Etoile Filante

Mais pour s’y implanter durablement, Pierre Lefaucheux, sait qu’il doit faire connaître la marque. La Seconde Guerre mondiale a vu le développement à marche forcée de l’aéronautique, un domaine dans lequel Louis Renault s’était d’ailleurs fortement investi, notamment avec Caudron et son Rafale qui raflera divers records. 

Après-guerre, l’esprit de l’aéronautique reste très présent. Une entreprise française appelée Turbomeca qui sera plus tard absorbée par Safran, fait du moteur à turbine son produit phare. Son président et co-créateur, Monsieur Szidlowski, veut faire connaître sa technologie auprès du grand public afin de l’imposer (en vain) sur l’automobile. 

Une turbine comme moteur

Pour ce faire, il se tourne vers Renault. Après quelques hésitations, Pierre Lefaucheux, président de la Régie Renault, valide l’idée et monte une équipe composée de trois hommes à la tête du projet : Fernand Picard entré chez Renault en 1935 à qui l’on doit particulièrement la 4CV puis la Dauphine, Albert Lory, motoriste, et Jean Hébert, ingénieur et pilote.

Ensemble, ils créent l’Étoile Filante, une sorte d’avion sur 4 roues, disposant d’une carrosserie en polyester et d’une structure tubulaire. Malgré une longueur de 4,84 mètres, l’Étoile Filante laisse peu de place au pilote. Son design est très travaillé pour offrir la meilleure pénétration dans l’air possible.

Très basse (1,10 mètre de hauteur), elle cache ses roues et sa turbine sous une carrosserie en polyester, ce qui lui permet d’afficher un poids inférieur à la tonne (950 kg pour être précis). Positionnée derrière le pilote, la turbine développe 270 ch, une puissance remarquable à l’époque.

Seules deux unités sont construites. L’Étoile Filante est présentée le 22 juin 1956 à Montlhéry à l’issue d’un passage dans une soufflerie. Après divers essais réalisés sur l’anneau de vitesse, l’Étoile Filante est fin prête, et s’envole vers les États-Unis.

Deux records de vitesse toujours en vigueur

Le 5 septembre 1956, les équipes de Renault se rendent sur le lac salé de Bonneville aux États-Unis dans l’Utah. L’Étoile Filante s’élance avec Jean Hébert à son bord, la turbine siffle, et quelques minutes plus tard, elle décroche quatre records de vitesse. L’Étoile Filante dépasse ainsi les 300 km/h sur 1 et 5 kilomètres.

Avec l’obtention de ces nouveaux records (toujours en vigueur actuellement), Renault réussit ainsi son pari pour mettre dans les meilleures dispositions possibles sa Dauphine. Malheureusement, cette dernière ne connaîtra pas le même succès malgré un début très prometteur.

En 2016, pour les 60 ans de l’Étoile Filante, la belle bleue est revenue sur les lieux de ses records lors de la Speed Week, pilotée par Nicolas Prost, mais dont la turbine a été retirée au profit… d’un moteur électrique. Mais sans savoir qu’en 2025, Renault allait présenter la Filante Record, un concept-car laboratoire 100% électrique, issu, d’un point de vue esthétique, du croisement entre une 40CV des années 20 et de l’Étoile Filante, destinée non pas à aller chercher des records de vitesse, mais, époque oblige, des records d’autonomie.

Fiche Technique Renault Étoile Filante

Moteur
Position : centrale arrière
Turbine Turbomeca, Type Turmo 1
Puissance maxi : 270 ch à 28 000 tr/mn
Carburant : kérosène

Transmission
Type : "transfluide"
Réducteur de 28 000 tr/mn à 2 500 tr/mn.

Carrosserie
Châssis tubulaire (acier) au chrome molybdène.

Dimensions
Longueur : 4 840 mm
Largeur : 1 820 mm
Hauteur : 1100 mm
Poids : 950 kg

Performances
Vitesse maxi (record homologué) : 308,9 km/h