Du premier titre à l'affaire du Crashgate (2004-2009)
Il aura fallu attendre 3 saisons (deux si 2001 sous l'ère Benetton est mise de côté) pour voir Renault gagner de nouveau depuis son retour avec son moteur révolutionnaire. Pourtant, le constructeur va se remettre en question pour revenir aux avants postes.
2004: Une saison décevante malgré un retour aux sources
Pour la nouvelle saison 2004, Renault décide de rebrousser chemin et d'abandonner son moteur révolutionnaire à angle ouvert de 110°, bien que le bloc semble avoir prouvé par le passé qu'il pouvait rivaliser avec la concurrence. Malgré tout, le nouveau règlement impose d'utiliser un seul et unique moteur lors d'un week-end de course. Or, Renault parvient difficilement à corriger les vibrations trop importantes générées par son bloc, ce qui provoque une fiabilité trop aléatoire et lui impose de changer son moteur lors d'un week-end.
Désormais, le nouveau bloc RS24 est bien plus conventionnel, avec un angle de 72°, quasiment identique au V10 champion du monde de 92 à 97, alors que la concurrence développe des moteurs avec un V plus ouvert, de l'ordre de 90°.
"Le RS24 a plus de couple, il est plus puissant et ne possède pas le côté agressif du RS23. Cette gradation favorise la sortie de virage" Fernando Alonso.
L'équipe accueille Rob White en provenance de Cosworth en qualité de Directeur Technique moteur, tandis que Bernard Dudot, Patrick Faure, Flavio Briatoire et Pat Symonds sont toujours là. Du côté des pilotes, pas de changements, le duo Trulli - Alonso est prolongé.
Jarno Trulli et Fernando Alonso sur la Renault R24
Bien que le moteur soit plus puissant, cette saison restera décevante, avec une seule (mais belle) victoire à Monaco grâce à Trulli et 5 podiums durant la saison. L'équipe progresse malgré tout au classement constructeur en prenant la 3ème place juste derrière BAR-Honda.
2005: Renault et Alonso décrochent le titre
Le Renault F1 Team débute la saison 2005 sur une belle victoire, signée par Fisichella qui a remplacé Jarno Trulli. Renault fait là, d'entrée, une démonstration de la performance de sa nouvelle monoplace et apparaît à ce moment là comme le principal outsider de celle qui reste l'équipe à battre, à savoir Ferrari. Certes en début de saison, ces derniers ne brillent pas mais tout le monde attend avec impatience la nouvelle voiture qui devrait tout changer.
Les deux Grands Prix suivants sont une répétition pour les Renault avec cette fois, Fernando Alonso sur la plus haute marche du podium. En seulement trois courses, Renault s'affirme ainsi comme un véritable prétendant au titre et devient désormais l'équipe à battre.
La grande déception de ce début de saison, est bien sur Ferrari. Jamais dans le coup jusque là, l'arrivée de la nouvelle monoplace ne change rien. Les deux pilotes squattent le milieu de grille sans pour autant voir à tous les coups le drapeau à damiers.
Pire, Barrichello, pourtant pas forcément très véloce, passe devant son chef de file à plusieurs reprises démontrant que Schumacher sans la meilleure voiture est un pilote comme les autres.
Le duel Renault-McLaren au coeur de l'été
L'été marque un tournant dans les performances des voitures, avec des McLaren qui viennent côtoyer le haut du classement. En effet, si leur voiture était déjà performante, la fiabilité était jusque là... hasardeuse, avec plusieurs victoires promises qui finiront pas être laissées à Renault et l'inévitable Alonso qui ne se prive pas.
Bien que légèrement en retrait sur le plan de la performance, Renault profite d'une excellente fiabilité de ses monoplaces pour engranger de gros points qui seront précieux dans l'optique du championnat du monde.
A la fin de l'été, la situation devient ainsi encore plus claire, les McLaren étant désormais plus performantes que les Renault. Elles remportent les courses mais heureusement, Renault reste en embuscade. L'écart aux championnats constructeurs et pilotes diminue mais subsiste toujours. Renault se contente de faire le dos rond en attendant des jours meilleurs, et assure en jouant les 2èmes et 3emes places lors des différentes courses.
