Alpine A110 (62-77)
Après divers modèles (A106 et A108 notamment), la marque Alpine entre véritablement dans l'histoire avec son A110.
Réalisée en polyester, l'A110 emprunte énormément d'éléments à la gamme Renault pour des soucis d'économies, afin d'en faire une voiture au maximum accessible à tous. Trapu, l'arrière reçoit par exemple les phares de la R8, tandis que la partie technique fait largement appel à la gamme Renault de l'époque.
Un habitacle exigu et sommaire pour l'Alpine A110
Pour accéder au volant, ou à la place du passager, on doit faire le chemin du combattant: baisser la tête, rentrer les coudes et plier les jambes.
L'A110 possède un habitacle de sportive pure et dure. L'espace intérieur étant très restreint, pas question de prendre quelconque objet avec soi. Le conducteur a tout juste la place de manœuvrer le levier de vitesse. Les plastiques, même pour l'époque, sont très modestes, et contrairement à ce que l'on pourrait penser, les sièges baquets sont assez peu n'offrent qu'un maintien latéral relatif.
Alpine 1600 - Photo l'Argus
Du point de vue instrumentation, rien à redire. On trouve l'essentiel de ce qui est indispensable à la conduite sportive: manomètre de pression d'huile et compte-tours par exemple, le tout placé sans originalité, et dans un plastique assez bas de gamme.
Aucune touche de luxe du style accoudoirs de portières, vide poches, montre... Ouvertures de portières bon marché empruntées à la gamme Renault, balais d'essuie-glace ne remplissant plus tout à fait leur fonction au delà de 130 km/h, commandes très mal placées, chauffage avec une mauvaise répartition, l'essentiel de l'A110 n'est pas là, et on lui pardonne facilement tous ses défauts.
Photo L'Argus
L'A110 est une sportive UNIQUEMENT; ce n''est pas une voiture pour frimer le dimanche. Ici, tout est sommaire, mais attention, dès que vous tournez le démarreur, ça cogne !
Résolument sportive, et ayant pour unique but de faire des "étincelles", l'Alpine A110 possède d'ailleurs un coffre n'acceptant que... le bidon d'huile, et le réservoir d'essence. Avec son moteur à l'arrière, l'accessibilité des différents organes mécaniques est assez difficile, pour ne pas dire impossible.
De petits moteurs issus de la gamme Renault
Proposée avec un petit 1 100 cm³ à ses débuts, l'A110 sera disponible par la suite avec un 1300 cm³, puis avec le 1600 cm³ de la R16, et enfin avec un 1800 cm³, la force de ces voitures n'étant pas la puissance pure et dure, mais un rapport poids-puissance excellent. Ainsi, les dernières version Groupe 4 de 1 860 cm³ tournaient tout de même autour des 185 ch pour un poids compris entre 650 et 700 kg.
Moteur 1600 - Photo l'Argus
Qu'elles soient pour la série, ou dédiée au rallye, les motorisations restent identiques ou presque. La 1300 S était sûrement l' A110 la plus équilibrée de toutes les versions.
Avec l'arrivée du moteur de la R16 plus lourd et plus haut, le comportement de la 1600 a été pénalisé. Mais dès que les réglages adaptés furent trouvés, l'évolution de la voiture fut continue. La 1600 S possédait un moteur développant 185 ch pour un poids de 925 kg. Ainsi, le 400m départ arrêté se fait en 15s et le 1000 m en 29 secondes, tandis qu'en vitesse de pointe, elle atteint les 200 km/h.
Pour l'époque, ce sont des chiffres très honorables. Rageur, le moteur pousse le conducteur à faire quelques petites excursions dans la zone rouge, pour le plus grand plaisir des oreilles, avec des échappements et un moteur ronronnant à merveille.
Coté consommation, l'A110 1600 mérite des applaudissements: 11,5 l aux 100 km. Pour une voiture de tempérament, c'est exceptionnel. D'ailleurs heureusement, car le réservoir de seulement 38 litres ne permet pas d'aller très loin...
Évidement, le calme ne règne pas dans l'habitacle. Ici, c'est plutôt le bruit du moteur qui est le maître...
La transmission est connue puisqu'il s'agit de la boîte 5 vitesses de la gamme Gordini et des autres modèles Alpine. Bien étagée, elle souffre malheureusement d'un mauvais guidage des vitesses et d'une mauvaise synchronisation.
La direction est à crémaillère et possède une précision remarquable qui permet au pilote de placer la voiture au centimètre près dans un virage. Coté tenue de route, plus la cylindrée du moteur augmente au fil des années et plus la voiture devient maniable grâce à des réglages du châssis qui se peaufinent même si pour les clients qui ne pratiquent pas la compétition, les limites de la voitures restent très difficiles à cerner et ce, aussi bien sur le sec que sur le mouillé.
L'Alpine A110 se retire en 1977 après une série spéciale nommée Tour de France proposée en 1976, reconnaissable à ses jantes à 4 fentes. Elle disparaît du catalogue en France dès 1977. Elle laisse alors pleinement la place à l'Alpine A310, commercialisée depuis 1971, qui ne parviendra cependant pas à faire oublier sa mythique aînée.
Si sa renaissance a fait l'objet de beaucoup de spéculations depuis la fin des années 90, Renault décide de relancer la marque Alpine et commercialise en 2018 une digne héritière après avoir présenté un premier concept en 2012 pour relancer la flamme, puis un show-car Alpine Celebration en 2015 et enfin l'Alpine Vision en 2016 fidèle à 95% au futur modèle de série.