

Plus de 450 000 ralentisseurs sur nos routes françaises

Depuis plus de 40 ans, les ralentisseurs en tout genre ne cessent de germer ici ou là. Couplés aux ronds-points, ils se révèlent être l’arme ultime des collectivités locales pour faire plaisir aux riverains proches d’une route qui se plaignent de la vitesse des voitures et du bruit. Route, qui par ailleurs était probablement déjà là avant qu’en toute connaissance de cause, ils ne prennent possession des lieux…

Les ralentisseurs ne sont pas une innovation française, mais la France est assurément seconde patrie. Notre pays est allé chercher cette idée chez nos voisins qui vantaient cette solution. Seulement, elle est vite devenue l’alpha et l’oméga, au point de devenir la solution de facilité, avec de nombreuses dérives. Un problème ? Un ralentisseur + un rond point !

Une grosse partie des ralentisseurs sont illégaux

Depuis quelques années déjà, de nombreuses associations s'érigent contre ces ouvrages, comme la Ligue de défense des conducteurs, l’Automobile Club des avocats ou PUMSD (Pour une Mobilité Sereine et Durable).

Dernier en date, l’association 40 millions d’automobilistes qui rappelle qu’il n’est pas possible, en théorie, de placer un ralentisseur n’importe où. Ceux-ci ne peuvent être implantés que dans une agglomération, des aires de services, des parkings ou des aires de repos sur l’autoroute. Par ailleurs, ils ne peuvent être placés que sur des routes limitées à 30 km/h. Effet pervers, c’est ainsi que l’on voit de nombreuses villes ou villages passer à 30 km/h…

Mais surtout, il est également interdit d’en placer sur des routes où plus de 3 000 véhicules par jour passent en moyenne, sur des routes desservies par un service de transport public, ou sur celles menant à des centres de secours…


Crédit photo: pumsd.fr

Et ce n’est pas tout car d’autres gardes fous ont été mis en place, rarement suivis par ignorance ou volontairement. Le marquage est par exemple très strict, mais surtout, les dimensions sont normées afin de ne pas décoller, comme c’est parfois le cas. Pour les ralentisseurs de type dos d’âne, ils doivent par exemple mesurer 4 mètres de long, et ne pas être plus haut que 10 cm. Et surtout, il ne doit jamais disposer d’un passage piéton. En revanche, les ralentisseurs trapézoïdaux doivent obligatoirement en être équipés. Avec une longueur comprise entre 2,5 et 4 mètres, ils sont également limités à 10 cm de hauteur. Pas plus.

Enfin, les “coussins berlinois”, le dispositif le moins cher, ne sont pas illégaux selon le ministre chargé des Transports, alors qu’en 2009, le ministre des Transports d’alors les avaient jugés illégaux.

Quoiqu’il en soit, ils ne sont soumis à aucune norme. Tout au plus, ils suivent des recommandations. Moins chers, ils sont préférés des deux roues car ils peuvent les éviter. Mais quand ce n’est pas le cas, ils s’avèrent souvent plus dangereux du fait d’un manque d’entretien (glissants, mal fixés, etc.).

Ainsi, entre des dimensions incorrectes, des placements interdits (voie en pente de plus de 4%, à moins de 40 mètres d’un virage, sur une route limitée à plus de 30 km/h, avec plus de 3 000 usagers par jour, etc), un marquage effacé ou tout simplement sur une route desservie par les transports en commun, nombreux sont ceux à être illégaux. Selon Franceinfo qui reprend un chiffre d’AutoPlus, 4 ralentisseurs sur 10 seraient illégaux.

“Les ralentisseurs doivent respecter une certaine inclinaison pour ne pas être trop cassants, le plateau doit être d'une longueur entre 2,5 mètres et 4 mètres pour les plus grands, il doivent être installés dans des zones à vitesse limitée et il faut qu’il y ait un certain espacement entre chaque, qu’ils ne soient pas trop rapprochés”, précise Jean-Christian Meslet, le président de l’automobile club du Midi Toulouse à France3.

De nombreuses plaintes

Bruyants pour les riverains qui sont pourtant souvent à l’origine de leur installation, inconfortables, pénibles et dangereux pour la santé des usagers  qu’ils soient en voitures ou en 2 roues (scooter, moto, vélo), les ralentisseurs font l’objet de nombreuses plaintes, mais peu de municipalités bougent même si certaines ont été condamnées.

“Pour les cyclistes, c’est très "casse-gueule, il y a souvent des accidents graves. Même chose pour les motards et les scooters ! Tous les deux-roues en pâtissent.” Thierry Modolo, porte-parole de l'association PUMSD selon des propos rapportés par France3.

En 2021, les chauffeurs de bus de Brest s’étaient mis en grève pour protester contre les maux causés par ces ralentisseurs alors même qu’il ne devrait pas y en avoir sur le parcours des transports en commun.

Outre le coût pour la société en matière de santé, ces ralentisseurs ont également un coût matériel pour les automobilistes: amortisseurs, triangles de suspension, parallélisme, et pneumatiques souffrent provoquant une usure prématurée, sans oublier le bouclier avant qui souvent frotte au sol, sauf sur les SUV qui disposent d'une garde au sol plus importante.

Dernièrement, l'association PUMSD a saisi le Conseil d'État "suite aux décisions de différentes juridictions administratives refusant l’application de la réglementation en vigueur sur les ralentisseurs".

Et l'environnement dans tout ça ?

Le gouvernement ne cesse de culpabiliser les automobilistes, en taxant toujours davantage le moindre gramme de co2 rejeté. Bien que le combat pour l'environnement soit noble est nécessaire, c’est pourtant souvent l’automobiliste qui est puni. Et avec des mesures contre productives contre la vitesse, c’est souvent la double peine.

Pourtant, on oublie souvent que toutes les mesures menant à ralentir les automobilistes provoquent une consommation et une pollution supplémentaires. Les freinages et accélérations sont les plus générateurs de particules fines, et de CO2. C’est notamment le cas des feux rouges qui font souvent stopper inutilement les voitures, des giratoires et bien sûr des ralentisseurs. Plutôt que de vouloir ralentir, il serait préférable de fluidifier.

“Un ralentisseur illégal représente une augmentation de 25% des émissions de CO2 pour une Clio et 27% pour une Peugeot 3008", indique Thierry Modolo selon une étude réalisée par l’association. Difficile de vérifier ces chiffres, mais une chose est sûre: il ne faut pas être sorti de l’ENA pour comprendre qu' en forçant à ralentir les voitures, on augmente les émissions polluantes.

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