Alonso remporte le championnat du monde de F1
Si Renault n'est pas dominateur, à trois épreuves de la fin du championnat, Fernando est malgré tout sacré champion du monde des pilotes malgré la victoire de la Mclaren de Raikkönen. C'est le 1er titre pour Renault (en tant que constructeur) mais c'est aussi la première fois que McLaren prend la tête du championnat du monde des constructeurs avec 2 points d'avance sur Renault...
Si le titre pilote est acquis, Mclaren reste donc largement supérieur à Renault, et si la fiabilité avait été là dans le camps anglais, la messe aurait été dite depuis longtemps.
Un dénouement heureux pour Renault
Et pourtant, lors des deux dernières épreuves, Renault reprend la main. Les progrès sont visibles mais la victoire revient tout même une nouvelle fois à la McLaren de Raikkönen. Malgré tout, les 2ème et 3ème place d'Alonso et Fisichella permettent à Renault de reprendre la tête du championnat avec 2 petits points d'avance.
A une course de la fin, tout reste donc ouvert, même si McLaren reste devant en terme de performance pure. Le suspens est à son comble pour la dernière épreuve. Renault met à la disposition de ses pilotes un nouveau moteur plus performant. Résultat, pôle position pour Alonso et 2e temps pour Fisichella, une première pour cette année !
Au terme de la course, Fernando remporte l'épreuve offrant ainsi le titre des constructeurs à Renault. Le nouveau et dernier V10 Renault a parfaitement rempli sa fonction: conçu pour gagner !
Au terme de cette saison, Renault devient pour la première fois de son histoire champion du monde de F1, après avoir remporté 7 titres de champion du monde en tant que motoriste avec Williams et Benetton. Renault courrait après ce titre depuis 1977, date de son engagement en F1 avec le moteur turbo.
2006: Renault et Alonso récidivent malgré les embûches semées par la FIA
Cette année 2005 marque un tournant du côté des moteurs puisque le concept du moteur V10 introduit par Renault en 1989 doit céder sa place en 2006 aux moteurs V8 pour cause de réduction des coûts.
Dans les faits, cela ne change pas grand-chose. Renault semble cette année encore promis au titre, tandis que Fernando Alonso est le candidat naturel pour celui des pilotes. Mais il ne faut pas enterrer Ferrari ni McLaren pour autant.
L'affaire du Mass Dumper
L'année sera surtout marquée par l'affaire du Mass Dumper, une arme redoutable développée par Renault sur sa monoplace. Ce dispositif qui lui permet d'absorber les chocs a été autorisé par la FIA depuis septembre 2005. Fort de cette trouvaille qui consiste à utiliser une masse mobile dont le mouvement est contrôlé, Renault a basé la conception et le développement de sa monoplace sur ce dispositif. Et bien que les concurrents aient rapidement copié l'idée, Renault reste l'équipe qui sait le mieux l'exploiter.
Mais c'était sans compter sur l'interventionnisme de la FIA et de son délégué technique Charlie Whiting, qui décident alors en cours d'année de l'interdire, estimant bien tardivement que ce système apporte un apport aérodynamique interdit par le règlement. On se doute bien que ce revirement de situation n'a pas pu se faire sans la manœuvre en coulisse de la part des concurrents de Renault, et principalement de Ferrari qui à l'époque était toute puissante au niveau des institutions. D'autres en ont fait les frais par le passé, et notamment McLaren au début des années 2000.
Pourtant, malgré cette interdiction, les commissaires du Grand Prix d'Allemagne autorisent le dispositif. Par sécurité, mais surtout sous la menace de la FIA, les équipes refuseront de l'utiliser en Allemagne et en Hongrie lors du Grand Prix suivant.
La FIA va porter l'affaire devant le Tribunal d'appel international qui finira par lui donner raison au détriment des comissaires de course. Mais pour les Renault privées de son système magique, la seconde partie de la saison sera bien difficile...
Un début de saison quasiment parfait
Le début de la saison est clairement en faveur de Renault. Fernando Alonso et Giancarlo Fisichella remportent ainsi 7 courses sur 9 durant la première partie de saison. Si Fernando Alonso totalise à lui seul six victoires sur cette période, en revanche, Giancarlo Fisichella déçoit avec seulement une victoire et une troisième place sur cette première partie de championnat.
