L'épopée Rallye
La compétition dans les gènes de Renault
En 1898, Renault amorçait une aventure industrielle qui allait être tout au long de son histoire intimement liée à la compétition.
Cette aventure commence le soir du 24 décembre 1898: Louis Renault, au volant de sa voiturette pétaradante avec une boite de vitesse dont la troisième est en prise directe ( Brevet Renault) gagne le pari de l'ascension de la rue Lepic à Paris.
Grâce à cet exploit, les premières commandes arrivent. Les Frères Renault crées leur entreprise et commencent la compétition pour se faire remarquer et promouvoir leurs modèles.
Si de nos jours, on pense d'abord à la Formule 1, pendant un grand nombre d'années, Renault était essentiellement présent en rallye, la F1 n'ayant débuté que dans les années 50.
Ainsi, dès 1899, Les Frères Renault décident de s'engager avec la Type A dans le Paris-Trouville qu'ils gagnent avec brio, de même que le Paris-Ostende et Paris-Rambouillet. Il s'agit bien sûr, de victoires dans leur catégorie.
Louis Renault course Paris Rambouillet 1902
En 1900, Renault engage 3 Type C ( conduit par Louis, Marcel, et Fernand Renault) dans la course Paris-Bordeaux, et Paris-Toulouse. Ces deux courses sont gagnées encore une fois dans leur catégorie par Renault.
En 1901, Louis Renault gagne le Paris-Bordeaux avec une Renault type E.
Première victoire au général dans une compétition internationale
L'année suivante en 1902, Renault veut frapper un grand coup en luttant pour la victoire au général dans une course internationale. Marcel Renault remporte toute catégorie confondue le Paris-Vienne avec une 24 HP Type K. Pour ce faire, les Frères Renault ne lésinent sur les moyens puisqu'ils engagent 3 "24 HP Type K". Ce type K, épaulé par 4 voiturettes "10 HP Type I" est équipé du premier moteur 4 cylindres de 24 CV de la marque. Marcel remporte cette course à plus de 60 Km/h de moyenne devant 138 concurrents. C'est la première grande victoire internationale de Renault.
Course Paris-Vienne Marcel Renault en 1902
En 1903, lors de la course Paris-Madrid pour la VIIIème édition du Grand Prix de l'Automobile de l'ACF, Marcel Renault victime d'un accident meurt. La course, marqué par de nombreuses sorties de routes est stoppée avant son terme, à Bordeaux. Louis Renault était alors classé second.
Louis Renault au départ du Paris-Madrid en 1903
Marcel Renault au Paris-Madrid en 1903
L'accident fatal de Marcel Renault dans le Paris-Madrid
Après la mort de son frère, Louis Renault décide d'arrêter de piloter.
Ferenc Szisz, l'un de ses coéquipiers mais aussi mécano, reprend le flambeau et termine cinquième sur le circuit d'auvergne avec une 90 CV HP Type A-F à cause d'une pompe à eau défaillante. C'est le premier échec pour l'entreprise.
Il prend cependant sa revanche avec une 35 HP Type A-K, puisqu'il remporte avec Marteau le premier grand Prix de l' Automobile Club de France (ACF) avec plus de 30 minutes d'avance à la moyenne de 101 Km/h, le 6 juin 1906 au Mans. La piste est en réalité d'anciens chemins de terre qui ont été recouverts de goudron pour les besoins de la course. Toutes les réparations, y compris les changements de pneus, doivent alors être effectuées par le pilote et son mécanicien.
1er Grand Prix de l'ACF - Victoire de Szisz sur Renault
Avec la chaleur et le passage des voitures, l'asphalte fond sous les roues des voitures, détériorant très vite les pneumatiques des voitures. Renault dispose de jantes amovibles Michelin, qui permettent d'effectuer un changement de roue dans un temps record, c'est à dire seulement 2 minutes.
Le système: les roues de rechange sont montées directement gonflées sur des jantes que l'on fixe à la roue par huit boulons. Cet avantage notable permet, entre autres, à l'équipage Szicz-Marteau de remporter la course.
