Les débuts du V10 Atmo (89-91)
1989: LA révélation Renault
A l'aube du premier Grand Prix de la saison 1989, B.Dudot annonce clairement les objectifs : "Je suis résolument tourné vers l’avenir et notre objectif est clairement défini : nous revenons pour gagner". Le ton est donné !
Si on peut trouver là un manque d'humilité, il n'en n'est rien. Dès les premières courses, le tandem Williams-Renault va clairement montrer que ses objectifs ne sont pas utopiques.
Initialement prévu pour être installé dans un châssis neuf, le moteur V10 Renault va continuer son apprentissage dans la Williams FW12B, une version modifiée de la monoplace de l'année précédente. Le châssis dispose tout de même d'une nouvelle boite de vitesse équipée d'un carter en magnésium, procurant ainsi un réel gain de poids. Riccardo Patrese et Thierry Boutsen en seront les pilotes.
Dès la première épreuve, la nouvelle équipe se qualifie en première ligne, juste derrière Ayrton Senna. Même si la Williams s'empare du commandement de la course pendant 15 tours, la joie sera de courte durée, la faute à un souci d'arbre à cames provoquant l'abandon du leader.
Son coéquipier Thierry Boutsen récolte tout de même les premiers points de l’écurie en s’adjugeant une quatrième place prometteuse, mais forcément décevante devant la performance temporaire de Patrese.
Les courses suivantes prouvent que la performance entrevue à la première course n'était pas qu'un feu de paille. Riccardo Patrese aligne en effet trois secondes places successives (Mexique, États-Unis, Canada), prouvant également que la fiabilité est également bien là.
La consécration arrive lors la course suivante, au Canada. Sur la piste détrempée de Montréal, Boutsen et Patrese vont se livrer à une furieuse empoignade derrière le leader Ayrton Senna. La bataille est rude entre les deux hommes mais la délivrance arrive à trois tours de l'arrivée lorsque le brésilien est contraint de se garer sur le bas coté de la piste.
La première victoire, et le premier doublé
Renault réalise ainsi sa première victoire, assortie de son premier doublé, avec dans l'ordre, Boutsen et Patrese. En seulement six course, Renault affole déjà les chronos et se place à la seconde place du championnat derrière McLaren-Honda.
Pour le Grand Prix suivant en Italie, la FW13 remplace la FW12B. Alors que sa devancière possède un avant pointu, la nouvelle monoplace est plutôt imposante du fait des attaches des suspensions placées très haut et le renflement des réservoirs d'essence à l'entrée des pontons. La prise d'air est également plutôt imposante afin de mieux faire respirer le bloc Renault.
La FW13 et son "gros nez"
Avec ma FW13, l'équipe Williams-Renault enchaîne les bonnes performances, dont une nouvelle victoire de Boutsen à Adelaïde sous une pluie là encore battante.
Article de presse de l'époque
A l'issue de la saison, R.Patrese, plus constant, termine à la troisième place du championnat des pilotes tandis que Boutsen avec pourtant deux victoires à son actif, prend la 5ème place.
Du coté du championnat constructeur, la nouvelle alliance affiche un bilan très honorable de deux victoires et la seconde position au championnat des constructeurs avec 77 points.
1990: Une année plutôt décevante...
Pour sa seconde saison, les attentes sont fortes après une telle première moisson. Pourtant, le tandem ne fonctionnera pas si bien, la faute à une voiture limitée aérodynamiquement parlant.
Comme en 1989, l'ancienne monoplace FW13B assure le début de la saison tandis que Renault dévoile son RS2 qui est une grosse évolution du RS1.
Plus bas de 15 mm et plus court de 48 mm en raison de sa distribution entraînée non plus par des courroies crantées comme sur le RS1 mais par des cascades de pignons, il dispose d'un surplus de de 20% de puissance.
Le début de saison est satisfaisant, mais reste un ton en dessous de la saison 1989 malgré tout.
Patrese remporte tout de même le grand prix de Saint Marin à Imola après avoir été longtemps bloqué en quatrième position. Lorsqu'il revient à la deuxième place, Berger, alors leader sur McLaren-Honda, parait intouchable. En seulement quelques tours, Patrese revient sur lui et n'en fait qu'une bouchée à l'accélération, bien aidé par son moteur.
Pourtant, ce sera là l'un des seuls "coups" de l'année, exceptée la victoire de Boutsen en Hongrie.
Le bilan de saison est plutôt décevant... Certes, deux nouvelles victoires sont à mettre à l'actif de Williams-Renault, mais l'équipe doit se contenter de la 4ème place du championnat avec 57 points.