Fernando Alonso au Grand Prix de Grande-Bretagne
En revanche, la seconde partie de la saison sera plus compliquée pour Renault. Privée de son "mass dumper", l'équipe ne signera qu'une seule victoire lors des neufs courses suivantes.
Suffisant malgré tout pour que Fernando Alonso soit de nouveau sacré avec 13 points d'avance sur Schumacher, tandis que Renault remportera également de nouveau le titre pour seulement 5 points de plus que Ferrari.
2007: Une année de transition ratée
Pour Renault, ce second titre obtenu sera également le dernier. Car l'année suivante, alors que l'équipe accueille un nouveau sponsor titre avec la banque ING, l'équipe doit faire face au départ de Fernando Alonso pour McLaren. Pour le remplacer, Renault fait appel au jeune Heikki Kovalainen, tandis que le constructeur débute également la fourniture de son V8 RS27 à Red Bull qui a racheté Jaguar (ex Stewart) en 2005.
Pour Renault, la saison 2007 sera celle de toutes les désillusions. Jamais ou presque la monoplace R27 ne paraitra assez performante tandis que les deux pilotes ne pourront faire de miracles. Seul Kovalainen obtiendra une seconde place au Japon en fin de saison. L'équipe, pourtant championne du monde en titre, termine ainsi la saison à la 4ème place, avec seulement 51 points, très loin des 218 obtenus par McLaren. La disqualification de cette dernière lui permettra de récupérer la 3ème place sur tapis vert.
2008: Alonso revient chez Renault avec deux victoires à la clé
En 2008, après la pige effectuée par Alonso chez McLaren qui lui a permis de lutter pour le titre malgré la difficile entente avec le petit nouveau Lewis Hamilton, le pilote espagnol revient au bercail. Décevants l'année passé, Renault ne conserve aucun des deux autres pilotes. Aux côtés d'Alonso, Renault nomme ainsi le débutant brésilien Nelsinho Piquet, fils du champion du monde de F1 Nelson Piquet.
Le début de saison de la Renault R28 sera difficile malgré les quelques points récoltés par Fernando Alonso. Pour son coéquipier, il faudra attendre la 8ème course pour le voir gagner ses deux premiers points tandis que Renault renouera avec la victoire lors du Grand Prix de Singapour. Cette victoire sera cependant entachée par l'affaire du Crashgate l'année suivante.
Le pilote espagnol récidive au Japon lors de la course suivante puis signera une belle seconde place au Brésil pour la dernière manche de l'année.
Grâce à cette excellente fin de saison, Alonso se classe 5ème du championnat avec 61 points, et Piquet 12ème avec 19 points. Quant à l'équipe elle termine 4ème, l'honneur est sauf.
2009: Entre contre-performance et affaire du Crashgate
Malgré une fin de saison 2008 très convaincante, rien ne va se passer comme prévu en 2009. D'une voiture rétive qui ne permettra jamais à Alonso de se battre aux avants-postes si ce n'est une troisième place à Singapour, aux contres-performance de Nelsinho Piquet qui sera remplacé sans grand succès par le jeune Romain Grosjean au Grand Prix d'Europe, cette saison signera la fin de l'aventure pour Renault qui décidera de revendre la majorité de l'équipe à Genii Capital en fin d'année.
En réalité, au delà de la situation financière compliquée de Renault suite à la crise financière qui sévit dans le monde, la fin de l'aventure Renault F1 est précipitée par l'affaire du Crashgate qui a éclaté au lendemain du Grand Prix de Hongrie.
Romain Grosjean sur la Renault R29
Alors qu'il vient d'apprendre son éviction de l'équipe suite à ses performances clairement pas à la hauteur (aucun point obtenus durant les 10 premières épreuves contre 13 pour Alonso), le pilote brésilien se rend à la FIA pour leur annoncer que, mis sous pression par Flavio Briatore (qui n'en n'est pas à son coup d'essai) pour prolonger son contrat, le pilote a accepté de provoquer une voiture de sécurité pour permettre à Alonso de remporter la course à Singapour en 2008. L'affaire fera grand bruit car si ce type de pratique ne choquait personne dans les années 80 voire 90, dans les années 2000 en revanche ce n'est plus admissible. Le manager italien sera exclu de la F1 tout comme Pat Symonds, l'autre investigateur de l'affaire. Quant au pilote brésilien, il ne retrouvera jamais de volant en F1.