Szisz continue de participer à cette course de l'ACF, mais cette fois, en 1907, il ne termine que second. Cette même année, Lacroix et Bernin remportent les 24 Heures de Morris Park aux USA.
Très vite, les Frères Renault comprennent que les États-Unis représentent un excellent marché. Ils y installent donc une succursale. La société "Renault Frères Selling Branch" dirigée par Paul Lacroix, engage alors une Renault dans la course de 24H qui se dispute à Coney Island près de New York.
Le circuit mesure 1905 mètres; il est tracé sur un champs de course, au milieu d'un vaste parc d'attraction. C'est Louis Raffalovitch, un Français venu s'installer en Amérique à l'âge de 19 ans qui en est le pilote. Au départ, 10 voitures s'élancent dans un nuage de poussière. Après seulement 10 tours, le pilote Renault s'arrête par surprise à son stand et y fais monter des garde-boue. C'est un coup de génie. Petit à petit, il rattrape ses concurrents qui sont aveuglés par les projections de boue. Le français, prend une avance considérable en tête de la course. Après 24H, il la remporte avec 170 km d'avance sur le second.
Les records de la 40 CV
L'histoire des records de Renault sera aussi riche, notamment avec la fameuse 40CV qui décrochera de nombreux prix et records de vitesse.
La Renault 40 CV
En 1925, Renault passe vraiment dans une autre catégorie grâce à la Nervastella Sport, en remportant jusqu'en 1935 des épreuves très réputées comme le Monté-Carlo, le Rallye du Maroc, ou encore, le Liège-Paris-Liège....
En 1929, Renault remporte la victoire de catégorie dans le Rallye Paris-St Raphaël avec Mme Thomas au volant d'une Monasix Type PG2. L'année suivante, Renault s'engage dans un rallye féminin: le Paris-Canne, que Mme De Ganay remporte également.
En 1934 et 1935, Renault remporte le Rallye de Monte-Carlo au départ du Grand Nord, Stavanger, sur la côte occidentale de la Norvège. Ici, la température descend jusqu'à -15°. Renault a engagé sept équipages dans cette course dont deux professionnels et cinq amateurs. La Nervasport de Lahaye et Quatresous traverse l'Europe à toute vitesse, en dépit des conditions climatiques désastreuses.
Après la neige et le verglas de Scandinavie, l'équipage français rencontre maintenant un brouillard très épais au Pays-Bas et en Belgique. Quand ils arrivent en Principauté, il leur reste à participer à toute une série d'épreuves qui portent sur les accélérations, le freinage et la maniabilité. Le coupé Nervasport remporte brillamment cette épreuve du combattant pour la seconde fois consécutive à Monte-Carlo après la victoire de 1934.
La course reprend après la seconde guerre mondiale
La crise puis la seconde guerre mondiale forcent Renault à réduire la voilure, puis à arrêter la course à haut niveau pendant un peu moins de 15 ans.
Renault reviendra malgré tout en compétition avec sa petite 4CV, une voiture pourtant peu sportive, de façon non officielle grâce à des pilotes indépendants comme un certain Jean Rédélé, concessionnaire Renault dans le nord de la France.
En 1948, Rédélé et son ami Pons, les créateurs d'Alpine remportent le Mont Ventoux avec la 4CV dans sa catégorie ainsi que les Mille Miles et le Monte-Carlo toujours dans sa catégorie, puis le Liège-Rome-Liège en 1950.
Renault récupère ainsi ses lettres de noblesse en rallye grâce à des pilotes indépendants, puis grâce à Alpine et sa fantastique A110 qui devient la première championne du monde des rallyes en 1973 en remportant bon nombre de rallyes mythiques comme le Tour de Corse ou encore le San Remo. Deux épreuves qui donneront d'ailleurs naissance à deux séries limitées de l'Alpine A110 en 2023 et 2022.
Une époque que Renault aime rappeler, à raison, en engageant régulièrement son A110 mythique dans certains rallyes historiques comme le Monte-Carlo.