1991 : A une roue prés...
Pour 1991, l'équipe arbore de la meilleure façon la nouvelle saison. Le britannique, N.Mansell revient au bercail -en remplacement de Boutsen- après être parti chez Ferrari quelques années avant. Pur talent, explosif et talentueux, N.Mansell est de retour chez Williams pour enfin remporter un titre qui le fuit -et le fuira encore en 1991- depuis des années souvent par pure malchance.
Du côté de l'équipe, le jeune et talentueux ingénieur A.Newey s'est occupé de l'aéro de la voiture. Chez Renault, le moteur RS3 a encore bien progressé, autant en souplesse qu'en puissance, et le nouveau châssis FW14 paraît bien plus affûté que le précédent qui était plutôt poussif.
Du côté technique, une nouvelle boite de vitesse semi-automatique qui promet beaucoup fait son apparition.
Pour autant, le début de saison est assez laborieux pour l’équipe franco-anglaise du fait, notamment de la mise au point de cette nouvelle boite de vitesse. La fiabilité est plutôt aléatoire, et ce n'est qu'après de nombreux abandons, un peu avant la mi-saison, que les Williams-Renault commencent à montrer tout leur potentiel. Et c'est sans compter sur la malchance qui ne quitte pas N.Mansell.
Pour preuve du manque de fiabilité et de malchance de Mansell, lors du cinquième Grand Prix, Mansell a course gagnée jusqu’au dernier tour où sa boite se bloque, laissant la victoire à N. piquet sur Benetton.
Heureusement, quinze jour plus tard, le programme de gestion électronique de la boite de vitesse est changé et les deux pilotes remportent un doublé à Mexico, Patrese finissant devant Mansell.
Dès lors, l'équipe Williams-Renault commence à écraser la concurrence menée jusque là par les McLaren-Honda avec le pilote vedette Ayrton Senna
Ainsi, lors des trois épreuves suivantes le britannique de l'équipe s'adjuge la victoire magistralement, tout à la manière de Mansell, plein de fougue et de Maestria. Tout le monde se souvient d'ailleurs de la fabuleuse empoignade à 300 km/h entre Senna et Mansell au grand prix de Barcelone où l'anglais finira par prendre le dessus après un freinage appuyé.
Un des nombreux duels Mansell-Senna
Mansell se montre également particulièrement impressionnant dans son jardin à Silverstone ou il réalise le meilleur temps de toutes les séances d'essais, gagne la course et signe le record du tour. Après l'arrivée, la McLaren de Senna ayant décidé de stopper, donnera lieu à une image collector, Mansell prenant en "stop" Senna.
Après un excellent début de saison, Senna déjà riche de quatre victoires, disposait d'une solide avance au championnat. Mais fort de ses dernières victoires consécutives, au soir du Grand Prix d’Allemagne, Mansell n’est plus qu’a huit points du brésilien et Williams-Renault est en tête du championnat des constructeurs avec un petit point d’avance sur McLaren-Honda.
Après la mi-saison, le championnat se joue véritablement entre les deux équipes anglaises.
En Hongrie, les deux Williams-Renault terminent deuxième et troisième derrière la McLaren de Senna.
En Belgique, un énième problème de boite oblige Mansell à abandonner et à laisser filer la victoire à Senna, tandis qu'en Italie, Mansell redresse la barre et remporte la course.
Dès lors, en arrivant au Portugal, tout reste ouvert. Un seul objectif: la victoire. Alors en tête de la course, Mansell s’arrête aux stands pour changer ses pneus. A son retour sur la piste, l'invraisemblable se produit : Mansell voit sa propre roue le doubler. Sans le savoir, le titre vient de se jouer là...
Perdre la course pour une simple roue mal fixée par les mécaniciens soucieux de faire gagner quelques précieuses secondes au stand, est difficile à accepter. Et ce n'est pas la victoire de son coéquipier Patrese qui fera oublier cette maladresse.
Mansell remporte la course suivante en Espagne, portant son compteur à cinq victoires, tandis qu'au Japon, sur les terres de son motoriste Honda, Senna l'emporte.
Mansell et Williams-Renault se sont grandement rapprochés du titre, mais celui-ci les fuit encore. Pour autant, le bilan est flatteur: sept victoires, seize podiums, et un "titre" de vice champion du monde.
Williams et Mansell attendront donc l'année suivante pour vaincre. Pour Renault, ce sera le premier titre d'une série de 6 consécutifs jusqu'en 97, date de leur second retrait de la Formule 1.