Alpine GTA (84-91)

A l'époque, plusieurs projets sont étudiés avant de valider celui d'Heulliez présentant l'avantage de conserver un air de famille devenu... famillier. Mais, contrairement à l'A310 qui pâtissait d'une visibilité arrière très limitée, cette fois, la surface vitrée a été prolongée en lieu et place de la carrosserie sur le haut des flancs.

Le style de la GTA est volontairement très proche de l'Alpine A310 des années 70, mais sa ligne a été fortement rajeunie. Son point fort est toujours son excellent Cx qui est de 0,28 contre 0.40 pour une Porsche 944 qui est sa principale concurrente. Alpine réalise là un record.

Alpine est désormais totalement contrôlé par Renault. Mais les finances en ce début d'années 80 font cruellement défaut. L'heure est aux économies pour survivre à la crise que traverse Renault. La GTA devra donc faire avec les moyens du bord.

La carrosserie est toujours réalisée en polyester comme pour l'A310, mais cette fois, au lieu que tout mouler en un seul bloc, ici, le choix d'un assemblage par collage sur un nouveau châssis allongé en acier est préféré.

Ce dernier permet de diminuer le porte à faux arrière, afin d'améliorer le comportement routier.

Une ligne moderne, de nouveaux moteurs, tous V6, un équipement et une finition en hausse la GTA progresse pourtant bien. Plus habitable que celle qu'elle remplace, elle reste très basse, avec un pavillon situé à 1.10m. Autant dire qu'il faut se plier pour entrer dans la bête.

Mais, une fois à l'intérieur, force est de constater que par rapport à l'A310 les progrès sont fortement marqués en terme de confort, de qualité mais aussi de silence acoustique, pour peu que la conduite ne soit pas très sportive, car rappelons le, il s'agit d'une GT sportive.

La GTA reprend également grandement les aspects techniques de sa devancière, à savoir une coque en materiaux synthétiques posée sur un châssis poutre et un moteur arrière qui en fait une vraie propulsion.

Son tableau de bord est bien plus ergonomique, mais le poste de conduite est fidèle au style Alpine, avec une position semi allongée. Malheureusement, malgré la qualité en hausse, les plastiques du tableau de bord proviennent toujours bien de chez Renault... Et une Alpine n'est pas vendue au prix d'une Renault !

Malgré tout, une fois en place, on est bien devant un vrai poste de pilotage, presque digne d'un Airbus A380 avec son florilège de boutons un peu partout, et un volant le plus simple possible.

Du coté économique, les prix sont presque deux fois inférieurs à ceux de sa concurrente directe, la Porsche 911. Autant dire, qu'avec une telle différence, une superbe image -en France-, une ligne magnifique, et des performances parfois supérieures aux Porsche (pour la V6 Turbo), elle parait avoir tous les atouts pour triompher.

Pourtant, même si sur le papier, cette nouvelle Alpine fait bonne figure, la réalité n'est pas si belle. Les performances sont là, mais la voiture manque fortement de tenue de cap; la finesse de la voiture s'est faite au détriment de l'appui. De plus, sa finition est trop juste, le tableau de bord, avec ses plastiques gris ne fait pas très haut de gamme, mais plutôt... Renault !

Au cours de sa carrière, deux principales versions sont disponibles, ainsi que deux séries plus spécifiques. Toutes sont équipées du moteur V6 PRV (Peugeot Renault Volvo) dérivé de la Renault 25:

- la V6 GT, monté à 2.8l, il développe une puissance de 160 ch., ce qui permet à la GTA de filer à plus de 235 km/h. et de réaliser le 0 à 100 km/h en 8,5 secondes et le 1 000 m DA en 28,5 secondes. Elle était commercialisée à 175 000 francs.

- la V6 Turbo, le moteur est toujours celui de la R25 ( auquel Renault a ajouté un Turbo), et poussé à 200 ch. Avec un poids mesuré, et une superbe aérodynamique, on vous laisse imaginer la suite. Le 0 à 100 km/h est abattu en 7″3 et le 1 000 m DA se réalise en 27 secondes, grâce à une vitesse de pointe de 250 km/h.

La simple version GT sera assez vite boudée du public au profit de la version plus puissante qu'est la V6 Turbo, remplacée en 1990 par la "Le Mans" qui permettra d'offrir une très bonne tenue de route. Pour preuve, la V6 GT ne sera produite de 1985 à 1990 qu'à un peu plus de 1 500 exemplaires tandis que la V6 GT dépassera quant à elle plus de 4 000 exemplaires.

Des séries spéciales font évoluer l'Alpine GTA

La GTA Le Mans, en référence au célèbre circuit dans la Sarthe, est presque un restyling de la GTA puisqu'elle dispose d'un kit carrosserie spécifique issu d'un préparateur allemand.

Les ailes sont ainsi élargies, les clignotants sont intégrés au bouclier, des bas de caisses sont ajoutés,... La GTA gagne encore en sportivité, et en modernité. Mais le catalyseur est passé par là, et la voiture voit disparaitre 15 ch, passant de 200 à 185 ch.

L'Alpine GTA Le Mans reconnaissable à son intégration des clignotants au bouclier

Nous voici donc avec une excellente voiture, qui ne demande plus qu'un... moteur! Ce sera le cas en 1991 avec le Kit Danielson permettant de faire passer la puissance à 210 ch. Mais, qu'importe, la nouvelle A610 arrive...

D'autres séries limitées, comme la Mille Miles sont également proposées. Seuls 100 exemplaires de cette dernière seront commercialisés.

Une version américaine pour l'Alpine GTA

Alors que Renault tente de s'implanter aux USA, la GTA est réétudiée pour arriver aux USA. Une version spécifique sera ainsi produite afin de respecter la réglementation locale. Esthétiquement, les phares avants deviennent escamotables, les boucliers sont légèrement modifiés tout comme les clignotants, etc..

Après 6 494 exemplaires produits depuis sa commercialisation en 1984, la GTA fait place nette à l'A610 en 1991 en qui la marque fondent beaucoup d'espoirs.

La GTA ne marquera pas spécialement l'histoire d'Alpine, et reste à ce jour la version la plus méconnue. Dommage, car si l'A310 n'était pas assez aboutie, la GTA l'était quant à elle.