L'époque Jean Ragnotti et sa R5 Turbo
Avec l'arrivée de la R5, la Régie Renault trouve LA voiture de grande série faite pour le Rallye, qui sera une digne remplaçante des 4CV, Dauphine et autres R8.
Cette R5 passe sous toutes les formes: R5 Turbo, R5 Alpine Turbo, R5 Turbo 2, R5 Maxi Turbo, etc. Mais commençons par le début...
En 1978, l'équipage Ragnotti-Andrié, remporte le Rallye de Monté-Carlo dans le groupe 2 avec une R5 Alpine. Les pilotes Ragnotti et Fréquelin réalisent même un exploit en positionnant leur voiture aux 2nde et 3ème places du général, devant les grosses Fiat 131 Abarth et en 1979, Ragnotti décroche une belle seconde place au célèbre Tour de Corse.
En 1980, Renault dévoile sa nouvelle bête de course: la mythique R5 Turbo. Avec elle, la Régie Renault vise la catégorie reine du rallye, c'est à dire le groupe B. En 1981, Ragnotti, toujours lui, récidive superbement en principauté et en 1982, il remporte le Tour de Corse avec cette même R5 Turbo. En 1985, Ragnotti encore et toujours, remporte de nouveau le Tour de Corse ainsi que le Tour de France avec cette fois une R5 Maxi Turbo ( Version 5).
Jean Ragnotti sur sa R5 Turbo au Tour de Corse
La brillante carrière de la R5 se passera aussi en championnat de France, avec des pilotes tels que Bruno Saby, François Chatriot ou encore Didier Auriol. Avec l'arrêt des groupes B en 1986, Jean Ragnotti, LE pilote Renault par excellence, décide de se lancer dans le championnat avec une R11 Turbo Groupe A. Mais, cette voiture n'est pas aussi performante que les précédentes face aux Lancia Delta. Jean Ragnotti, réussie tout de même à "s'arracher" afin de parvenir à décrocher une belle seconde place au Portugal, et une troisième place au San Remo.
Renault se contente du Groupe N et du championnat de France
Devant le manque de résultats flagrant, les dirigeants de Renault décident de s'engager en championnat mondial dans le groupe N avec la superbe R5 GT Turbo confiée à Alain Oreille qui remporte d'excellents résultats avec au palmarès, deux titres de champion du monde en 89 et 90.
Parallèlement, Ragnotti et le jeune pilote Bugalski mènent cette même R5 GT Turbo à la victoire en championnat de France Gr N, avec comme cerise sur le gâteau, le titre de champion Gr N pour le premier.
Avec la sortie de la Clio, la R5 s'efface. Engagée dans un premier temps en rallye avec la 16S en Gr A, la Clio est une digne remplaçante de la mythique R5 Turbo. Dès sa première sortie au rallye Grasse Alpin, elle remporte la victoire. L'année suivante, Ragnotti remporte deux autres victoires (Limousin et Var).
Avec l'arrivée d'un nouveau règlement en 1995, Renault améliore considérablement ses voitures qui deviendront "Kit Car" ou "Maxi". Au leur volant, on retrouve l'éternel Jean Ragnotti et toujours Phillipe Bugalski, le premier faisant comme toujours le spectacle, et le second nous offrant de magnifiques luttes avec François Bernardini sur sa Ford Escort.
En 1996, c'est la Mégane Kit Car qui prend le relais de la Clio. Après une superbe lutte avec Panizzi, Bugalski, auteur de nombreuses victoires rate le titre de peu. Cette même année, Jean Ragnotti décide se retirer de la compétition après 30 de carrière dont 20 chez Renault.
En 1997, Serge Jordan remplaçant de Ragnotti, épaule Philippe Bugalski dans sa course au titre. Après une lutte acharnée, "Bug" rate de nouveau le titre de justesse. Renault se désengage dès lors du championnat.
Depuis, Renault propose différents modèles de Rallye pour des pilotes professionnels ou amateurs mais ne s'est plus engagé officiellement dans une compétition mondiale en rallye.
On peut par exemple citer la Clio R3 Maxi, ou sa version plus accessible Clio RS Access.