Renault-Caudron (1900-1945)
L'automobile et l'aéronautique sont nés presque en même temps, à la veille du 20ème siècle. Elles ont grandi ensemble, cote à cote, acquis leurs lettres de noblesse en faisant la guerre ensemble, tout en ayant finalement des pionniers communs, à commencer par Clément Ader.
Le 9 octobre 1980, son "Eole", du nom du célèbre Dieu, fait un bond d'une cinquantaine de mètres. C'est à la fois peu et beaucoup, surtout à l'époque. L'avion est né.
Mais, Clément Ader se détourne vite de l'aviation pour tenter sa chance dans l'automobile entre 1900 et 1907. De son côté, Louis Renault, curieux par nature, lance l'étude de plusieurs moteurs d'avions dès 1907. Aux Invalides, à Paris, lors d'un salon de l'automobile, Renault présente deux moteurs extra-légers pour l'aviation, des V8 de 45 ch. refroidis par air pour l'un et par eau pour l'autre. De nombreuses innovations sont à la clé : graissage automatique, allumage par magnéto, etc.
C'est le début d'une longue lignée qui se prolongera en 1909 avec des moteurs plus petits, des 4 cylindres de 40 ch. et des 8 cylindres de 50 à 60 ch. En 1911, la gamme s'étend de 25 à 70 ch. puis, il produit son premier 12 cylindres, développant 90 ch.
La récompense de son travail ne se fait pas attendre puisqu'en 1909 lors du Concours des moteurs à grande puissance organisé par l'Aéro-Club de France, seul le moteur Renault réussi à tourner pendant 3 heures à plein régime sans perte de puissance.
A cette époque, tous les avionneurs français qui font partie des pionniers utilisent les moteurs Renault : les frères Maurice et Henry Farman, Gabriel Voisin ou encore Louis Breguet construisent leurs propres avions.
Entre 1908 et 1914, 17 constructeurs choisissent ainsi Renault pour équiper 49 types d'avions différents. En 1914 quand arrive la guerre, plusieurs pionniers de l'automobile se lancent dans l'aviation. C'est le cas de Rolls-Royce qui fabrique des moteurs français sous licence avant de créer ses propres modèles. Hispano-Suiza fera de même.
A partir de 1916, Renault fabrique le biplan AR et produit 14 000 moteurs de 80 à 450 ch. Les hostilités réveillent aussi d'innombrables vocations. La Bayerishe Flugzeug Werke naît à Munich en Mars 1916 et devient l'année suivante la Bayerische Motoren Werke que la postérité transformera en … BMW.
En cette même année 1916, Renault sort le type FE. C'est un 12 cylindres en V dont la cylindrée s'élève à 22 080 cm3 ! Ce moteur dispose de pistons en aluminium, d'un double allumage et d'un arbre à cames en tête par rangée de cylindres. Il développe 320 ch. à 1 600 tr/min. Produit à 7 000 exemplaires, il équipe le Breguet 14 qui joue un rôle déterminant au cours de la Première Guerre Mondiale. A la sortie de la guerre, beaucoup d'industriels comme Gabriel Voisin se reconvertissent quand la paix revient en 1918.
Au Salon de l'automobile en 1919, on relève trois avionneurs parmi les nouveaux exposants : Voisin, Farman et Gnôme&Rhône. Plusieurs aviateurs qui se sont illustrés au combat s'engagent dans une carrière plus terre à terre. Il en est de même pour les allemands, tandis que pendant ce temps, la société des lignes Latécoère assure un service régulier entre Toulouse et Casablanca avec des avions Bréguet-Renault.
Comme dans l'automobile, l'aviation devient l'enjeu de superbes joutes sportives. Louis Renault met sur pied la Coupe Renault, qui retentit en écho de l'exploit réalisé par L.Arrachard et H.Lemaittre dans le raid Paris Dakar, à bord d'un appareil Farman Renault.
Louis Renault se rapproche de l'avionneur Caudron
En 1933, Louis Renault décide de se rapprocher, puis de racheter Caudron en 1937. Ce rapprochement va permettre de développer une série d'appareils très performants, qui décrochera de nombreux records, sous la houlette de l'ingénieur Marcel Riffard avec notamment son Rafale.
De 1933 à 1936, le binôme Renault-Caudron domine notamment les épreuves de la coupe-Deutsch de la Meurthe tandis qu'un Caudron-Renault de type Rafale parcourt également 2 000 kilomètres à la moyenne de 444 Km/h !
Renault se sert de ses succès aéronautiques pour promouvoir ses automobiles, la presse et la publicité s'en fait largement l'écho et mêle les deux disciplines à travers un éloge lyrique de l'aérodynamisme. Marcel Riffart appose même sa griffe sur certaines carrosseries comme par exemple la Viva Grand Sport de 1934. Les moteurs Renault prennent également place dans les avions de ligne. C'est notamment le cas en 1935 avec un bloc 220/240 ch. qui équipe l'avion de ligne Goëland.
Cette même année, Renault fonde également une compagnie aérienne, Air Bleu, spécialisée dans le transport postal de nuit, grâce bien sur, à des avions Renault-Caudron.
Ce Rafale sera largement mis en avant en 2023 et 2024 à l'occasion de la commercialisation du SUV Rafale. Il est également présent sur le stand Rétromobile de Renault en 2024.
De Renault à la SNECMA
A l'orée de la 2nde guerre mondiale, le secteur aéronautique va connaître de profondes restructurations. Les industries de guerre sont nationalisées en 1936. Renault est contraint de se séparer d'Air bleu qui est intégré à Air France, mais il conserve Caudron, qui devient en 1938 la Société des moteurs Renault pour l'Aviation civile (SMRA).
Bien que désirant que ses modèles intègrent le programme de l'armée, ses tentatives échouent pour diverses raisons politiques. Les avions de la SMRA resteront donc uniquement des avions de sport.
Pourtant, les allemands comprendront vite l’intérêt de ces usines. L'ennemi en prend le contrôle en 1942.
En 1944, devenue Atelier aéronautique de Billancourt et nationalisée, elle sera intégrée à la SNECMA signant la fin des moteurs d'avion Renault.